Esperanto, langue commune équitable pour l'Europe
Téléchargement direct du dictionnaire français-espéranto pour smartphone Android.
Page d'information sur le dictionnaire français-espéranto pour smartphone Android
Multidic 2016 : Dictionnaire français-espéranto de 51000 entrées ci-dessous.
Traduko de la esperanta vorto (ekz.: jxauxdo):
Traduction du mot français:

Kiam okazis la unua universala Kongreso de Esperanto? 
     
Esperanta vorto por: malfermaĵo, fendo 
En la kategorio 'objektoj'
Kio estas tio?

Via respondo (ekz. jxauxdo):

Pierre-Alain Mannoni

« Pourquoi j'ai secouru des réfugiés »

 J'ai 45 ans et 2 enfants. Je suis fonctionnaire de l'Education Nationale, Ingénieur d'Etude dans un laboratoire de recherche du CNRS / Université Nice Sophia Antipolis et enseignant à la Faculté des Sciences. Je n'étais pas jusqu'à présent militant politique ou associatif.

Dans ma famille on est Corse. J'ai passé toutes mes vacances au village de Pero-Casevecchie dans la maison de mon grand-père, le médecin du canton qui faisait ses visites à cheval. Au village, presque 50 ans après sa mort, les gens en parlent encore car que ce soit en pleine nuit à l'autre bout du canton, que ce soit un bandit blessé ou un paysan qui n'ait pas de quoi payer, il soignait. Dans les récits que me racontait mon père et dans les expériences que j'ai vécu là-bas, j'ai appris et compris qu'on ne laisse pas quelqu'un en danger sur le bord de la route, d'abord parce que c'est la montagne mais aussi parce que c'est une question de dignité. Ou d'honneur comme on dit.

J'ai la chance d'avoir des enfants et en tant que père avec la garde partagée, j'ai pris cette tâche pas évidente très au sérieux. Pas évidente car aujourd'hui le monde va mal que ce soit d'un point de vue social ou environnemental alors au delà d'une "bonne situation", ce que je souhaite pour mes enfants, c'est qu'ils soient l'espoir d'un monde meilleur.

Le Dimanche 16 octobre en rentrant en voiture de la fête de la brebis à la Brigue avec ma fille de 12 ans, nous avons secourus 4 jeunes du Darfour. La Brigue est un village français dans la vallée de la Roya qui est frontalière de Vintimille en Italie. C'est dans cette vallée que sont régulièrement secourus hommes mais surtout femmes et enfants qui se trouvent sur ces routes de montagnes et qu'on appelle migrants. Ces 4 jeunes étaient complètement perdus et se dirigeaient à pied, certains en bermuda, vers les montagnes enneigées. Alors que nous rendions à la fête, nous nous sommes arrétés et leur avons proposé de nous attendre sur le bas coté de la route. Au retour de la fête, nous les avons ramené à Nice, ils ont mangés et dormi avec nous dans mon appartement de 40m2. Le lendemain comme tous les jours d'école nous nous sommes levés à 6h15. Ils sont venus avec moi déposer ma fille à l'école puis je les ai déposé dans une petite gare peu surveillée par la police et je leur ai payé un billet de train pour la première partie du trajet. Ils devaient retrouver leur famille à Marseille.

C'était ma première action de secours envers ces "migrants". Pourquoi je l'ai fait ce jour là ? Jusqu'à présent avec mes enfants j'avais déposé des vêtements à la croix rouge à Vintimille, des chaussures, un sac à dos, pour aider mais aussi pour leur montrer qu'il y a des injustices dans le monde et que chacun de nous peut faire quelque chose… Là c'était la deuxième fois que je voyais un groupe sur le bord de la route. La première fois j'avais hésité, je n'avais pas eu le courage, mais cette fois-ci il y avait ma fille et j'ai pu lui montrer l'exemple.

Le lendemain lundi 17 octobre, après une soirée chez des amis dans cette même vallée, sur le retour vers Nice, je décide de m'arrêter dans ce camp pour migrant à St Dalmas de Tende, un bâtiment désaffecté pour colonies de vacances de la SNCF qui a été ouvert en urgence quelques heures auparavant, sans autorisation, par un collectif d'associations dont la Ligue des Droits de l'Homme, Amnesty International et un tas d'associations nationales et locales. L'ouverture de ce lieu à fait l'objet d'un communiqué de ces associations dans les médias. Je sais bien que mon retour vers Nice est une opportunité d'en sortir quelques-un de ce lieu sans eau ni électricité et ou la température en pleine nuit ne doit pas dépasser 10 degrés. Je décide d'en ramener chez moi et de les déposer à la gare le lendemain.

Ce sont 3 filles qu'on vient d'aller chercher à l'étage. Elles sont contentes de ma proposition me dit on car elles sont attendues par une association à Marseille pour être soignées. Quand je les vois mon coeur se déchire. Elles ont peur, elles ont froid, elles sont épuisées, elles ont des pansements aux mains, aux jambes, l'une boite en faisant des grimaces de douleurs et l'autres ne peut pas porter son sac avec sa main blessée. J'apprendrais plus tard que l'une d'elles est la cousine de la jeune fille tuée sur l'autoroute vers Menton quelques semaines avant. Elles ne parlent ni français, ni anglais. Il faut marcher une centaine de mètres pour rejoindre ma voiture et cela prend très longtemps car l'une marche très difficilement. J'en profite pour essayer de savoir de quel pays elles sont. Erythrée. Une fois dans la voiture, je constate qu'elles n'ont jamais utilisé de ceinture de sécurité. Je suis dans l'embarras de m'approcher d'elles qui ont peur pour leur mettre la ceinture. Elles n'ont pas peur de moi mais dans leurs yeux je lis qu'elles savent que rien n'est gagné. Il ne faut pas être un génie pour comprendre qu'au long des 6000 km qu'elles ont fait pour arriver jusqu'ici, elles ont fréquenté la mort et le cortège d'horreurs qu'on n'ose imaginer. Je démarre avec à mon bord ces filles dont je dois prendre soin et que je dois amener à bon port. J'éteins la radio, la situation est suffisamment incroyable.

Nous n'arriverons pas à Nice. Au péage de la Turbie les gendarmes nous arrêtent et nous conduisent à la Police de l'Air et des Frontières. Ils m'ont séparé des Érythréennes. Ce n'est pas clair ce qu'ils ont fait d'elles mais je ne crois pas qu'elles aient été soignées. Elles auraient été renvoyées au sud de l'Italie comme ça se fait souvent. Les policiers m'ont dit qu'au moins l'une d'elle était mineure. Je n'ai pas réussi à les protéger.

Après 36h de garde à vue, j'ai été libéré sous contrôle judiciaire. Ma voiture a été saisie ainsi que mon téléphone et je n'ai pas le droit de quitter Nice sauf pour emmener mes enfants à l'école mais il n'y pas de transport en commun à moins de les réveiller à 5h30 du matin. Mon procès sera  renvoyé à une date ultérieure, à la même date que celui de Cédric Herrou membre d'associations humanitaires qui secourent les personnes en danger dans la vallée de la Roya et qui est également poursuivi pour avoir aidé des étrangers.

Le lendemain de ma libération, alors que, coup du sort, je me retrouvais à secourir un accidenté de la route qui se vidait de son sang en bas de chez moi, un "jeune migrant" est mort percuté par une voiture sur l'autoroute à Menton, il a été projeté par dessus le parapet du viaduc et a fait une chute de plusieurs dizaines de mètres. Venu du bout du monde, perdu sur l'autoroute et mort à 20 km de chez moi.

Mon geste n'est ni politique, ni militant, il est simplement humain et n'importe quel citoyen lambda aurait pu le faire et que ce soit pour l'honneur de notre patrie, pour notre dignité d'hommes libres, pour nos valeurs, nos croyances, par amour ou par compassion nous ne devons pas laisser des victimes mourir devant nos portes. L'histoire et l'actualité nous montrent suffisamment que la discrimination mène aux plus grandes horreurs et pour que l'histoire ne se répète plus, nous devons valoriser la solidarité et éduquer nos enfants par l'exemple.

Pierre-Alain Mannoni

« Kial mi helpis rifuĝintojn »

Mi estas 45-jara kaj havas 2 infanojn. Mi estas ŝtatoficisto de la Nacia EdukServo, esplorinĝeniero en esplorlaboratorio de CNRS/Universitato de Nico Sophia Antipolis kaj instruisto en la Scienca Fakultato. Mi ne estis ĝis nun politika asocia aktivulo.

En mia familio ni estas korsikoj. Mi trapasis ĉiujn miajn feriojn en la vilaĝo Pero-Casevecchie en la domo de mia avo, kuracisto de la kantono, kiu faris siajn vizitojn rajdante ĉevalon. En la vilaĝo, preskaŭ 50 jarojn post lia morto, homoj ankoraŭ parolas pri li ĉar kaj plej nokte  plej fore en la kantono kaj por vundita bandito nepagkapabla kamparano, li kuracis. En la rakontoj diritaj de mia patro kaj en la spertoj, kiujn mi travivis tie, mi lernis kaj komprenis ke oni ne lasas endanĝerulon vojflanke, unue ĉar tie estas montaro sed ankaŭ ĉar tio estas demando pri digneco honoreco, kiel oni diras.

Mi estas bonŝanca havi infanojn kaj kiel patro kun dividita gardo, mi konsideras tre serioze tiun neevidentan taskon. Ne evidenta ĉar nun la mondo malbone fartas kaj laŭ socia kaj laŭ media vidpunkto, do krom « bona situacio », tio, kion mi deziras por miaj infanoj, estas ke ili estu la espero de pli bona mondo.

Dimanĉon, la 16-an de oktobro, revenante per aŭto de la festo pri ŝafino en La Brigue kun mia 12-jara filino, ni helpis 4 junulojn de Darfuro. La Brigue estas franca vilaĝo en la valo Roja, kiu estas landlima de Vintimilo en Italio. En tiu valo, regule estas helpataj homoj sed precipe virinoj kaj infanoj, kiuj iras sur tiuj montaraj vojoj kaj kiujn oni nomas migrantoj. Tiuj 4 junuloj estis tute perditaj kaj piede aliris, iuj bermudŝorte vestitaj, al la neĝkovritaj montoj. Kiam ni iris al la festo, ni haltis kaj proponis al ili atendi vojflanke. Revene de la festo, ni veturigis ilin al Nico, ili manĝis kaj dormis ĉe ni, en mia apartamento vasta je 40kv.m. La sekvantan matenon, kiel en ĉiu lernejtago, ni ellitiĝis je la 6h15. Ili iris kun mi por forlasi mian filinon en la lernejo, poste mi forlasis ilin en malgranda stacidomo malmulte gardata de la polico kaj mi pagis por ili trajnbileton por la unua parto de la vojaĝo. Ili intencis retrovi sian familion en Marsejlo.

Tio estis mia unua helpago por tiuj « migrantoj ». Kial mi faris tion tiam ? Ĝis nun kun miaj infanoj mi estis deponinta vestaĵojn al la Ruĝa Kruco en Vintimilo, ŝuojn, dorsosakon, por helpi sed ankaŭ por montri al ili ke estas nejustaĵoj en la mondo kaj ke ĉiu el ni povas ion fariTiam estis la dua fojo ke mi vidis grupon vojflanke. La unuan fojon, mi hezitis, mi ne kuraĝis, sed ĉifoje ĉeestis mia filino kaj mi povis montri al ŝi ekzemplon.

La sekvantan tagon, lunde la 17-an de oktobro, post vespero ĉe amikoj en tiu sama valo, mi decidis halti en la kampadejo por migrantoj en St Dalmas de Tende, nepluuzata konstruaĵo por ferikolonioj de SNCF, kiu estis urĝe malfermita, antaŭ kelkaj horoj, sen permeso, de kolektivo de asocioj, inter ili la Homrajta Ligo, Amnestio Internacia kaj amaso da naciaj kaj lokaj asocioj. La malfermo de tiu loko estis temo de gazetarsciigo fare de tiuj asocioj en la amaskomunikiloj. Mi ja sciis ke mia reveno al Nico estis oportuneco eltiri kelkajn personojn el tiu loko sen elektro kaj kie la meznokta temperaturo ne superis 10 gradojn. Mi decidis reveni hejmen kun kelkaj el ili kaj forlasi ilin ĉe la stacidomo, la postan tagon.

Estis tri knabinoj, kiuj estis venigitaj de la supera etaĝo. Ili estis kontentaj pri mia propono, diris iu, ĉar asocio en Marsejlo atendis ilin por kuracado. Kiam mi vidis ilin, mia koro ŝiriĝis. Ili timis, malvarmis, ili estis elĉerpitaj, ili havis pansaĵojn ĉe la manoj kaj kruroj, unu el ili lamis kun dolorgrimacoj  kaj alia ne povis porti sian sakon pro vundita mano. Mi eksciis poste ke unu el ili estis la kuzino de la junulino mortinta sur la aŭtovojo al Mentono antaŭ kelkaj semajnoj. Ili parolis nek france nek angle. Necesis marŝi centon da metroj por atingi mian aŭton kaj tio longe daŭris ĉar unu el ili malfacile marŝis.

Mi profitis tion por provi ekscii la landon de kie ili venis : Eritreo. Kiam enaŭtiĝintaj, mi konstatis ke ili neniam uzis sekurigan zonon. Embarase, mi alproksimiĝis al ili, kiuj timis, por buki ilian zonon. Ili ne timis min, sen en iliaj okuloj mi legis ke ili sciis ke nenio estis gajnita. Ne necesas esti geniulo por kompreni ke laŭ la 6000 km, kiujn ili devis iri por alveni ĉi-tien, ili vidis la morton kaj sinsekvon da hororoj, kiujn oni ne aŭdacas imagi. Mi ekiris kun tiuj knabinoj enaŭte, kiujn mi devis zorgi kaj akompani ĝis sekura loko. Mi malŝaltis la radioaparaton, la situacio estis sufiĉe nekredebla.

Ni ne atingis Nicon. Ĉe la pagstacio de La Turbie, ĝendarmoj haltigis nin kaj kondukis nin al la Polico pri Flugado kaj Landlimoj. Ili apartigis min disde la eritreaninoj. Kion ili faris pri ili, tio ne estas klara, sed mi ne kredas ke ili flegis ilin. Eble ili estis rekondukitaj sude de Italio, kiel tio ofte okazas. La policanoj diris al mi ke almenaŭ unu el ili estis neplenaĝa. Mi ne sukcesis protekti ilin.

Post 36-hora provizora arestado, mi estis liberigita sub juĝista regado. Mia aŭto estis konfiskita, ankaŭ mia telefono kaj mi ne rajtis eliri el Nico, escepte por konduki miajn infanojn al la lernejo ĉar la publika transportservo necesigas veki ilin je la 5h30. Mia proceso estis prokrastita al posta dato, samdate kiel tiu de Cédric Herrou, ano de homamaj asocioj, kiuj helpas endanĝerulojn en la valo Roja kaj kiu estas persekutita ankaŭ pro helpo al fremdlandanoj.

Morgaŭon post mia liberigo, kiam, sortofrape, mi estis helpanta vojakcidentinton, kiu perdis sian sangon antaŭ mia hejmo, "juna migranto" mortis perkutita per aŭto sur la aŭtovojo al Mentono, li estis puŝita super la parapeto de la viadukto kaj falis laŭ pluraj dekoj da metroj. Veninta de la alia fino de la mondo, Perdita sur la aŭtovojo kaj mortinta je 20 km for de mia hejmo.

Mia ago estis nek politika nek aktivula, ĝis estis simple homa kaj iu ajn ordinara homo povus fari ĝin kaj ĉu pro la honoro de nia patrujo, pro nia digneco de libera homo,  pro niaj valoroj, niaj kredoj, pro amo por kompato ni ne devas lasi viktimojn morti antaŭ niaj pordoj.

Historio kaj ĉiutagaj novaĵoj sufiĉe montras ke diskriminacio kondukas al plej gravaj hororoj kaj por ke historio ne ripetiĝu, ni devas valorigi solidarecon kaj eduki niajn infanojn per ekzemplo.

Pierre-Alain Mannoni.

 

Reklamo: Esperanto, samniveliga lingvo