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Traduko de la esperanta vorto (ekz.: jxauxdo):
Traduction du mot français:

Kiu estis la unua direktoro de UEA? 
     
Esperanta vorto por: natura ĉarniro de korpoparto 
En la kategorio 'objektoj'
Kio estas tio?

Via respondo (ekz. jxauxdo):

15 propositions du Collectif Roosevelt - 15 proponoj de Collectif Roosevelt

15 propositions du (15 proponoj de) Collectif Roosevelt

Retpaĝo de Collectif Roosevelt

1 – Redonner de l’oxygùne à nos États

Diminuer trĂšs fortement les taux d’intĂ©rĂȘt sur la vieille dette

Est-il normal que les Etats payent 600 fois plus cher que les Banques privĂ©es ? On a appris rĂ©cemment que la RĂ©serve fĂ©dĂ©rale amĂ©ricaine a secrĂštement prĂȘtĂ© aux banques en difficultĂ© la somme gigantesque de 1.200 milliards au taux incroyablement bas de 0,01 % 1.

Au mĂȘme moment, dans de nombreux pays, les peuples subissent de plein fouet des plans d’austĂ©ritĂ© car les marchĂ©s financiers ne prĂȘtent de l’argent Ă  certains États qu’à des taux de 6, 7 ou 11 %. AsphyxiĂ©s par de tels taux d’intĂ©rĂȘt, les gouvernements sont poussĂ©s Ă  bloquer les retraites, les allocations familiales ou les salaires des fonctionnaires et Ă  couper dans les investissements, ce qui accroĂźt le chĂŽmage et va nous faire plonger bientĂŽt dans une rĂ©cession d’une extrĂȘme gravitĂ©.

Est-il normal que, en cas de crise, les banques privĂ©es, qui se financent d’habitude Ă  1 % auprĂšs des Banques centrales, puissent bĂ©nĂ©ficier de taux Ă  0,01 % mais que, en cas de crise, les Etats soient obligĂ©s, au contraire, de payer des taux 600 ou 800 fois plus Ă©levĂ©s ?

« Etre gouvernĂ©s par l’argent organisĂ© est aussi dangereux que par le crime organisĂ© Â» affirmait Roosevelt. Il avait raison. On ne peut pas continuer Ă  chouchouter les banques en maltraitant les Etats et les peuples.

Comment donner de l’oxygĂšne Ă  nos finances publiques immĂ©diatement ? Comment agir sans modifier les TraitĂ©s, ce qui demandera des mois de travail et deviendra bientĂŽt rigoureusement impossible si l’Europe est de plus en plus dĂ©testĂ©e par les peuples ?

L’essentiel des sommes que nos Etats empruntent sur les marchĂ©s financiers concernent des dettes anciennes. En 2012, la France doit emprunter quelques 400 milliards : 100 milliards qui correspondent au dĂ©ficit du budget (qui serait quasi-nul si on annulait l’essentiel des baisses d’impĂŽts octroyĂ©es depuis dix ans) et 300 milliards qui correspondent Ă  de vieilles dettes, qui arrivent Ă  Ă©chĂ©ance et que nous sommes incapables de rembourser si nous ne nous sommes pas rĂ©-endettĂ©s pour les mĂȘmes montants quelques heures avant de les rembourser.

Le passĂ©, c’est le passĂ©. Faire payer des taux d’intĂ©rĂȘt colossaux pour des dettes accumulĂ©es il y a 5 ou 10 ans n’aide pas du tout Ă  responsabiliser les gouvernements mais seulement Ă  asphyxier nos Ă©conomies au seul profit de quelques banques privĂ©es : sous prĂ©texte qu’il y a un risque, elles prĂȘtent Ă  des taux trĂšs Ă©levĂ©s, tout en sachant qu’il n’y a sans doute aucun risque rĂ©el puisque le Fonds EuropĂ©en de SĂ©curitĂ© est lĂ  pour garantir la solvabilitĂ© des Ă©tats emprunteurs


Il faut en finir avec ce « 2 poids, 2 mesures Â» ! En nous inspirant de ce qu’a fait la Banque centrale amĂ©ricaine pour sauver le systĂšme financier, nous proposons que la « vieille dette Â» de nos Etats puisse ĂȘtre refinancĂ©e Ă  des taux proches de 0 %.

Il n’est aucunement besoin de modifier les TraitĂ©s europĂ©ens pour mettre en Ɠuvre cette idĂ©e : certes, la Banque centrale n’est pas autorisĂ©e Ă  prĂȘter aux Etats Membres mais elle peut prĂȘter sans limite aux organismes publics de crĂ©dit (article 21.3 du statut du systĂšme europĂ©en des banques centrales) et aux organisations internationales (article 23 du mĂȘme statut). Elle peut donc prĂȘter Ă  0,01 % Ă  la Banque EuropĂ©enne d’Investissement, Ă  la Caisse des DĂ©pĂŽts ou Ă  n’importe quelle banque publique nationale qui, elles, peuvent prĂȘter Ă  0,02 % aux Etats qui s’endettent pour rembourser leurs vielles dettes.

Rien n’empĂȘche de mettre en place de tels financements dĂšs le mois prochain 2 ! On ne le dit pas assez : en ce dĂ©but 2012, beaucoup ont peur que la zone euro explose Ă  cause d’un dĂ©faut de paiement de l’Italie mais le budget de l’Italie prĂ©sente un excĂ©dent primaire : le budget serait Ă  l’équilibre si l’Italie ne devait pas payer des frais financiers de plus en plus Ă©levĂ©s. Faut-il laisser l’Italie sombrer dans la rĂ©cession et la crise politique ou faut-il, accepter de mettre fin aux rentes des banques privĂ©es ? La rĂ©ponse devrait ĂȘtre Ă©vidente pour qui agit en faveur du bien commun.

En GrĂšce et au Portugal, on voit, grandeur nature, comment les plans de rigueur au lieu de « soigner le malade Â» provoquent en mĂȘme temps la rĂ©cession, l’aggravation de la crise des finances publiques et une crise politique. Il est Ă©vident que la multiplication des plans d’austĂ©ritĂ© amĂšne Ă  une situation explosive. Il est vital pour notre sociĂ©tĂ© de lever le couvercle avant que la marmite explose.

« Imposer des plans d’austĂ©ritĂ© en pĂ©riode de rĂ©cession constitue un mĂ©lange politique dĂ©tonant, Ă©crit Jean-Jacques Mevel dans Le Figaro du 29 dĂ©cembre 2011. En GrĂšce, en Espagne et en Italie, personne ne parie sur la longĂ©vitĂ© de nouveaux gouvernements face Ă  la grogne sociale, Ă  la montĂ©e du chĂŽmage et Ă  des plans de rigueur Ă  rĂ©pĂ©tition.» Pour conserver les rentes des banques, allons-nous laisser l’Europe sombrer dans l’instabilitĂ© politique ?

En Italie, ce ne sont pas seulement les syndicats qui contestent les plans d’austĂ©ritĂ©. Le 13 dĂ©cembre 2011, dansLa Tribune, c’est « la patronne des patrons Â» italienne, Emma Marcegaglia, qui dĂ©nonçait les excĂšs d’austĂ©ritĂ© imposĂ©s par l’Europe et exhortait les dirigeants europĂ©ens Ă  rompre le plus vite possible avec leurs « positions rigides Â».

Le rĂŽle fondamental que les TraitĂ©s donnent Ă  la Banque centrale est de veiller Ă  la stabilitĂ© des prix. Comment peut-elle rester sans rĂ©agir quand certains pays voient le prix de leurs Bons du trĂ©sor doubler ou tripler en quelques mois ? La Banque centrale doit aussi veiller Ă  la stabilitĂ© de nos Ă©conomies. Comment peut-elle rester sans agir quand le prix de la dette menace de nous faire tous tomber dans une rĂ©cession « plus grave que celle de 1930″ d’aprĂšs le Gouverneur de la Banque d’Angleterre ?

Si l’on s’en tient aux TraitĂ©s, rien n’interdit Ă  la Banque centrale d’agir avec force pour faire baisser le prix de la dette.  Non seulement rien ne lui interdit d’agir, mais tout l’incite Ă  le faire.

Cela ne nĂ©cessite aucune rĂ©vision des traitĂ©s mais juste une dĂ©cision politique qui acte 1. que les dettes anciennes doivent ĂȘtre traitĂ©es Ă  taux 0 (ou presque) et 2. qui autorise aussi la Banque Centrale EuropĂ©enne Ă  fournir Ă  la BEI ou aux banques publiques nationales autant de liquiditĂ©s que nĂ©cessaires si les taux demandĂ©s par les marchĂ©s montent au dessus d’un certain niveau.

Cette proposition peut ĂȘtre mise en Ɠuvre immĂ©diatement pour allĂ©ger le coĂ»t de la vieille dette mais aussi pour « calmer le jeu Â» sur les dettes nouvelles en cas d’attaque spĂ©culative contre tel ou tel Ă©tat europĂ©en : « Il faut libĂ©rer la BCE de ses entraves et lui demander d’intervenir sur le marchĂ© des dettes souveraines, sans pour autant Ă©liminer la pression sur les pays qui ont besoin de s’ajuster, affirme 3  François Bourguignon, ancien chef Ă©conomiste de la Banque mondiale. Un engagement de la BCE Ă  ne pas laisser les spreads 4 des pays membres passer un certain seuil, disons pour fixer les idĂ©es 50 % des niveaux actuels, cassera pour un certain temps la spirale de hausse Â». En clair, si les banques ou les marchĂ©s sont trop gourmands, le BCE intervient avec cette proposition pour calmer le jeu. Les marchĂ©s ne peuvent plus dicter leurs conditions.

Dans tous nos pays, les citoyens sont en colĂšre contre les privilĂšges exorbitants de certaines banques. « Les banques doivent payer Â» dit souvent le Ministre allemand des finances, Wolfgang SchĂ€uble.

La situation de la France est moins dĂ©gradĂ©e que celle d’autres pays mais nous n’allons pas laisser abĂźmer nos Ă©coles, nos hĂŽpitaux, nos centres de recherche et l’ensemble de notre systĂšme social pour sauver la rente d’un tout petit nombre. Comme citoyens adultes, comme PĂšres et MĂšres de famille, nous ne pouvons pas accepter plus longtemps le triomphe de la cupiditĂ© et la dictature des marchĂ©s.

Alain JuppĂ© disait en 2000 qu’il fallait ouvrir une « crise clarificatrice avec les Anglais Â» pour savoir si, oui ou non, ils veulent d’une Europe dĂ©mocratique. De mĂȘme, il faut aujourd’hui ouvrir une « crise clarificatrice Â» au sujet du lien entre les banques et les dirigeants europĂ©ens : « nul ne peut servir deux maĂźtres Ă  la fois Â». Soit les politiques sont au service des peuples, soit ils sont au service des rentiers. Il devient urgent de choisir et de lever toute ambigĂŒitĂ©. Si l’Europe est bien au service des peuples et non des banquiers, il doit ĂȘtre Ă©vident pour tous, et immĂ©diatement, que la dette ancienne doit ĂȘtre refinancĂ©e Ă  un taux rĂ©el proche de 0.

Un responsable de la BCE et plusieurs juristes l’ont confirmĂ© dans La Tribune du 9 janvier 2012 : notre analyse est juste : pas besoin de modifier les TraitĂ©s ! La solution est applicable immĂ©diatement et changerait radicalement la situation pour la GrĂšce, l’Italie ou l’Espagne et donc pour l’Europe toute entiĂšre.

 

1 Cf. la tribune de Michel Rocard et Pierre Larrouturou dans Le Monde du 3 janvier 2012.

2 Un responsable de la BCE l’a confirmĂ© dans La Tribune du 9 janvier 2012. L’analyse de Michel Rocard et Pierre Larrouturou est juste : pas besoin de modifier les TraitĂ©s. La solution est applicable immĂ©diatement et changerait radicalement la situation pour la GrĂšce, l’Italie ou l’Espagne.

3 Les Echos du 30 novembre 2011

4 Le spread est la diffĂ©rence entre les taux d’intĂ©rĂȘt qu’imposent les marchĂ©s Ă  un Etat en difficultĂ© (la GrĂšce ou l’Italie) et les taux payĂ©s par un pays qui se finance Ă  bon compte (comme l’Allemagne).

1 - Redoni oksigenon al niaj Ɲtatoj

Tre forte redukti la interezprocentojn por la malnova Ɲuldo

Ĉu estas normale ke Ɲtatoj pagas 600-oble pli multe ol privataj bankoj ? AntaĆ­nelonge ni eksciis ke la usona centra banko (aĆ­ Fed) sekrete pruntedonis al malbonfartaj bankoj la gigantan sumon de 1200 miliardoj je nekredebla malalta interezprocento : 0,01 % 1.

Samtempe, en multaj landoj, popoloj estis trafitaj per aƭsteraj planoj ĉar la financaj merkatoj pruntedonas al iuj Ɲtatoj nur je 6, 7 aƭ 11 %. Sufokitaj per tiaj interezprocentoj, registaroj estis instigitaj ne kreskigi pensiojn, porinfanajn krompagojn aƭ Ɲtatoficistajn salajrojn kaj tranĉi en investoj, kio kreskigas senlaborecon kaj baldaƭ dronigos nin en plej gravan recesion.

Ĉu estas normale ke krizokaze, privataj bankoj, kiuj kutime financas sin je 1 % per centraj bankoj, povas profiti je interezprocentoj de 0,01 % kiam Ɲtatoj en sama situacio, estas male devigataj pagi interezprocentojn 600- ĝis 800-oble pli altaj ?

« Esti regate per organizita mono estas same danĝera kiel per organizita krimo Â» asertis Roosevelt. Li pravis. Ni ne plu povas dorloti bankojn malbone traktante Ɲtatojn kaj popolojn.

Kiel tuj redoni oksigenon al niaj publikaj financoj ? Kiel agi por modifi la traktatojn, kio postulos monatojn da laboro kaj baldaĆ­ fariĝos absolute malebla se EĆ­ropo estas pli kaj pli malamata de la popoloj ?

Plej granda parto de la sumoj, kiujn niaj Ɲtatoj prunteprenas sur la financaj merkatoj rilatas al malnovaj Ɲuldoj. En 2012, Francio devis pruntepreni proksimume 400 miliardojn : 100 miliardojn, kiuj respondas al la buĝeta deficito (kiu estus preskaĆ­ nula se oni nuligus plej multajn impostreduktojn konsentitajn de dek jaroj) kaj 300 miliardoj, kiuj respondas al malnovaj Ɲuldoj, kiuj alvenas al pagdatoj kaj kiujn ni ne kapablas repagi se ni ne reƝuldiĝas por la samaj sumoj kelkajn horojn antaĆ­ ol repagi ilin.

Pasinteco estas pasinteco. Pagigi kolosajn interezprocentojn por Ɲuldoj akumulitaj antaĆ­ 5 aĆ­ 10 jaroj helpas ne por responsigi registarojn sed nur por sufoki niajn ekonomiojn nur profite al iuj privataj bankoj : pretekste de risko, ili alpruntas je tre altaj interezprocentoj, kvankam ili scias ke estas neniu vera risko ĉar la eĆ­ropa stabiliga fonduso staras por garantii la pageblecon de la depruntaj Ɲtatoj


Necesas ĉesigi tiun situacion! Inspire de tio kion faris la usona centra banko por savi sian financan sistemon, ni proponas ke la « malnova Ɲuldo Â» de niaj Ɲtatoj povu esti refinancata per interezprocentoj proksimaj al 0 %.

Ne necesas modifi la eĆ­ropajn traktatojn por apliki tiun ideon : ja, la centra banko ne estas permesita alprunti al membroj-Ɲtatoj sed ĝi povas senlime alprunti al publikaj kreditorganizaÄ”oj (artikolo 21.3 de la statuto de la eĆ­ropa sistemo de centraj bankoj) kaj al internaciaj organizaÄ”oj (artikolo 23 de la sama statuto). Ĝi do povas alprunti je 0,01 % al investa eĆ­ropa banko, al "Caisse des DĂ©pĂŽts" aĆ­ al iu ajn nacia publika banko, kiuj povus alprunti je 0,02 % al Ɲtatoj, kiuj Ɲuldiĝas por repagi malnovajn Ɲuldojn.

Nenio malpermesas fari tiajn financadojn ekde venonta monato 2 ! Oni ne sufiĉe diras : en tiu komenco de 2012, multaj timas ke eĆ­rozono eksplodu pro pagnekapablo de Italio sed la buĝeto de Italio montras unuanivelan pluson : la buĝeto estus ekvilibra se Italio ne devus pagi financajn kostojn pli kaj pli altajn. Ĉu oni devas lasi Italion droni en recesion kaj politikan krizon aĆ­ ĉu akcepti ĉesigi rentojn de privataj bankoj ? La respondo devus esti evidenta por kiu agas favore al komuna bono.

En Grekio kaj Portugalio, videblas, en reala grandeco, kiel la rigoraj planoj anstataĆ­ « kuraci la malsanulon Â» estigas samtempe kaj recesion kaj pligraviĝon de la krizo de publikaj financoj kaj politikan krizon. Evidentas ke multiĝo de aĆ­steraj planoj kondukas al eksplodema situacio. Gravas por nia socio levi la kovrilon antaĆ­ ol la marmito eksplodu.

« Trudi aĆ­sterajn planojn en periodo de recesio konsistigas eksplodeman politikan miksaÄ”on, skribis Jean-Jacques Mevel en Le Figaro de la 29-a de decembro 2011. En Grekio, Hispanio kaj Italio, neniu vetas pri la templongeco de la novaj registaroj fronte al sociala grumblado, al kresko de senlaboreco kaj al ripetiĝaj rigorplanoj.» Por konservi la rentojn de bankoj, ĉu ni lasu EĆ­ropon droni en politikan malstabilecon ?

En Italio, ne nur sindikatoj kontestas la aĆ­sterajn planojn. La 13-an de decembro 2011, en "La Tribune", la « itala estrino de la mastroj Â», Emma Marcegaglia, denuncis la aĆ­sterajn ekscesojn truditajn de EĆ­ropo kaj instigis la eĆ­ropajn registojn fleksi kiel eble plej rapide siajn « rigidajn poziciojn Â».

La fundamenta rolo, kiun traktatoj donas al la centra banko, estas teni prezstabilecon. Kiel ĝi povas ne reagi kiam en iuj Ɲtatoj la prezoj de fiskaj promeskambioj duobliĝas aĆ­ triobliĝas en nur kelkaj monatoj ? La centra banko devas teni stabilecon ankaĆ­ de niaj ekonomioj. Kiel ĝi povas ne reagi kiam kosto de Ɲuldo minacas faligi nin ĉiujn en recesion « pli gravan ol tiu de 1930 Â» laĆ­ la direktoro de Banko de Anglio ?

Se oni tenas sin je la traktatoj, nenio malpermesas al la centra banko forte agi por redukti Ɲuldokoston.  Ne nur nenio malpermesas ĝin agi, kaj eĉ ĉio instigas ĝin tion fari.

Tio necesigas neniun revizion de la traktatoj sed nur politikan decidon, por (1-a ago) ke la malnovaj Ɲuldoj estu traktataj je interezprocento 0 (aĆ­ preskaĆ­) kaj (2-a ago) ankaĆ­ permesu al eĆ­ropa centra banko alprunti al IEB aĆ­ al naciaj publikaj bankoj tiom da disponeblaÄ”oj kiom necesas, se interezprocentoj postulataj de la merkatoj supreniras super iu nivelo.

Tiu propono estas tuj aplikebla por malpezigi la koston de malnovaj Ɲuldoj sed ankaĆ­ por « kvietigi la etoson Â» pri novaj Ɲuldoj kaze de spekula atako kontraĆ­ iu aĆ­ alia eĆ­ropa Ɲtato : « Necesas liberigi ECB je ties aglimigiloj kaj peti ĝin interveni en la merkato de suverenaj Ɲuldoj, tamen sen formeti premon al la landoj, kiuj bezonas alĝustiĝi, asertas  3  François Bourguignon, malnova ĉefekonomikisto de monda banko. Promeso de ECB ne lasi la interezprocentan diferencon (angle "spreads" 4) inter membroj Ɲtatoj superi iun nivelon, ni diru por esti klaraj 50 % de la nunaj niveloj, rompos portempe la kreskan spiralon Â». Tiel, se bankoj aĆ­ merkatoj estas tro postulemaj, ECB intervenos kun tiu propono por kvietigi la merkatojn. La merkatoj ne plu povus trudi siajn postulojn.

En ĉiuj niaj landoj, la civitanoj koleras kontraĆ­ ekscesaj privilegioj de iuj bankoj. « La bankoj devas pagi Â» ofte diras la germana ministro pri financoj, Wolfgang SchĂ€uble.

La situacio de Francio estas malpli damaĝita ol tiu de aliaj landoj sed ni ne lasos damaĝi niajn lernejojn, niajn hospitalojn, niajn esplorcentrojn kaj nian socialan sistemon por savi la renton de malgranda nombro. Kiel adoltaj civitanoj, kiel patroj kaj patrinoj, ni ne povas akcepti pli longtempe la triumfon de monavideco kaj diktatorecon de merkatoj.

Alain JuppĂ© diris en 2000 ke necesas okazigi « klarigan krizon kun britoj Â» por scii ĉu jes aĆ­ ne, ili deziras demokratian eĆ­ropon. Same, necesas nun okazigi « klarigan krizon Â» pri la ligilo inter eĆ­ropaj bankoj kaj registoj : « neniu povas servi du mastrojn samptempe Â». AĆ­ la politikistoj servas la popolojn aĆ­ ili servas la rentulojn. Urĝiĝas elekti kaj forigi ĉiujn ambiguaÄ”ojn. Se EĆ­ropo estas ja serve al popoloj kaj ne al bankoj, devas evidentiĝi por ĉiuj, kaj tuj, ke la malnova Ɲuldo devas esti refinancata je interezprocento proksima al 0.

Responsulo de ECB kaj pluraj juristoj konfirmis tion en "La Tribune" de la 9-a de januaro 2012 : nia analizo estas ĝusta : ne necesas modifi la traktatojn ! La solvo estas tuj aplikebla kaj radikale Ɲanĝus la situacion en Grekio, Italio aĆ­ Hispanio kaj do por tuta EĆ­ropo.

 

1 Vd. artikolon de Michel Rocard kaj Pierre Larrouturou en "Le Monde" de la 3-a de januaro 2012.

2 Responsulo de ECB konfirmis tion en "La Tribune" de la 9-a de januaro 2012. La analizo de Michel Rocard kaj Pierre Larrouturou estas ĝusta : ne necesas modifi la traktatojn. La solvo estas tuj aplikebla kaj radikale Ɲanĝus la situacion en Grekio, Italio aĆ­ Hispanio.

3 "Les Echos" de la 30-a de novembro 2011

4 "spread" diferenco inter la interezprocentoj postulataj de merkatoj al malbonfarta Ɲtato (Grekio aĆ­ Italio) kaj tiuj pagataj de lando kiu facile depruntas (kiel Germanio).

 

2 – DĂ©gager de nouvelles marges de manƓuvre financiĂšres

créer un impÎt européen sur les bénéfices des entreprises

Le taux d’impĂŽt sur les bĂ©nĂ©fices des entreprises n’est que de 25 % en moyenne en Europe contre 40 % aux Etats-Unis 1. C’est le monde Ă  l’envers ! On croyait que les Etats-Unis Ă©taient les plus libĂ©raux mais ils taxent plus que nous les bĂ©nĂ©fices des entreprises.

Taux moyen d’impĂŽt sur les bĂ©nĂ©fices des entreprises
U.S.A. 40 %
Europe 25 %

Pourquoi l’Europe a-t-elle un taux aussi faible ? Depuis l’adhĂ©sion de l’Irlande et de la Grande-Bretagne, en 1973, tous les Ă©tats europĂ©ens sont poussĂ©s au moins-disant fiscal par les Ă©tats qui baissent leur impĂŽt sur les bĂ©nĂ©fices pour attirer les entreprises. L’Irlande a baissĂ© son taux Ă  12 % et tous les Ă©tats membres ont du baisser leur impĂŽt sur les bĂ©nĂ©fices
 Au niveau europĂ©en, le taux moyen d’impĂŽt sur les bĂ©nĂ©fices a baissĂ© d’un tiers en vingt ans. Ce moins-disant fiscal est l’une des causes importantes de l’endettement public.

Jamais il n’y a eu autant de bĂ©nĂ©fices (plus de 550 Milliards d’euros l’an dernier pour les seules entreprises du DJ Stox 600 2mais jamais l’impĂŽt sur les bĂ©nĂ©fices n’a Ă©tĂ© aussi faible !

La derniĂšre fois que l’on a connu une telle course au moins disant fiscal, c’était aux Etats Unis dans les annĂ©es 1920 : le Texas baissait ses impĂŽts pour attirer les entreprises. Puis c’est la Floride qui baissait l’impĂŽt sur les bĂ©nĂ©fices. Puis l’Ohio
 Les entreprises (et leurs actionnaires) profitaient sans complexe de ce dumping fiscal. Jusqu’à ce qu’éclate la crise de 1929. Les Etats se rendirent compte alors que leurs caisses Ă©taient vides et qu’ils n’avaient pas les moyens d’aider les chĂŽmeurs ni de relancer l’activitĂ© en augmentant les dĂ©penses publiques !

DĂšs qu’il arrive au pouvoir, Roosevelt crĂ©e un impĂŽt fĂ©dĂ©ral sur les bĂ©nĂ©fices pour rendre impossible le dumping entre Ă©tats voisins. En Europe au contraire, il n’y a pas d’impĂŽt europĂ©en. Ce qui favorise grandement le dumping entre voisins. VoilĂ  comment nous sommes arrivĂ©s Ă  un taux d’imposition 15 points infĂ©rieur Ă  celui des Etats-Unis.

Aucun pays d’Europe ne peut augmenter de 15 points son taux d’impĂŽts sur les bĂ©nĂ©fices : s’il est le seul Ă  le faire, les entreprises partiraient toutes dans les Ă©tats voisins. Mais rien ne nous empĂȘche d’agir au niveau europĂ©en en crĂ©ant un impĂŽt europĂ©en sur les bĂ©nĂ©fices de l’ordre de 15 %.

21 milliards de marges de manƓuvre, chaque annĂ©e, pour la France
Pour le moment, l’Europe n’a pas de ressources propres. Ce sont les Ă©tats membres qui versent chaque annĂ©e de quoi financer son budget. Cette annĂ©e, la France va payer 21 milliards d’euros au budget europĂ©en 3. Si le budget europĂ©en Ă©tait financĂ© par un impĂŽt europĂ©en, ces 21 milliards resteraient dans les caisses de Bercy, ce qui diminuerait d’autant notre dĂ©ficit.

Quel impÎt européen ?
On peut crĂ©er un impĂŽt sur les bĂ©nĂ©fices des entreprises puisque c’est l’impĂŽt sur les entreprises qui a fortement diminuĂ© depuis vingt ans, au profit des actionnaires bien plus que de l’investissement. Une Ă©co-taxe permettrait Ă©galement de renforcer les ressources propres de l’Europe, tout en incitant les entreprises Ă  diminuer leur consommation d’énergie.

L’idĂ©e de crĂ©er un impĂŽt europĂ©en avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© avancĂ©e par Jacques Delors dans les annĂ©es 1980. AprĂšs presque 30 ans de rĂ©flexion, n’est-il pas urgent de passer Ă  l’action ? Puisqu’un nouveau TraitĂ© doit ĂȘtre nĂ©gociĂ© d’ici le mois de mars 2012, il doit intĂ©grer la crĂ©ation d’une taxe sur les transactions financiĂšres et la crĂ©ation d’un impĂŽt europĂ©en sur les bĂ©nĂ©fices des entreprises. Si le budget europĂ©en Ă©tait financĂ© par un impĂŽt europĂ©en sur les bĂ©nĂ©fices, la France Ă©conomiserait chaque annĂ©e un peu plus de 20 Mds. Si un tel impĂŽt existait dĂ©jĂ , notre dĂ©ficit public ne serait plus que de 75 Mds, moins de 4 % du PIB.

1 Le Monde du 12 avril 2006. Il s’agit lĂ  du taux nominal, du taux « officiel Â». Des deux cĂŽtĂ©s de l’Atlantique, le taux rĂ©el de prĂ©lĂšvement sur les bĂ©nĂ©fices est plus faible Ă  cause de multiples exonĂ©rations.

2 Les 600 plus grandes entreprises cotĂ©es d’Europe.

3 Inutile de rappeler que nous allons aussi en tirer profits, via la politique agricole, les aides structurelles et les nombreuses politiques europĂ©ennes dont nous bĂ©nĂ©ficions.

2 - Liberigi financajn ageblecojn

Krei eĆ­ropan imposton pri profitoj de entreprenoj

La impostprocento pri profitoj de entreprenoj estas nur ĉirkaĆ­ 25 % meze en EĆ­ropo kontraĆ­ 40 % en Usono 1. Tio estas inversa mondo ! Oni kredis ke Usono estis la plej liberala sed ĝi impostas pli ol ni la profitojn de entreprenoj.

Meza impostprocento pri profitoj de entreprenoj
Usono 40 %
EĆ­ropo 25 %

Kial EĆ­ropo havas tiel malaltan impostprocenton ? Ekde aliĝo de Irlando kaj Britio, en 1973, ĉiuj eĆ­ropaj Ɲtatoj estis instigataj al imposta malplejpropono fare de la Ɲtatoj, kiuj reduktis sian imposton pri profitoj por allogi entreprenojn. Irlando reduktis sian procenton al 12 % kaj ĉiuj Ɲtatoj-membroj devis redukti sian imposton pri profitoj
 Je eĆ­ropa nivelo, la meza impostprocento pri profitoj malkreskis je triono en dudek jaroj. Tiu imposta malplejpropono estas unu el la ĉefaj kialoj de publika Ɲuldiĝo.

Neniam estis tiom da profitoj (pli ol 550 miliardoj da eĆ­roj lastan jaron por la solaj entreprenoj de DJ Stox 600 2sed neniam imposto pri profitoj estis tiom malalta !

Oni jam konis konkurson pri imposta malplejpropono, tio estis en Usono en la 1920-aj jaroj : Teksaso reduktis siajn impostojn por allogi entreprenojn. Poste Florido reduktis imposton pri profitoj. Poste Ohajo
 Entreprenoj (kaj ties akciuloj) profitis senkomplekse per tiu fiska dumpingo. Ĝis kiam eksplodis la krizo de 1929. La Ɲtatoj tiam konsciis ke la kasoj estis malplenaj kaj ke ili havis rimedojn nek por helpi senlaborulojn nek por relanĉi aktivecon per kreskigo de publikaj elspezoj !

Ekde kiam li estis elektita, Roosevelt kreis federacian imposton pri profitoj por malebligi dumpingon inter najbaraj Ɲtatoj. En EĆ­ropo male, ne estas eĆ­ropa imposto, kio grande faciligas dumpingon inter najbaroj. Jen kiel ni alvenis al impostprocento 15 punktojn malpliajn ol tiu de Usono.

Neniu lando en EĆ­ropo povas kreskigi je 15 punktoj sian impostprocenton pri profitoj : se ĝi estas la sola por fari tion, ĉiuj entreprenoj foriros en la najbarajn Ɲtatojn. Sed nenio malhelpas nin agi je eĆ­ropa nivelo kreante eĆ­ropan imposton pri profitoj je proskimume 15 %.

21 miliardoj da ageblecoj, ĉiujare, por Francio
Nun, EĆ­ropo ne havas proprajn enspezojn. La membroj-Ɲtatoj donas ĉiujare por financi ĝian buĝeton. Ĉiujare, Francio pagos 21 miliardojn da eĆ­roj al la eĆ­ropa buĝeto 3. Se la eĆ­ropa buĝeto estus financata per eĆ­ropa imposto, tiuj 21 miliardoj restus en la kasoj de Bercy, kio reduktus nian deficiton.

Kia eĆ­ropa imposto ?
Oni povas krei imposton pri profitoj de entreprenoj Ä‰ar tiu imposto pri entreprenoj estas tiu, kiu forte malkreskis de dudek jaroj, profite al akciuloj multe pli ol al investado. AnkaĆ­  eko-takso ebligus plifortigi la monrimedojn de EĆ­ropo, kaj samtempe instigi entreprenojn al redukto de energikonsumado.

La ideo pri eĆ­ropa imposto estis jam metita de Jacques Delors en la 1980-aj jaroj. Post preskaĆ­ 30 jaroj da pripenso, ĉu ne urĝas ekagi ? Ĉar nova traktato devas esti traktata antaĆ­ marto 2012, ĝi devas integri kreon de takso pri financaj transakcioj kaj de eĆ­ropa imposto pri profitoj de entreprenoj. Se la eĆ­ropa buĝeto estus financata per eĆ­ropa imposto pri profitoj, Francio Ɲparus ĉiujare iom pli ol 20 miliardojn da eĆ­roj. Se tia imposto jam ekzistus, nia publika deficito estus nur 75 miliardoj, malpli ol 4 % de MEP.

1 "Le Monde" de la 12-a de aprilo 2006. Temas pri nominala procento, pri « oficiala Â» procento. AmbaĆ­flanke de Atlantiko, la reala procento de impostoj pri profitoj estas malpli alta pro multaj senimpostigoj.

2 La 600 plej grandaj entreprenoj kvotataj en EĆ­ropo.

3 Ne utilas memorigi ke ankaĆ­ ni profitos de tio, per agrikultura politiko, strukturaj helpoj kaj multaj eĆ­ropaj politikoj, kiuj profitas al ni.

 

3 – Mettre fin au sabordage fiscal national

Pour sortir de notre dĂ©pendance aux marchĂ©s et rĂ©Ă©quilibrer nos comptes publics, on peut trouver aussi d’importantes marges de manƓuvre au niveau national en annulant une bonne partie des baisses d’impĂŽts octroyĂ©es aux grandes entreprises et aux citoyens les plus riches depuis 10 ans.

Le rapport du dĂ©putĂ© UMP Gilles Carrez publiĂ© le 5 juillet 2010 montre que si on annulait l’ensemble des baisses d’impĂŽts votĂ©es depuis 2000, l’Etat aurait chaque annĂ©e 100 milliards de plus dans ses caisses. Si nous revenions simplement Ă  la fiscalitĂ© qui existait en 2000 (nul ne la jugeait confiscatoire ou sovietiforme), notre dĂ©ficit se transformerait en excĂ©dent !

L’Etat a perdu 100 milliards de recettes fiscales
Les Echos du 5 Juillet 2010

L’Etat a perdu 100 milliards de recettes fiscales

 

Quand Roosevelt arrive au pouvoir, le taux d’impĂŽt applicable aux citoyens les plus riches Ă©tait de 25 %. Roosevelt dĂ©cide de le porter immĂ©diatement Ă  63 % puis Ă  79 %. Â« Pendant prĂšs de cinquante ans, jusqu’à l’arrivĂ©e de Ronald Reagan, explique Thomas Piketty, le taux supĂ©rieur de l’impĂŽt ne descendit jamais au dessous de 70 %.» Et l’économie amĂ©ricaine a trĂšs bien fonctionnĂ© pendant ces 50 annĂ©es. Elle a fonctionnĂ© sans avoir besoin de s’endetter


Si on crĂ©e un impĂŽt europĂ©en et si on annule ne serait-ce que la moitiĂ© des baisses d’impĂŽt votĂ©es depuis 10 ans, notre dĂ©ficit public n’est plus que de 25 Mds. A peine 1,2 % du PIB. Et si dans le mĂȘme temps, on diminue le coĂ»t de notre vieille dette (45 Mds prĂ©vus en 2012), nous ne sommes plus trĂšs loin de l’équilibre


Oser la RĂ©volution fiscale
Mais revenir sur les erreurs du passĂ© ne suffit pas. Il faut aller plus loin et mettre en Ɠuvre une vraie rĂ©forme de l’impĂŽt sur le revenu comme le proposent Camille Landais, Thomas Piketty et Emmanuel Saez. AprĂšs avoir prouvĂ© que l’impĂŽt sur le revenu est de plus en plus complexe et de moins en moins progressif, Thomas Piketty et ses amis proposent un nouvel impĂŽt sur le revenu, qui remplacerait un grand nombre de taxes existantes, notamment la contribution sociale gĂ©nĂ©ralisĂ©e (CSG), l’actuel impĂŽt sur le revenu (IRPP), le prĂ©lĂšvement libĂ©ratoire, la prime pour l’emploi, le « bouclier fiscal ».

Ce nouvel impĂŽt sur le revenu sera prĂ©levĂ© Ă  la source sur les revenus du travail et du capital (comme l’actuelle CSG, avec la mĂȘme assiette que cette derniĂšre), suivant un barĂšme clairement progressif 1. Une partie des recettes de ce nouvel impĂŽt sur le revenu sera affectĂ©e aux dĂ©penses sociales, de la mĂȘme façon que l’actuelle CSG.

Ce nouvel impĂŽt sur le revenu est beaucoup plus simple et transparent que le systĂšme existant. Et il permet de rĂ©tablir la progressivitĂ© globale de notre systĂšme fiscal, et donc de corriger l’injustice du systĂšme actuel. D’autres propositions de rĂ©formes, allant dans le mĂȘme sens, sont avancĂ©es par d’autres Ă©conomistes ou des associations comme Attac. Elles doivent ĂȘtre Ă©tudiĂ©es avec le plus grand sĂ©rieux car le statu quo n’est plus possible.

1 BarĂšme proposĂ© pour le nouvel impĂŽt sur le revenu : 2% de taux effectif d’imposition pour 1.100 € de revenu brut mensuel individuel (impĂŽt mensuel : 22 €). 10% de taux effectif d’imposition pour 2.200 € de revenu brut mensuel individuel (impĂŽt mensuel : 220 €). 13% de taux effectif d’imposition pour 5.000 € de revenu brut mensuel individuel (impĂŽt mensuel : 650 €). 25% de taux effectif d’imposition pour 10.000 € de revenu brut mensuel individuel (impĂŽt mensuel : 2.500 €). 50% de taux effectif d’imposition pour 40.000 € de revenu brut mensuel individuel (impĂŽt mensuel : 20.000 €) et 60% de taux effectif d’imposition au dessus de 100.000 € de revenu brut mensuel individuel (impĂŽt mensuel : 60.000 €)

Ce barĂšme est exprimĂ© en taux effectifs directement applicable Ă  la totalitĂ© du revenu, et non en taux marginal. Il s’applique Ă  la totalitĂ© des revenus bruts individuels actuellement soumis Ă  la CSG (salaire, revenu d’activitĂ© non salariĂ©, retraite, chĂŽmage, revenus du capital, y compris les plus values). L’impĂŽt est prĂ©levĂ© chaque mois par l’employeur ou l’institution financiĂšre. Le taux effectif Ă  appliquer dĂ©pend du revenu annuel finalement obtenu (dĂ©claration correctrice en dĂ©but d’annĂ©e suivante).

3 - Ĉesigi nacian fiskan pereigon

Por eliri el dependeco de merkatoj kaj reekvilibrigi niajn publikajn kontojn, ni povas trovi grandajn ageblecojn ankaĆ­ je nacia nivelo nuligante grandan parton de la impostreduktoj konsentitaj al grandaj entreprenoj kaj plej riĉaj civitanoj de 10 jaroj.

La raporto de deputito Gilles Carrez (UMP) publikigita la 5-an de julio 2010 montras ke se ni nuligus la tuton de la impostreduktoj balotitaj de 2000, la Ɲtato havus  ĉiujare 100 miliardoj pliajn en sia kaso. Se ni revenus al impostado, kiu ekzistis en 2000 (neniu konsiderus ĝin konfiska aĆ­ sovetistila), nia deficito transformiĝus en pluso !

La Ɲtato perdis 100 miliardojn da fiskaj enspezoj
"Les Echos" de la 5-a de julio 2010

La Ɲtato perdis
100 miliardojn da fiskaj enspezoj

 

Kiam Roosevelt estis elektita, la impostprocento aplikebla al la plej riĉaj personoj estis 25 %. Roosevelt decidas tuj altigi ĝin al 63 % poste al 79 %. Â« Dum pli ol kvindek jaroj, ĝis la elekto de Ronald Reagan, klarigas Thomas Piketty, la supera impostprocento neniam malkreskis sub 70 %.» Kaj usona ekonomio tre bone funkciis dum 50 jaroj. Ĝi funkciis sen bezoni Ɲuldiĝi


Se oni kreus eĆ­ropan imposton kaj se oni nuligus eĉ nur  duonon de la impostreduktoj balotitaj de 10 jaroj, nia publika deficito estus nur 25 miliardoj. ApenaĆ­ 1,2 % de MEP. Kaj se samtempe, oni reduktus la koston de nia malnova Ɲuldo (45 miliardoj antaĆ­viditaj en 2012), ni ne estus malproksima de ekvilibro


AĆ­daci fiskan revolucion
Sed reparoli pri pasintaj eraroj ne sufiĉas. Necesas plu antaĆ­iri kaj efektivigi veran reformon de imposto pri enspezoj kiel proponas Camille Landais, Thomas Piketty kaj Emmanuel Saez. Post pruvado ke imposto pri enspezoj estas pli kaj pli kompleksa kaj malpli kaj malpli progresiva, Thomas Piketty kaj ties amikoj proponis novan imposton pri enspezoj, kiu anstataĆ­us grandan nombron da ekzistantaj taksoj, aparte la ĝeneraligita sociala kontribuo (CSG), la nuna imposto pri enspezoj (IRPP), la liberiga elpreno, premio por dungo, « fiska Ɲildo ».

Tiu nova imposto pri enspezoj estos fonte elprenata el laborenspezoj kaj kapitalprofitoj (kiel la nuna CSG kaj sur la sama bazo), laĆ­ vere progresiva baremo 1. Parto de enspezoj ricevitaj per tiu nova imposto pri enspezoj estos uzata por socialaj enspezoj, sammaniere kiel la nuna CSG.

Tiu nova imposto pri enspezoj estas multe pli simpla kaj klara ol la nuna sistemo. Kaj ĝi ebligas restarigi progresivecon en nia tuta fiska sistemo, kaj do korekti maljustecon de la nuna sistemo. Aliaj reformproponoj, samdirekte irantaj, estas antaƭmetitaj de aliaj ekonomikistoj kaj asocioj kiel Attac. Ili devas esti studataj plej serioze ĉar la nuna stato ne plu povas daƭri.

1 Baremo proponita por la nova imposto pri enspezoj : 2% da efektiva impostprocento por 1100 € da individua malneta monata enspezo (monata imposto : 22 €). 10% de efektiva impostprocento por 2200 € da individua malneta monata enspezo (monata imposto : 220 €). 13% da efektiva impostprocento por 5000 € da individua malneta monata enspezo (monata imposto :650 €). 25% da efektiva impostprocento por 10000 € da individua malneta monata enspezo (monata imposto : 2500 €). 50% da efektiva impostprocento por 40000 € da individua malneta monata enspezo (monata imposto : 20.000 €) kaj 60% da efektiva impostprocento super 100 000 € da individua malneta monata enspezo (monata imposto : 60.000 €)

Tiu baremo entenas efektivajn procentojn rekte aplikeblajn al ĉiuj enspezoj, kaj ne marĝenajn procentojn. Ĝi aplikiĝas al la tuto de la individuaj malnetaj enspezoj nun submetitaj al CSG (salajro, enspezo de sensalajra laboro, pensio, kompenso pro senlaboreco, kapitalprofitoj, inkluzive plusvaloroj). Imposto estas elprenata ĉiumonate fare de dunginto aĆ­ de financa organizaÄ”o. La aplikebla efektiva procento dependas de jara fina enspezo (korekta deklaro komence de sekvanta jaro).

 

4 – Boycotter les paradis fiscaux

utiliser le levier de la commande publique

Un rapport du Parlement europĂ©en estime que la fuite vers les paradis fiscaux provoque chaque annĂ©e un manque Ă  gagner fiscal de l’ordre de 1 Ă  1,5% du PIB pour chaque État membre. En France, c’est chaque annĂ©e une perte de 20 Ă  30 milliards d’euros. Au-delĂ  des beaux discours, aucune action sĂ©rieuse n’est engagĂ©e aujourd’hui pour les lutter contre les paradis fiscaux.

Le 4 novembre 2011, Ă  l’issue du Sommet du G20, Nicolas Sarkozy prenait Ă  tĂ©moin l’opinion publique mondiale et affirmait « ne plus vouloir des paradis fiscaux ». Il promettait de les « mettre au ban de la communautĂ© internationale ». Le Panama Ă©tait un des pays nommĂ©s dans ce discours trĂšs vigoureux mais deux semaines plus tard, le prĂ©sident du Panama dĂ©clarait en sortant de l’ÉlysĂ©e que le prĂ©sident français l’avait assurĂ© que la convention signĂ©e entre la France et le Panama pour « Ă©viter les doubles impositions » serait ratifiĂ©e par le Parlement français d’ici la fin 2011
 Et quand un journaliste 1 s’inquiĂšte de ce double discours, un conseiller lui rĂ©pond que « Le prĂ©sident de la RĂ©publique s’exprimait Ă  Cannes comme prĂ©sident du G20. Il ne s’agissait en aucun cas d’une dĂ©claration Ă  titre national.»

Vu la gravitĂ© de la crise des finances publiques, ce double discours n’est plus acceptable. PlutĂŽt que d’imposer aux peuples des plans d’austĂ©ritĂ© qui aggravent la crise, l’Etat doit dĂ©clarer la guerre aux paradis fiscaux :

  • en rendant obligatoire la transparence des comptes des entreprises : toutes les entreprises doivent rendre des comptes sur leur activitĂ© pays par pays et dĂ©clarer l’existence de filiales dans des paradis fiscaux ou des centres off shore.
  • en boycottant les entreprises ayant des filiales dans ces paradis fiscaux : l’État et l’ensemble des collectivitĂ©s locales (rĂ©gions, dĂ©partements, communes et communautĂ©s de communes
) ne doivent plus accorder aucun marchĂ© public Ă  une entreprise (banques, entreprise de travaux publics, fournisseurs de systĂšmes informatiques
) qui a des filiales dans des paradis fiscaux et qui Ă©chappe ainsi aux impĂŽts qui financent l’école, la santĂ©, la police ou les retraites.
  • en mettant fin Ă  la pratique de l’optimisation fiscale des groupes internationaux via les prix de transfert. Il faut transposer au niveau europĂ©en l’apportionment existant aux Etats-Unis, qui oblige chaque entreprise trans-Ă©tatique Ă  dĂ©clarer sa masse salariale, son chiffre d’affaire et ses investissements Etat par Etat. Son niveau d’imposition est alors calculĂ© en fonction de ces trois paramĂštres et non plus du seul profit dĂ©clarĂ©, lequel est systĂ©matiquement transfĂ©rĂ© dans les zones fiscalement intĂ©ressantes.

1 La Tribune 25 novembre 2011

4 - Bojkoti impostparadizojn

Utiligi la levilon de publika mendo

Raporto de eƭropa parlamento taksis ke la fuĝo al impostparadizoj estigas ĉiujare fiskan mankon je preskaƭ 1 ĝis 1,5% de MEP por ĉiu Ɲtato-membro. En Francio, tio estas ĉiujare perdo de 20 ĝis 30 miliardoj da eƭroj. Post belaj paroladoj, neniu serioza ago komenciĝis ĝis nun por batali kontraƭ impostparadizojn.

La 4-an de novembro 2011, fine de pintkonferenco de G20, Nicolas Sarkozy atestigis la mondon kaj asertis « ne plu akcepti impostparadizojn ». Li promesis « forpeli ilin el la internacia Ɲtataro ». Panamo estis unu el la landoj nomitaj en tiu tre forta parolado sed du semajnojn poste, la prezidanto de Panamo deklaris elirante el palaco ÉlysĂ©e ke la franca prezidanto certigis al li ke la konvencio subskribita inter Francio kaj Panamo por « eviti duoblan impostadon » estos ratifita de la franca parlamento antaĆ­ la fino de 2011
 Kaj kiam Ä”urnalisto 1 maltrankviliĝis pro tiu duasenca parolado, konsilisto respondis al li ke « La respublika prezidanto parolis en Cannes kiel prezidanto de G20. Tute ne temis pri nacinivela deklaro.»

Konsiderante gravecon de la krizo de publikaj financoj, tiu duasenca parolado ne estas akceptebla. AnstataĆ­ trudi al popoloj aĆ­sterajn planojn, kiuj pligravigas la krizon, la Ɲtato devas deklari militon al impostparadizoj :

  • devigante travideblecon de entreprenaj kontoj : ĉiuj entreprenoj devas raporti pri sia aktiveco en lando post lando kaj deklari ekziston de filioj en impostparadizoj aĆ­ en eksterbordaj centroj.
  • bojkotante entreprenojn kun filioj en impostparadizoj : la Ɲtato kaj ĉiuj lokaj kolektivumoj (regionaj, departementaj, komunaj kaj komunumaraj
) ne plu devas konsenti publikan kontrakton al entrepreno (bankoj, entreprenoj pri publikaj konstruoj, provizantoj de komputadaj sistemoj
), kiuj havas filiojn en impostparadizoj kaj kiuj tiel evitas impostojn, kiuj financas lernejojn, sanon, policon kaj pensiojn.
  • ĉesigante praktikon de impostevitado fare de internaciaj kompanioj per transigprezoj. Necesas transloki je eĆ­ropa nivelo la partigon ekzistantan en Usono, kiu devigas transƝtatajn entreprenojn deklari sian salajran amason, siajn enspezojn kaj siajn investojn en Ɲtato post Ɲtato. Ĝia impostnivelo estas tiam kalkultata laĆ­ tiuj tri parametroj kaj ne plu laĆ­ la sola deklarita profito, kiu estas sisteme transigita al fiske avantaĝaj zonoj.

1 "La Tribune" la 25-an de novembro 2011

 

5 – Limiter au maximum les licenciements

L’Allemagne a connu en 2009 une crise Ă©conomique deux fois plus grave que notre pays. Pourtant, malgrĂ© un choc Ă©conomique 2 fois plus fort, le chĂŽmage a augmentĂ© 6 fois moins en Allemagne qu’en France 1.

RĂ©cession 2009 Evolution du chĂŽmage
Allemagne - 4,6 % + 220.000
France - 2,3 % + 1.200.000

Comment expliquer ce « miracle Â» ? Les syndicats allemands sont allĂ©s voir Angela Merkel pour exiger que le licenciement devienne un dernier recours et que la rĂšgle gĂ©nĂ©rale soit de garder le maximum de salariĂ©(e)s, le maximum de compĂ©tences, dans l’entreprise en dĂ©veloppant le Kurzarbeit.

Le Kurzarbeit ? Le principe est trĂšs simple : au lieu de licencier 20 % des effectifs, une entreprise qui voit baisser son chiffre d’affaires de 20 % va baisser son temps de travail de 20 % et garder tous les salariĂ©s. Le salaire baisse mais l’Etat maintient le revenu. Et cela revient moins cher de maintenir le revenu d’un salariĂ© qui baisse son temps de travail que de financer un chĂŽmeur si l’on tient compte de tous les coĂ»ts induits et les pertes de rentrĂ©es fiscales et sociales.

Le 23 janvier 2011, le MinistĂšre du travail allemand a rendu public un bilan assez complet du Kurzarbeit : il a concernĂ© 1.500.000 salariĂ©s qui, en moyenne, ont baissĂ© de 31 % leur temps de travail. Si l’on pense que le monde rentre dans une nouvelle rĂ©cession ou dans une pĂ©riode de croissance trĂšs faible, il est vital pour notre cohĂ©sion sociale de tout faire pour limiter les licenciements en s’inspirant trĂšs vite et trĂšs fortement de ce qui a Ă©tĂ© fait en Allemagne depuis 2008. Cela va Ă©videmment Ă  l’encontre du « travailler plus Â» de Nicolas Sarkozy mais cela peut Ă©viter des centaines de milliers de licenciements.

1 L’évolution du chĂŽmage est calculĂ©e entre le point bas de la courbe (le moment oĂč le chĂŽmage commence Ă  augmenter Ă  cause de la crise) et le point haut (le moment oĂč il commence Ă  se stabiliser ou Ă  diminuer).

5 - Maksimume limigi maldungojn

Germanio travivis en 2009 ekonomian krizon duoble pli gravan ol nia lando. Tamen, malgraĆ­ ekonomia Ɲoko duoble pli forta, senlaboreco kreskis 6-oble malpli en Germanio ol en Francio 1.

Recesio 2009 Evoluo de senlaboreco
Germanio - 4,6 % + 220.000
Francio - 2,3 % + 1.200.000

Kiel klarigi tiun « miraklon Â» ? La germanaj sindikatoj renkontis Angela Merkel por postuli ke maldungo fariĝu lasta decido kaj ke la ĝenerala regulo estu aĆ­ konservi kiel eble plej multajn laboristojn, kompetentecojn en entreprenoj aplikante "Kurzarbeit".

Kurzarbeit ? La principo estas tre simpla : anstataĆ­ maldungi 20 % de la laboristaro, entrepreno, kiu konstatas malkreskon de siaj enspezoj je 20 % malkreskigas sian labortempon je 20 % kaj konservas ĉiujn laboristojn. La salajro malkreskas sed la Ɲtato kompensas por konservi la salajron. Estas malpli koste pluigi la enspezon de laboristo, kiu reduktas sian labortempon ol financi senlaborulon, se oni kalkulas ĉiujn kromkostojn, perdojn de fiskaj kaj socialaj enspezoj.

La 23-an de januaro 2011, la germana ministerio pri laboro publikigis sufiĉe kompletan bilancon de Kurzarbeit : tio koncernis 1 500 000 dungitojn kiuj, meze  reduktis labortempon je 31 %. Se oni opinias ke la mondo eniras novan recesion aĆ­ en periodon kun tre malforta kresko, gravas ke por nia sociala kunligiĝo fari ĉion eblan por limigi maldungojn tre rapide kaj tre forte inspiriĝante per tio kio estis farita en Germanio ekde 2008. Tio evidente kontraĆ­as la principon « labori pli por gajni pli Â» de Nicolas Sarkozy, sed tio povas eviti centojn da miloj da maldungoj.

1 Evoluo de senlaboreco estis kalkulita inter la malsupra punkto de la kurbo (kiam senlaboreco ekkreskis pro la krizo) kaj la supra punkto (kiam ĝi stabiliĝis aĆ­ ekmalkreskis).

 

6 – SĂ©curiser les prĂ©caires

Dans chacun de nos pays, chaque mois, des dizaines de milliers d’hommes et de femmes arrivent en fin de droit et basculent dans une trĂšs grande prĂ©caritĂ©. Vu la gravitĂ© de la crise et le peu d’espoir d’un retour rapide au plein-emploi, il est urgent de prolonger l’indemnisation des chĂŽmeurs et d’amĂ©liorer leur accompagnement et leur accĂšs Ă  la formation.

Pour Ă©viter que le chĂŽmage ne soit synonyme de prĂ©caritĂ©, de pauvretĂ© ou de dĂ©qualification, il faut regarder ce qui se fait au Danemark en matiĂšre de sĂ©curitĂ© et d’accompagnement des salariĂ©s au chĂŽmage. La plupart des salariĂ©s qui perdent leur emploi peuvent conserver 90 % de leur revenu pendant 4 ans, dĂšs lors qu’ils sont bien en recherche d’emploi ou en formation.

Prolonger l’indemnisation des salariĂ©(e)s au chĂŽmage, c’est une des premiĂšres mesures qu’a prises Roosevelt en 1933. C’est aussi une des premiĂšres mesures prises par Churchill quand il devient Premier Ministre. C’est une mesure de bon sens, qui peut, en France, ĂȘtre adoptĂ©e en quelques jours 1.

Les salariĂ©s sont plus de 90 % des actifs mais il est Ă©vident qu’il faut aussi amĂ©liorer l’indemnisation des artisans ou des patrons de PME qui font faillite et se retrouvent parfois dans des difficultĂ©s plus grandes encore que les salariĂ©s sans emploi.

Au-delĂ  de cette mesure d’urgence, un dĂ©bat doit s’engager sur l’unification et la simplification de l’ensemble des dispositifs de couverture sociale 2 dans la perspective de crĂ©er un vĂ©ritable bouclier social.

1 Le plan de rigueur annoncĂ© fin aoĂ»t par François Fillon Ă©tait dĂ©finitivement adoptĂ© le 8 septembre 2011. Le SĂ©nat a « votĂ© conforme Â» le texte adoptĂ© la veille par l’AssemblĂ©e nationale. Pourquoi faut-il des annĂ©es pour faire voter certaines rĂ©formes de Justice sociale alors qu’un Plan de rigueur peut ĂȘtre votĂ© en quelques jours ?

2 Voir en particulier la proposition d’Allocation Universelle du Centre des Jeunes Dirigeants d’entreprise qui regroupe plus de 4.000 chefs d’entreprises. Pour lutter contre l’extrĂȘme pauvretĂ©, le CJD propose une allocation de 400 euros par mois pour les adultes (200 pour les mineurs) versĂ©s sans aucune condition, de la naissance Ă  la mort, et financĂ©e par un prĂ©lĂšvement progressif sur l’ensemble des revenus.

6 - Sekurigi malsolidulojn

En ĉiu el niaj landoj, ĉiumonate, dekoj da miloj da homoj perdas siajn rajtojn je krompagoj kaj falas en gravan malsolidecon. Konsiderante gravecon de la krizo kaj la malmulta espero pri rapida reveno en plentempan laborecon, urĝas pludaƭrigi la monkompenson de senlaboruloj kaj plibonigi akompanon kaj aliron al klerigo.

Por eviti ke senlaboreco estu sinonimo de malsolideco, de malriĉeco kaj de senkvalifikiĝo, necesas rigardi kio estas farata en Danlando pri sekureco kaj akompano de senlaboruloj. Plej multaj salajruloj, kiuj perdas sian postenon povas konservi 90 % de sia enspezo dum 4 jaroj, se ili vere serĉas laboron aƭ klerigon.

PludaĆ­rigi monkompenson de senlaboruloj, tio estas unu el la unuaj decidoj, kiujn faris Roosevelt en 1933. Tio estis ankaĆ­ unu el la unuaj decidoj de Churchill, kiam li fariĝis ĉefminsitro. Tio estas saĝa decido, kiu povas, en Francio, esti adoptita en kelkaj tagoj 1.

Salajruloj estas pli ol 90 % el la aktivuloj sed evidentas ke necesas plibonigi la monkompenson de metiistoj kaj mastroj de etaj kaj mezaj entreprenoj, kiuj bankrotas kaj kelkfoje travivas malfacilaĔojn ankoraƭ pli gravajn ol la maldungitaj laboristoj.

Aldone al tiu urĝa decido, debato devas komenciĝi pri unuigo kaj simpligo de ĉiuj rimedoj por sociala protekto 2 por krei veran socialan Ɲildon.

1 La rigora plano anoncita fine de aĆ­gusto de François Fillon estis definitive adoptita la 8-an de septembro 2011. La Senato « voĉdonis konforme Â» la tekston adoptitan la antaĆ­an tagon de la nacia Asembleo. Kial necesas jaroj por adoptigi iujn reformojn de sociala justeco, kiam rigora plano povas esti adoptita en nur kelkaj tagoj ?

2 Vidi aparte proponon de universala monkompenso de centro de junaj entreprenestroj, kiu arigas pli ol 4 000 entreprenestrojn. Por batali kontraĆ­ ekstrema malriĉeco, CJD proponas monatribuon de 400 eĆ­roj monate por adoltoj (200 por neplenaĝuloj) senkondiĉe, de naskiĝo ĝis morto, financata per kreska imposto pri ĉiuj enspezoj.

 

7 – Interdire aux banques de spĂ©culer avec notre argent

sĂ©parer les banques de dĂ©pĂŽt et les banques d’affaires

Pour protĂ©ger l’épargne des citoyens et ne pas faire courir de risques aux finances publiques ni au financement de l’économie rĂ©elle, le principe d’une sĂ©paration Ă©tanche entre Banques de dĂ©pĂŽt et Banques d’affaires vient d’ĂȘtre actĂ© en Grande-Bretagne mais les lobbies ont obtenu que son application soit repoussĂ©e à
 2019 ! C’est Ă©videmment beaucoup trop tard. Vu le risque qu’une crise majeure Ă©clate bientĂŽt sur les marchĂ©s financiers, il faut mettre en Ɠuvre cette rĂ©forme sans tarder pour protĂ©ger l’économie rĂ©elle.

Pour interdire aux banques de spĂ©culer avec l’argent de M. et Mme Tout-le-monde, il faut sĂ©parer les banques de dĂ©pĂŽt et les banques d’affaires. C’est une des premiĂšres rĂ©formes qu’a fait adopter Roosevelt en 1933 en faisant voter le Glass Steagal Act.

Quand Roosevelt fait voter cette loi, il ne laisse que quelques semaines aux banques pour la mettre en Ɠuvre. C’est une condition sine qua non si nous voulons Ă©viter que des banques universelles gĂ©antes ne prennent en otage les sociĂ©tĂ©s europĂ©ennes parce qu’elles sont « too big to fail Â».

Favoriser le financement des PME
Un des intĂ©rĂȘts de cette rĂ©forme serait aussi d’obliger les banques de dĂ©pĂŽt Ă  ĂȘtre bien plus au service des PME qu’elles ne le sont aujourd’hui.

Si les banques ne peuvent plus utiliser nos dĂ©pĂŽts pour des activitĂ©s spĂ©culatives Ă  10 ou 15 % de rentabilitĂ©, elles accueilleront sans doute mieux les responsables de PME qui ont besoin de financer des projets de dĂ©veloppement « normaux Â».

De mĂȘme, les collectivitĂ©s locales et l’Etat devraient tout faire pour favoriser la crĂ©ation et la croissance des PME. Il faut en particulier amĂ©liorer l’accompagnement des crĂ©ateurs d’entreprises et les aider dans le pilotage quotidien de leur entreprise. GĂ©rer une entreprise n’est jamais facile, mais si l’on pense qu’on va vers une aggravation de la crise, le besoin de formation, d’outils de pilotage et de lieu d’échange avec d’autres responsables est encore plus Ă©vident.

On a parlĂ© plus haut du stress et de la souffrance au travail que subissent un nombre croissant de salariĂ©(e)s Ă  cause de la peur du chĂŽmage (si t’es pas content, va voir ailleurs) mais il ne faut pas sous-estimer le stress que vivent aussi beaucoup de patrons de PME, sous-traitants de grandes entreprises. Pour muscler notre tissu Ă©conomique, pour ĂȘtre plus rĂ©sistants en cas de Tsunami, il faut favoriser le financement des PME mais aussi les aider Ă  piloter leurs entreprises et agir pour rĂ©Ă©quilibrer la relation entre grandes entreprises et sous-traitants.

En finir avec l’irresponsabilitĂ© des financiers
Depuis quelques semaines, c’est une vĂ©ritable guerre que certains spĂ©culateurs ont dĂ©clarĂ© Ă  la zone Euro et, Ă  travers elle, Ă  l’ensemble de la stabilitĂ© Ă©conomique mondiale. Il ne suffit pas de dĂ©noncer verbalement « la nature criminelle de certains comportements du secteur financier Â» comme le fait M. Barroso, il faut agir avec force pour les mettre hors d’état de nuire.

Aux États-Unis, l’autoritĂ© de surveillance bancaire (FDIC) a dĂ©cidĂ© le 6 juillet 2011 que  les dirigeants des plus grands Ă©tablissements financiers amĂ©ricains pourront perdre rĂ©troactivement leur rĂ©munĂ©ration en cas de faillite de leur entreprise. L’État pourra “rĂ©cupĂ©rer la rĂ©munĂ©ration des dirigeants” qui auront Ă©tĂ© jugĂ©s “clairement responsables” de la faillite de leur sociĂ©tĂ©. Ces personnes pourront dĂ©sormais se voir opposer un “critĂšre de nĂ©gligence” permettant de rĂ©cupĂ©rer leur rĂ©munĂ©ration a posteriori lorsqu’ils n’auront pas fait preuve “des compĂ©tences et de l’attention que la prudence ordinaire exige de pareille fonction et dans des circonstances semblables”.

Cette rĂšgle est importante pour mettre fin Ă  l’irresponsabilitĂ© des dirigeants. Il faut la mettre en Ɠuvre dans tous nos pays en ne visant pas seulement les trois principaux dirigeants (comme c’est le cas aux USA) mais Ă  l’ensemble des cadres dirigeants, des sales et des traders.

De mĂȘme, l’Europe a dĂ©cidĂ© le 18 octobre 2011 l’interdiction des CDS nus. C’est une trĂšs bonne nouvelle mais il faut aller plus loin : supprimer les clauses restrictives qui affaiblissent la portĂ©e de ce texte, interdire l’anonymat sur les marchĂ©s financiers, imposer des chambres de compensation sous tutelle publique aux marchĂ©s de grĂ©-Ă -grĂ© et dĂ©cider de sanctions rĂ©troactives pour les responsables ayant eu des comportements fautifs.

Développer des monnaies complémentaires
Au-delĂ  de ces mesures d’urgence, une rĂ©flexion collective doit s’engager sur les fragilitĂ©s qu’entraĂźne pour notre Ă©conomie et notre cohĂ©sion sociale le fait de n’utiliser qu’une seule monnaie (ce que nous pourrions appeler une monoculture monĂ©taire).

De la mĂȘme façon qu’un parasite ou un incendie se propage Ă©minemment plus vite dans une forĂȘt ne comptant qu’une seule essence (par exemple le pin), une crise financiĂšre est susceptible de contaminer, en quelques jours, l’ensemble de l’économie mondiale par l’intermĂ©diaire des banques, entraĂźnant dans son sillage l’économie rĂ©elle, potentiellement saine et dĂ©connectĂ©e des spĂ©culations.

En revanche, une Ă©conomie ouverte Ă  une polyculture monĂ©taire, comme cela fut le cas plusieurs fois dans l’histoire (notamment entre 1000 et 1290 en Europe) et comme cela est Ă  nouveau le cas dans plusieurs pays du monde (Suisse, Belgique, Uruguay, Allemagne, Angleterre
) sera probablement plus stable et rĂ©siliente.

L’utilisation de ces monnaies complĂ©mentaires permettait de valoriser certaines richesses que les mesures classiques du PIB ne prennent pas en compte aujourd’hui et d’investir massivement sans crĂ©ation de dette, dans certains chantiers d’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral.

L’apparition de monnaies locales et rĂ©gionales un peu partout dans le monde (65 en Allemagne, 12 en France, plusieurs dizaines au Royaume-Uni, plusieurs centaines au BrĂ©sil et plusieurs milliers en AmĂ©rique du Sud, etc.) confirme cette analyse. La circulation de monnaies pouvant exclusivement ĂȘtre dĂ©pensĂ©es sur un territoire donnĂ© ou pour un type d’activitĂ© donnĂ© est utile pour relocaliser l’économie ou empĂȘcher sa dislocation par les «forces du marchĂ© Â».

 

7 - Malpermesi al bankoj spekuladon per nia mono

apartigi deponbankojn disde aferbankoj

Por protekti civitanan Ɲparmonon kaj riskigi nek publikajn financojn nek financadon de reala ekonomio, principo de likimuna apartigo de deponbankoj kaj aferbankoj estis Ä”us adoptita en Britio sed lobioj sukcesis akiri ke apliko estu prokrastita al 
 2019 ! Tio evidente estas tro malfrua. Konsiderante riskon de eksplodo de grava krizo en la financaj merkatoj, necesas apliki tiun reformon senprokraste por protekti la realan ekonomion.

Por malpermesi al bankoj spekuli per civitana mono, necesas apartigi deponbankojn disde aferbankoj. Tio estas unu el la unuaj reformoj, kiun adoptigis Roosevelt en 1933 per "Glass Steagal Act".

Kiam Roosevelt balotigis tiun leĝon, li lasis nur kelkajn semajnojn al la bankoj por efektivigi ĝin. Tio estas nepra kondiĉo, se ni volas eviti ke gigantaj universalaj bankoj kaptu kiel ostaĝon la eĆ­ropajn sociojn ĉar il estas « too big to fail Â» ("tro grandaj por bankroti").

Plifaciligi financadon de etaj kaj mezaj entreprenoj
Unu el la interesoj de tiu reformo estus ankaĆ­ devigi deponbankojn pli servi EME ol ili faras nun.

Se bankoj ne plu povus uzi niajn deponojn por spekulaj operacioj je 10 aĆ­ 15 % da profito, ili akceptus verƝajne pli volonte estrojn de EME, kiuj bezonas financi « normalajn Â» projektojn por disvolviĝo.

Same, lokaj kolektivumoj kaj Ɲtato devus ĉion fari por favori kreadon kaj kreskon de EME. Aparte necesas plibonigi akompanon de entreprenkreantoj kaj helpi ilin en ĉiutaga regado de siaj entreprenoj. Regi entreprenon neniam estas facile, sed se oni opinias ke ni iras direkte al pligraviĝo de la krizo, la bezono de klerigo, de stiriloj kaj interƝanĝaj lokoj kun aliaj estroj estas ankoraƭ pli evidenta.

Ni parolis pli supre pri "streso" kaj sufero en laboro, kiuj trafas kreskan nombron da salajruloj pro maldunga timo (se ci ne estas kontenta, iru aliloke) sed ni ne devas subtaksi streson, kiun travivas ankaĆ­ multaj mastroj de EME, subkontraktantoj de grandaj entreprenoj. Por muskoligi nia ekonomion, por pli bone rezisti okaze de cunamo, necesas favori financadon de EME sed ankaĆ­ helpi ilin stiri siajn entreprenojn kaj agi por reekvilibrigi la rilatojn inter grandaj entreprenoj kaj subkontraktantoj.

Meti finon al malresponso de financistoj
De kelkaj semajnoj, iuj spekulantoj deklaris veran militon kontraĆ­ eĆ­rozono, kaj per ĝi, al tutmonda ekonomia stabileco. Ne sufiĉas parole denunci « la kriman naturon de iuj kondutoj en la financa sektoro Â» kiel faras S-ro Barroso, necesas agi kun forto por igi ilin nekapablaj malutili.

En Usono, aĆ­toritato pri banka gardo (FDIC) decidis la 6-an de julio 2011 ke la registoj de la plej gravaj usonaj financaj kompanioj povos perdi retroe siajn enspezojn kaze de bankroto de ilia entrepreno. La Ɲtato povos “repreni la enspezojn de registoj”, kiuj estos juĝitaj “sendube responsaj” pri bankroto de sia kompanio. Al tiuj personoj eblos oponi “kriterion de neglekto” ebligantan repreni iliajn enspezojn poste, kiam ili ne pruvis “kompetentecojn kaj atenton, kiujn ordinara saĝo postulas de tia posteno kaj en similaj cirkonstancoj”.

Tiu regulo estas grava por ĉesigi senresponson de registoj. Necesas apliki ĝin en ĉiuj niaj landoj celante ne nur la tri ĉefajn registojn (kiel estas en Usono) sed ĉiujn registojn, vendistojn kaj traderojn.

Same, EĆ­ropo decidis la 18-an de oktobro 2011 malpermeson de nudaj CDS. Tio estas bona novaÄ”o, sed necesas iri pli antaĆ­en : forigi la restriktajn klaĆ­zojn, kiuj malfortigas la tekston, malpermesi anonimecon sur la financaj merkatoj, trudi kompensajn ĉambrojn sub publika kuratoreco al merkatoj per komuna akordiĝo kaj decidi pri retroaktivaj punoj por malbone kondutintaj responsuloj.

Evoluigi komplementajn valutojn
Post tiuj urĝaj decidoj, kolektiva pripenso devas estiĝi pri fragileco al kiu kondukas por nia ekonomio kaj sociala kunligiĝo la uzo de nur unu valuto (kion ni povus nomi valuta unukulturo).

Same kiel parazito aƭ incendio progresas multe pli rapide en arbaro, en kiu kreskas nur unu specio (por ekzemplo pino), financa krizo kapablas en kelkaj tagoj etendiĝi al tutmonda ekonomio per bankoj, faligante post si la realan ekonomion, verƝajne pli sana kaj neligita al spekuloj.

Inverse, ekonomio malfermita al valuta polikulturo, kiel estis plurfoje en historio (aparte inter 1000 kaj 1290 en Eƭropo) kaj kiel denove estas en pluraj landoj en la mondo (Svislando, Belgio, Urugvajo, Germanio, Britio
) estus verƝajne pli stabila kaj rezilienca.

Uzo de komplementaj valutoj ebligus valorigi iujn riĉaÄ”ojn, kiujn la klasikaj mezuroj de MEP ne konsideras nun kaj amase investi sen kreo de Ɲuldo, en iujn projektojn kun ĝenerala intereso.

Apero de lokaj kaj regionaj valutoj iom ĉie en la mondo (65 en Germanio, 12 en Francio, pluraj dekoj en Britio, pluraj centoj en Brazilo kaj pluraj miloj en Sudameriko, ktp.) konfirmas tiun analizon. Cirkulado de valutoj, kiuj estas uzeblaj nur sur limigita teritorio aĆ­ por aparta agadtipo estas utila por reigi ekonomion loka aĆ­ malpermesi ĝian disforiĝon pro «merkatfortoj».

 

8 – CrĂ©er une vraie Taxe sur les Transactions FinanciĂšres

Si une telle taxe avait Ă©tĂ© crĂ©Ă©e en 2008, mĂȘme Ă  un taux trĂšs faible, elle aurait dĂ©jĂ  rapportĂ© entre 250 et 600 milliards. La crise grecque aurait pu ĂȘtre rĂ©glĂ©e trĂšs vite, sans demander d’efforts aux peuples d’Europe. Qu’attendons-nous pour crĂ©er enfin cette taxe et rassurer le peuple allemand comme les autres peuples d’Europe en leur disant que c’est la derniĂšre fois qu’on leur a demandĂ© un effort injuste ?

Dorénavant, ce sont les marchés financiers qui seront mis à contribution pour abonder le Fonds européen de Stabilité.

Si Londres s’oppose Ă  la crĂ©ation d’une taxe sur les transactions, il faut sans agressivitĂ© « mettre les points sur les i Â» et avoir le courage de dĂ©clencher une crise clarificatrice :

  1. Les Ă©meutes de l’étĂ© 2010 ont montrĂ© que le peuple anglais n’en peut plus des politiques d’austĂ©ritĂ©.
  2. La dette privĂ©e du Royaume-Uni dĂ©passe les 230 % du PIB 1 contre 130 % en France. Et si l’on intĂšgre la dette publique et surtout l’immense dette du secteur financier, la dette totale de la Grande-Bretagne dĂ©passe les 900 % du PIB 2. C’est dire l’extrĂȘme fragilitĂ© du « modĂšle anglais Â». Dans 2 mois ou dans 2 ans, les Anglais viendront supplier l’Europe de les aider pour sauver leurs banques. Il faut leur mettre le marchĂ© sur la table et leur dire que c’est aujourd’hui qu’ils dĂ©cident si, Oui ou Non, ils sont dans le mĂȘme bateau que les autres peuples d’Europe.

Ils ne pourront pas nous supplier d’ĂȘtre solidaires demain s’ils refusent d’ĂȘtre solidaires aujourd’hui. Si les Anglais comprennent que, de fait, nous avons tous intĂ©rĂȘt Ă  ĂȘtre solidaires, nous pouvons mettre en place trĂšs vite une taxe Tobin Ă  un taux assez Ă©levĂ©. Sinon, nous pouvons le faire au niveau de la zone euro, avec un taux plus faible.

La mise en place d’une Taxe sur les transactions financiĂšres est tout Ă  fait rĂ©aliste au niveau de la seule Zone Euro (mĂȘme M. Barroso l’admet aujourd’hui) mais elle serait plus efficace et aurait un rendement nettement plus Ă©levĂ© si elle Ă©tait mise en place simultanĂ©ment dans l’ensemble de l’Europe ou dans l’ensemble des places financiĂšres mondiales. Comme tous nos États ont besoin de dĂ©gager des ressources nouvelles 3, tous les dirigeants du G 20 devraient mettre en Ɠuvre cette taxe sur les transactions financiĂšres sans tarder.

1 Dette des mĂ©nages et dette des entreprises hors secteur financier.

2 Source Morgan Stanley DĂ©cembre 2011

3 Â« La Chine voit son Ă©conomie ralentir et fait face Ă  un grand nombre de mouvements sociaux Â» annonce Le Monde du 6 dĂ©cembre 2011. Aucun pays n’est Ă©pargnĂ© par le retour de la crise. Aucun pays ne peut dire qu’il n’a pas besoin de ressources supplĂ©mentaires. C’est le seul intĂ©rĂȘt de la pĂ©riode : nous sommes tous embarquĂ©s dans la mĂȘme crise.

8 - Krei veran takson pri financaj transakcioj

Se nova takso estintus kreita en 2008, eĉ je tre malalta procento, ĝi estus doninta inter 250 kaj 600 miliardoj. La greka krizo estintus tre rapide solvita, sen postuli klopodojn al popoloj en EĆ­ropo. Kion ni atendas por fine krei tiun takson kaj trankviligi la germanan popolon same kiel la aliajn popolojn de EĆ­ropo dirante al ili, ke por la lasta fojo oni petas de ili nejustajn klopodojn ?

De nun, la financaj merkatoj devos kontribui por la eĆ­ropa stabiliga fonduso.

Se Londono oponas kreon de takso pri financaj transakcioj, necesas senagrese « forte esprimi sin Â» kaj kuraĝi ekokazi klarigan krizon :

  1. Ribeloj en somero 2010 montris ke la brita popolo ne plu eltenas aĆ­sterajn politikojn.
  2. La privata Ɲuldo de Britio superas 230 % de MEP 1 kiam ĝi estas je 130 % en Francio. Kaj se oni integras la publikan Ɲuldon kaj precipe la egan Ɲuldon de la financa sektoro, la tuta Ɲuldo de Britio superas 900 % de MEP 2. Tio montras ekstreman fragilecon de la « brita modelo Â». En 2 monatoj aĆ­ en 2 jaroj, britoj venos petegi helpon de EĆ­ropo por savi siajn bankojn. Tiam ni devas surtabligi traktadon kaj ili devas decidi ĉu, jes aĆ­ ne, ili estas en la sama Ɲipo kiel la aliaj popoloj de EĆ­ropo.

Ili ne povos petegi solidarecon morgaƭ se hodiaƭ ili rifuzas solidarecon. Se Britoj komprenas ke fakte, ni ĉiuj havas komunan intereson por esti solidaraj, ni povas rapide starigi takson Tobin je sufiĉe alta procento. Se ne, ni povos fari tion je nivelo de eƭrozono, kun malpli alta procento.

La starigo de takso pri financaj transakcioj estas tute farebla je nivelo de eĆ­rozono (eĉ s-ro Barroso konsentas pri tio) sed ĝi estus pli efika kaj havus rendimenton multe pli altan se ĝi estus starigita samtempe en tuta EĆ­ropo aĆ­ en ĉiuj mondaj financaj placoj. Ĉar ĉiuj niaj Ɲtatoj bezonas eltiri novajn monrimedojn 3, ĉiuj registoj de G20 devus starigi tiun takson pri financaj transakcioj senprokraste.

1 Ćœuldo de hejmoj kaj Ɲuldo de entreprenoj ekster financa sektoro.

2 Fonto Morgan Stanley Decembron 2011

3 Â« Äˆinio vidas sian ekonomion malakceli kaj frontas multajn socialajn movadojn Â» anoncas "Le Monde" de la 6-a de decembro 2011. Neniu lando evitas krizrevenon. Neniu lando povas diri "Mi ne bezonas pliajn monrimedojn". Tio estas la sola intereso de la periodo : ni estas ĉiuj en la sama krizo.

 

9 – Lutter contre les dĂ©localisations

imposer le respect des normes sociales et environnementales dans le commerce mondial en convoquant un nouveau Sommet de Philadelphie

En 1944, avant de convoquer le sommet de Bretton-Woods qui va reconstruire le systĂšme financier international, Roosevelt organisait le sommet de Philadelphie, qui adoptait comme prioritĂ© absolue le respect d’un certain nombre de rĂšgles sociales : « le travail n’est pas une marchandise. (
) Il n’y aura pas de paix durable sans justice sociale Â» affirmaient Roosevelt et les autres chefs d’état avant de dĂ©finir des rĂšgles sur les salaires, le temps de travail et le partage entre salaires et dividendes


Des rĂšgles trĂšs concrĂštes Ă  respecter dans chaque pays comme dans le commerce mondial. Avant que les nĂ©olibĂ©raux ne les dĂ©mantĂšlent, ces rĂšgles ont permis 30 ans de prospĂ©ritĂ© sans dette.

Alors que l’ensemble de notre planĂšte est au bord du prĂ©cipice et que les discours belliqueux et les risques de conflit se multiplient, il est urgent de convoquer un nouveau sommet de Philadelphie. Aux logiques de dumping social, de recherche de bouc-Ă©missaires et de conflit, il est urgent d’opposer un sursaut de coopĂ©ration et de justice sociale.

Avant d’adhĂ©rer Ă  l’OMC, la Chine a signĂ© 22 conventions sociales Ă  l’Organisation Internationale du Travail 1 mais elle n’en respecte quasiment aucune ce qui est trĂšs prĂ©judiciables autant pour son peuple (des centaines de millions de Chinois pourraient bĂ©nĂ©ficier de conditions de vie beaucoup plus dĂ©centes) que pour son Ă©conomie (vu la faiblesse du salaire moyen, la consommation intĂ©rieure ne reprĂ©sente que 28 % du PIB contre 60 % en Inde ou en Europe, ce qui explique l’instabilitĂ© de l’économie chinoise et sa trĂšs grande dĂ©pendance aux exportations et Ă  l’investissement) et pour les autres peuples de la planĂšte qui voient une partie de leur production industrielle partir vers la Chine.

 

Evolution des coûts salariaux en Chine par rapport au reste du monde

L’adhĂ©sion de la Chine Ă  l’OMC n’aurait pas Ă©tĂ© possible si elle n’avait pas signĂ© ces Conventions sociales. En participant Ă  un nouveau Sommet de Philadelphie, la Chine et les autres pays Ă  trĂšs faibles salaires peuvent Ă©viter la mise en Ɠuvre de mesures immĂ©diates de protectionnisme en Europe et aux États-Unis mais doivent trĂšs clairement s’engager Ă  respecter enfin les normes sociales et les normes Ă©cologiques qu’ils ont signĂ©es avant d’adhĂ©rer Ă  l’OMC.

L’Europe doit annoncer que, si tel n’est pas le cas, elle Ă©tablira d’ici 4 ans des taxes aux frontiĂšres qui permettront de rĂ©tablir les conditions d’un Ă©change juste.

L’Europe est le 1er client de la Chine. Quand on est le 1er client d’un pays, on a une vraie capacitĂ© de nĂ©gociation2. La question, lĂ  aussi, est celle de la volontĂ© politique 3 et de l’organisation politique de l’Europe (on reviendra plus loin sur ce point crucial). Il n’y a aucune fatalitĂ© Ă  laisser la mondialisation sans rĂšgle sociale ni Ă©cologique. Pendant 40 ans, l’Europe a Ă©tĂ© un espace de rĂ©gulation et la mondialisation a fonctionnĂ© avec des rĂšgles sociales. Si l’on veut Ă©viter un effondrement de nos Ă©conomies et le dĂ©veloppement de logiques guerriĂšres, il est urgent de faire revivre, trĂšs concrĂštement, l’esprit de Philadelphie.

 

1 La Chine a signĂ© les Conventions sur la semaine de 44 heures, sur la journĂ©e de 8 heures, sur le droit Ă  un salaire dĂ©cent, le droit Ă  un logement dĂ©cent


2 Notre capacitĂ© de nĂ©gociation est d’autant plus forte que la croissance de la Chine diminue assez nettement depuis quelques mois. Elle a absolument besoin de garder le «marchĂ© europĂ©en».

3 Quand un de nos leaders va en Chine, est-ce pour rapporter quelques marchĂ©s pour Bouygues, Alsthom ou Areva ou est-ce pour agir en faveur des droits sociaux et des droits fondamentaux ?

9 - Batali kontraĆ­ delokadoj

Trudi obeon de socialaj kaj mediaj normoj en monda komerco, kunvokante novan pintkonferencon de Filadelfio

En 1944, antaĆ­ ol kunvoki la pintkonferencon de Bretton-Woods, kiu rekonstruis la internacian financan sistemon, Roosevelt organizis la pintkonferencon de Filadelfio, kiu adoptis kiel absolutan prioritaton obeon al iuj socialaj reguloj : « laboro ne estas varo. (
) Ne estos daĆ­ra paco sen sociala justeco Â» asertis Roosevelt kaj la aliaj Ɲtatestroj antaĆ­ ol difini regulojn pri salajroj, labortempo kaj divido inter salajroj kaj dividendoj


Tre konkretaj reguloj obeendaj en ĉiuj landoj kaj en monda komerco. Antaƭ ol la novliberaluloj malkonstruis ilin, tiuj reguloj ebligis 30 jarojn da senƝulda prospereco.

Kiam la tuto de nia planedo proksimas al pereo kaj kiam militemaj paroladoj kaj riskoj de konflikto multiĝas, urĝas alvoki por nova pintkonferenco de Filadelfio. Al logikoj de sociala dumpingo, de serĉo de propeka kapro kaj de konflikto, urĝas oponi pluson de kunlaboro kaj sociala justeco.

AntaĆ­ ol aliĝi al MKO (MondKomerca Organizo), Ĉinio subskribis 22 socialajn konvenciojn kun Internacia LaborOrganizo 1 sed ĝi obeas preskaĆ­ neniun, kio estas malprofita kaj por ĝia popolo (centoj da milionoj da ĉinoj povus profiti pli decajn laborkondiĉojn) kaj por ĝia ekonomio (pro la malalteco de la meza salajro, la enlanda konsumado estas nur 28 % de MEP kontraĆ­ 60 % en Hindio aĆ­ en EĆ­ropo, kio klarigas la nestabilecon de ĉina ekonomio kaj ties grandan dependecon al eksportado kaj investado) kaj por la aliaj popoloj de la planedo, kiuj vidas parton de sia industria produktado delokiĝi al Ĉinio.

 

Evoluo de la salajraj kostoj en Ĉinio kompare al resto de mondo

Aliĝo de Ĉinio al MKO ne estintus ebla sen subskribo de tiuj socialaj konvencioj. Partoprenante al nova pintkonferenco de Filadelfio, Ĉinio kaj aliaj landoj kun malaltaj salajroj povas eviti la starigon de tujaj protektismaj dispozicioj en EĆ­ropo kaj Usono sed devas tre klare devontigi sin obei finfine la socialajn kaj ekologiajn normojn, kiujn ili subskribis antaĆ­ ol aliĝi al MKO.

Eƭropo devas anonci ke, se ne tiel estas, ĝi starigos antaƭ 4 jaroj taksojn ĉe landlimoj, kiuj ebligos restarigon de kondiĉoj por justa interƝanĝo.

EĆ­ropo estas la unua kliento de Ĉinio. Kiam oni estas la unua kliento de lando, oni havas veran kapablon por trakti2. La demando estas, ankaĆ­ ĉi tie, ĉu ni havas politikan volon 3 kaj kiu estas la politika organizaÄ”o de EĆ­ropo (ni revenos poste al tiu decidiga punkto). Estas neniu fatalo lasi tutmondiĝon sen sociala kaj ekologia regulo. Dum 40 jaroj, EĆ­ropo estis reguliga spaco kaj tutmondiĝo funkciis kun socialaj reguloj. Se oni volas eviti disfalon de niaj ekonomioj kaj evoluo de militaj logikoj, urĝas revivigi, tre konkrete la spiriton de Filadelfio.

 

1 Äˆinio subskribis konvencojn pri 44-hora laborsemajno, pri 8-hora labortago, pri rajto je deca salajro, pri rajto je deca loĝejo


2 Nia tratadkapacito estas tiom pli forta kiam kresko en Ĉinio malkreskas sufiĉe nete de kelkaj monatoj. Ĝi absolute bezonas konservi la «eĆ­ropan merkaton».

3 Kiam iu el niaj registoj iras al Ĉinio, ĉu estas por subskribigi kelkajn kontraktojn por Bouygues, Alsthom aĆ­ Areva aĆ­ ĉu por agi profite al fundamentaj kaj socialaj rajtoj ?

 

10 – Investir dans une vraie politique du logement

créer massivement des emplois et faire baisser les loyers

Peut-on supprimer 40.000 emplois dans le secteur du bĂątiment quand il manque 800.000 logements en France et que le niveau des loyers est tel que 1.800.000 mĂ©nages ont de grandes difficultĂ©s pour payer leurs loyers ?

Quel non-sens ! On supprime des milliers d’emplois dans le bĂątiment 1 alors qu’on manque de 800.000 logements. La part des dĂ©penses engagĂ©es par la collectivitĂ© publique en faveur du logement est Ă  son niveau le plus bas depuis 30 ans. Un recul qui vient essentiellement de la diminution de la contribution de l’Etat.

« Vu notre dĂ©mographie, pour sortir de la crise, il faut construire 500.000 nouveaux logements par an 2, pendant 5 ans au moins, dont 150.000 logements vraiment sociaux explique le DĂ©lĂ©guĂ© gĂ©nĂ©ral de la fondation AbbĂ© Pierre, Patrick Doutreligne. Aujourd’hui, on n’en construit pas plus de 400.000 par an alors que, dans les annĂ©es 70, on Ă©tait effectivement capables d’en construire 550.000 par an. Il faut Ă©videmment Ă©viter de recommencer certaines erreurs commises dans les annĂ©es 70, mais on voit bien que c’est une question de volontĂ© politique. Â»

Comment trouver les financements nĂ©cessaires pour une vraie politique du logement ? Comment loger tous ceux qui en ont besoin ? Comment faire baisser les loyers du plus grand nombre ?

Aux Pays-Bas, une grande partie du Fonds de RĂ©serve des Retraites (FRR) a Ă©tĂ© investie dans la construction de logement social (et non pas sur les marchĂ©s financiers). Pourquoi ne pas faire de mĂȘme en France ? En France, l’essentiel de ce Fonds 3 est actuellement placĂ©e en actions. Il a perdu une grande partie de sa valeur depuis le dĂ©but de la crise des subprimes !

Au Pays-Bas, cela fait longtemps que les partenaires sociaux ont crĂ©Ă© un Fonds de rĂ©serve et l’ont utilisĂ© pour construire des logements (logement trĂšs social, logement social et logement intermĂ©diaire). De ce fait, plus de 50 % du parc de logement est la propriĂ©tĂ© de syndicats ou de coopĂ©ratives rattachĂ©s Ă  des syndicats. Les logements ont, en moyenne, une surface un peu plus grande qu’en France. Il y a une vraie mixitĂ© sociale dans chaque immeuble ou chaque pĂątĂ© de maison, et les loyers sont plus faibles car ils ne sont pas fixĂ©s par les lois du marchĂ© mais par la volontĂ© des syndicats et des coopĂ©ratives. Si l’on faisait de mĂȘme en France, en utilisant les 37 milliards du F.R.R. au lieu de les laisser sur les marchĂ©s financiers, on pourrait tripler le budget du logement et crĂ©er massivement des emplois.

250 Ă  300.000 crĂ©ations d’emplois
Si l’on croise les chiffres de la Fondation AbbĂ© Pierre et ceux du patronat du bĂątiment, on peut penser qu’on crĂ©erait entre 250 et 300.000 emplois en trois ans si l’on avait vraiment la volontĂ© de construire et de rĂ©nover autant que nĂ©cessaire.

Investir dans le logement est rentable car, chaque mois, il y a des loyers qui rentrent. Tous les calculs faits au Pays-Bas ou en Allemagne montrent que, sur 25 ans, investir dans la construction de logement est aussi rentable et nettement plus sĂ»r et plus juste que d’investir sur les marchĂ©s financiers 4 qui peuvent s’effondrer du jour au lendemain
 De plus, en rĂ©Ă©quilibrant le marchĂ©, une vraie politique du logement fait baisser les loyers de millions de locataires et distribue du pouvoir d’achat Ă  des millions de mĂ©nages.

280 euros d’économie chaque mois
Les chiffres d’Eurostat montrent que le loyer moyen payĂ© en Allemagne est de 8,4 euros par mĂštre carrĂ© contre 12,4 euros en France (hors Paris et Nice !). Si les loyers tombaient en France au mĂȘme niveau qu’en Allemagne, l’économie serait de 280 euros chaque mois pour un appartement de 70 m2. 280 euros d’économies par mois !

Loyer moyen
Allemagne 8,4 € par mÂČ
France 12,4 € par mÂČ

« Construire plus pour payer moins Â», voilĂ  un slogan plus crĂ©dible que ceux entendus durant la derniĂšre campagne prĂ©sidentielle.

1 Ce sont les prĂ©visions faites par le patronat du BĂątiment pour l’annĂ©e 2012.

2 Dans son dernier livre, Jean-Louis Borloo affirme qu’on peut construire 600.000 logements par an.

3 DotĂ© aujourd’hui de 37 milliards d’euros, les intĂ©rĂȘts des placements du FRR doivent financer une partie des retraites Ă  partir de 2020.

4 La performance rĂ©elle annualisĂ©e du FRR français n’est que de 1,6 % par an. Cf le Bilan du FRR rendu public le 4 mars 2011, avant la crise de l’étĂ© 2011


10 - Investi en vera loĝpolitiko

Amase krei postenojn kaj reduktigi lupagojn

Ĉu eblas nuligi 40 000 postenojn en konstrusektoro kiam mankas 800 000 loĝejoj en Francio kaj kiam la nivelo de lupagoj estas tia ke 1 800 000 familioj travivas grandajn malfacilaÄ”ojn por pagi siajn lupagojn ?

Kia absurdaÄ”o ! Oni nuligas milojn da postenoj en konstrusektoro 1 kiam mankas 800 000 loĝejoj. La parto de elspezoj fare de publikaj kolektivumoj profite al loĝado estas je plej malalta nivelo de 30 jaroj. Tiu malkresko venas precipe de malkresko de Ɲtata kontribuo.

Konsiderante nian demografion, por eliri el la krizo, necesas konstrui 500 000 novajn loĝejojn ĉiujare 2, dum almenaĆ­ 5 jaroj, el kiuj 150 000 vere socialaj loĝejoj, klarigas la ĝenerala delegito de fonduso AbbĂ© Pierre, Patrick Doutreligne. Nun, oni ne konstruas pli ol 400 000 ĉiujare kiam, en la 1970-aj jaroj, oni kapablis konstrui 550 000 ĉiujare. Necesas evidente eviti iujn erarojn faritajn el la 1970-aj jaroj, sed klaras ke tio dependas de politika volo. Â»

Kiel trovi financadon necesan por vera loĝpolitiko ? Kiel loĝigi ĉiujn, kiuj tion bezonas ? Kiel reduktigi lupagojn por plej multaj ?

En Nederlando, granda parto de Rezerva Fonduso por Pensioj (RFP) estis investita en sociala loĝkonstruado (kaj ne en financaj merkatoj). Kial ne same fari en Francio ? En Francio, plej granda parto de tiu fonduso 3 estas nun lokita en akciojn. Ĝi perdis grandan parton de sia valoro ekde la komenco de la krizo de  subpruntoj !

En Nederlando, de longtempe la socialaj partneroj kreis rezervan fonduson kaj utiligis ĝin por konstrui loĝejojn (tre socialan loĝejon, socialan loĝejon kaj mezan loĝejon). Pro tio, pli ol 50 % de la loĝejaro estas posedaÄ”o de sindikatoj aĆ­ kooperativoj ligitaj al sindikatoj. Loĝejoj estas, meze, pli vastaj ol en Francio. Estas vera sociala miksaÄ”o en ĉiu apartamentaro aĆ­ en ĉiu domaro, kaj lupagoj estas pli malaltaj ĉar ili ne estas fiksitaj laĆ­ merkatreguloj sed per volo de sindikatoj kaj kooperativoj. Se ni same farus en Francio, utiligante la 37 miliardojn de RFP, anstataĆ­ lasi ilin en la financaj merkatoj, oni povus triobligi la loĝbuĝeton kaj amase krei postenojn.

250 ĝis 300 000 kreoj de postenoj
Surbaze de nombroj de fonduso AbbĂ© Pierre kaj de tiuj de konstrumastraro, oni povas opinii ke oni kreus inter 250 ĝis 300 000 postenojn en tri jaroj se oni vere havus volon konstrui kaj renovigi tiom kiom necesas.

Investi en loĝado profitas Ä‰ar, ĉiumonate, oni enspezas lupagojn. Ĉiuj kalkuloj faritaj en Nederlando aĆ­ en Germanio montras ke, laĆ­ 25 jaroj, investi en loĝejkonstruado estas same profite kaj multe pli sekure ol investi nur en financaj merkatoj 4 kiuj povas disfali de iu tago al alia
 Plie, reekvilibrigante la merkaton, vera politiko pri loĝado reduktas la lupagojn de milionoj da luprenantoj kaj disdonas aĉetpovon al milionoj da familioj.

280 eƭroj Ɲpareblaj ĉiumonate
Nombroj de Eurostat montras ke meza lupago pagata en Germanio valoras po 8,4 eĆ­roj por kvadrata metro kaj 12,4 eĆ­roj en Francio (escepte en Parizo kaj Nico !). Se la lupagoj malkreskus en Francio al la sama nivelo kiel en Germanio, la Ɲparo altus je 280 eĆ­roj ĉiumonate por apartamento kun surfaco je 70 kv.m., tio estus 280 eĆ­roj da Ɲparo ĉiumonate !

Meza lupago
Germanio 8,4 € por kv.m.
Francio 12,4 € por kv.m.

« Konstrui pli por pagi malpli Â», jen slogano pli kredebla ol tiuj, kiujn ni aĆ­dis dum la lasta prezidantelekta kampanjo.

1 Ili estas antaĆ­vidoj deklaritaj de konstrumastraro por 2012.

2 En sia lasta libro, Jean-Louis Borloo asertis ke oni povas konstrui 600 000 loĝejojn ĉiujare.

3 Dotita nun per 37 miliardoj da eĆ­roj, profitoj de Ɲparlokado de RFP devas financi parton de pensioj ekde 2020.

4 La reala jarigita profito de la franca RFP estas nur 1,6 % jare. Vd. la bilancon de RFP publikigitan en la 4-a de marto 2011, antaĆ­ la krizo en somero de 2011


 

11 – DĂ©clarer la guerre au dĂ©rĂšglement climatique

Toutes les Ă©tudes rĂ©centes montrent que le dĂ©rĂšglement climatique est plus rapide et a des consĂ©quences plus graves que ce qu’on annonçait il y a 5 ou 10 ans. L’ensemble des pays occidentaux continue Ă  produire chaque annĂ©e plus de gaz Ă  effets de serre. La Chine inaugure chaque semaine une ou deux centrales au charbon. En SibĂ©rie, le dĂ©gel du permafrost 1 libĂšre dans l’atmosphĂšre d’importantes quantitĂ©s de mĂ©thane
 Bilan ? La production de CO2 et de mĂ©thane augmente chaque annĂ©e et l’ocĂ©an en stocke moins que prĂ©vu
 Si rien ne change, nous risquons bientĂŽt de franchir un seuil aprĂšs lequel il sera trĂšs difficile ou impossible de faire marche arriĂšre.

Si nous voulons « gagner la course de vitesse Â» et sauver notre planĂšte, il ne suffit pas de parler de « dĂ©veloppement durable Â» ou de mettre en Ɠuvre trĂšs lentement des Conventions internationales trĂšs peu ambitieuses. Si nous voulons gagner la course de vitesse, si nous ne voulons pas laisser Ă  nos enfants une planĂšte invivable, il faut AGIR. Il faut qu’un pays ou un groupe de pays passe Ă  l’action et apporte trĂšs vite la preuve « grandeur nature Â» qu’on peut effectivement diviser par 4 la production de gaz Ă  effet de serre 2 sans pour autant renoncer Ă  une vie agrĂ©able.

Les nĂ©gociations internationales sont indispensables mais elles ne sont absolument pas suffisantes. Il faut qu’un pays prenne de l’avance et change trĂšs vite et de façon radicale ses modes de vie. Il faut qu’un pays ou un groupe de pays prouve qu’un sursaut est possible.

Comment organiser un sursaut ?
Le dernier livre de Lester Brown 3 est trĂšs intĂ©ressant de ce point de vue. Il cite un exemple qui n’a rien Ă  voir avec l’environnement mais montre comment, si on en a la volontĂ© politique, il est possible de provoquer un sursaut : quelques jours aprĂšs l’attaque de Pearl Harbor en dĂ©cembre 1941, dans un grand discours Ă  la nation, le prĂ©sident Roosevelt annonce que les Etats-Unis vont entrer en guerre et Roosevelt impose une rĂ©organisation complĂšte de l’industrie amĂ©ricaine : la partie la plus efficace de l’économie (l’industrie automobile) est quasiment rĂ©quisitionnĂ©e et mise au service d’un seul objectif : construire des avions et des tanks.

Et quand les patrons de l’automobile viennent le voir pour dire qu’il sera difficile de fabriquer en mĂȘme temps des avions et des autos, Roosevelt leur explique qu’ils n’ont pas bien compris : on arrĂȘte complĂštement de fabriquer des autos ! On met 100 % de la puissance disponible sur l’objectif n° 1 : fabriquer des avions pour prĂ©parer l’entrĂ©e en guerre. Et ça marche ! En quelques mois, la production de voitures est divisĂ©e par 20 et le nombre d’avions qui sortent des usines dĂ©passe les objectifs fixĂ©s par Roosevelt.

Notre pays va-t-il dĂ©clarer la guerre au dĂ©rĂšglement climatique et crĂ©er tous les emplois nĂ©cessaires pour gagner cette guerre ? Si nous sommes capables de faire cet effort, il sera plus facile de convaincre ensuite les autres pays du monde de faire de mĂȘme ! C’est une question cruciale pour notre avenir.

« Pour combattre le dĂ©rĂšglement climatique, il y a trois prioritĂ©s : 1. Ă©conomiser l’énergie. 2. Ă©conomiser l’énergie. 3. Ă©conomiser l’énergie Â» explique un spĂ©cialiste de la question. Si nous voulons nous donner toutes les chances d’arrĂȘter le rĂ©chauffement avant qu’il atteigne un point de non-retour, il faut agir trĂšs vite, avec le maximum de force, pour isoler tous les bĂątiments (publics et privĂ©s), dĂ©velopper des Ă©nergies renouvelables (la biomasse 4 en particulier) et accĂ©lĂ©rer le reboisement pour absorber un maximum de CO2 (en Europe comme dans le reste du monde)


Un effort considérable pour isoler les bùtiments
Suite au Grenelle de l’environnement, le gouvernement a dĂ©cidĂ© de crĂ©er un PrĂȘt Ă  taux zĂ©ro pour aider ceux qui souhaitent faire des travaux d’isolation. C’est sympathique mais totalement insuffisant. Dans leur dernier livre 5, Jean-Marc Jancovici et Alain Grandjean avancent une proposition nettement plus audacieuse : rendre obligatoireun vrai diagnostic thermique et les travaux d’isolation nĂ©cessaires, Ă  chaque fois qu’un appartement ou une maison change de main.

En France, aujourd’hui, la loi oblige quiconque veut vendre une maison ou un appartement Ă  faire un diagnostic amiante et un diagnostic termites. Si ces deux diagnostics ne sont pas faits, lĂ©galement, la vente ne peut pas avoir lieu.

De mĂȘme, nul ne peut vendre une voiture s’il n’a pas fait le contrĂŽle technique et, Ă©ventuellement, les mises aux normes qu’il rend nĂ©cessaires. Pourquoi ne pas rendre obligatoire un vrai diagnostic et les travaux de mise aux normes thermiques avant de vendre ou de louer un bien immobilier ? C’est effectivement quand le local est vide qu’il est le plus facile de faire des travaux. Nul de devrait s’opposer Ă  cette proposition, s’il a compris la gravitĂ© de la situation.

ConcrĂštement, on fait comment ?
Les entreprises du bĂątiment vont devoir recruter et former un bon nombre d’ouvriers et de chefs de chantiers : « Les matĂ©riaux nĂ©cessaires pour isoler les bĂątiments, on les a, estime un patron du bĂątiment Ă  qui le projet a Ă©tĂ© soumis. Par contre, recruter et former les gars, ça n’est pas possible en 3 semaines ! Mais en un an ou deux, on peut monter en charge sans difficultĂ©. S’il faut en mĂȘme temps isoler tous les bĂątiments publics et isoler tous les bĂątiments privĂ©s qui changent de main, on peut crĂ©er au moins 100 ou 150.000 emplois.»

Une autre question va se poser si l’on rend obligatoire l’isolation de tous les logements : on a vu plus haut que la France manque dĂ©jĂ  de logements. Si, en permanence, 200.000 ou 300.000 logements sont inhabitables pendant quelques semaines parce qu’ils sont en travaux, cela va encore accroĂźtre les tensions sur le marchĂ© du logement ! C’est un vrai problĂšme
 sauf si on met en Ɠuvre en mĂȘme temps les propositions dĂ©veloppĂ©es plus haut : construire trĂšs massivement de nouveaux logements et ne pas laisser le marchĂ© dicter le niveau des loyers. Aux Pays-Bas ou en Allemagne, on voit grandeur nature qu’investir massivement dans le logement est une responsabilitĂ© collective (politique ou syndicale) et constitue en mĂȘme temps un investissement rentable, un excellent moyen de crĂ©er des emplois et un bon moyen de distribuer du pouvoir d’achat 6
 Pourquoi ne pas s’inspirer trĂšs vite de ce qui marche aux Pays-Bas et en Allemagne ?

Mettre en Ɠuvre le rapport de Nicholas Stern
PubliĂ© en octobre 2006, le rapport de Nicholas Stern sur l’économie du changement climatique soulignait en mĂȘme temps la gravitĂ© du dĂ©rĂšglement climatique et la gravitĂ© de la crise Ă©nergĂ©tique vers laquelle nous allons si nous ne sommes pas capables de diminuer trĂšs vite notre consommation d’énergie. Mais il apportait aussi un peu d’espoir en montrant qu’il n’était pas trop tard pour agir. Il dĂ©montrait de façon trĂšs claire que, dans chaque pays, pour lutter contre le dĂ©rĂšglement climatique comme pour baisser nos factures de pĂ©trole ou de gaz, il fallait investir chaque annĂ©e 1 % du PIB dans des travaux d’économies d’énergie : isoler nos maisons et nos appartements. Isoler nos usines et nos bureaux
 A l’époque, tout le monde avait applaudi Stern. Mais cinq ans plus tard, force est de constater qu’on ne l’a pas Ă©coutĂ© : investir 1 % du PIB chaque annĂ©e dans les Ă©conomies d’énergie ? Pour la France, cela signifierait mettre chaque annĂ©e 20 milliards sur la table. Aujourd’hui, le gouvernement met 100 fois moins alors que, en avril 2008, Nicolas Stern affirmait avoir « gravement sous-estimĂ© Â» l’ampleur des risques climatiques !

Pour Ă©viter que le dĂ©rĂšglement climatique n’atteigne un point de non-retour, il faudrait faire plus que ce que proposait Stern en 2006 mais, hĂ©las, on fait 100 fois moins. Pourtant, rĂ©pĂ©tons-le, nul ne peut douter de l’effet sur l’emploi qu’aurait une telle politique : dans toutes les rĂ©gions, dans tous nos bassins d’emplois, il faudrait embaucher des gens et les former pour rĂ©aliser ces travaux. C’est un immense chantier qu’il faut programmer, organiser et financer sur un grand nombre d’annĂ©es, mais qui peut contester son utilitĂ© ? En fĂ©vrier 2011, une Ă©tude allemande montrait qu’une telle politique pourrait crĂ©er 6 millions d’emplois au niveau europĂ©en.

 

Mettre en Ɠuvre le rapport de Nicholas Stern

Une économie de 1000 euros par an et par ménage
« Selon la Commission EuropĂ©enne, une telle politique d’économie d’énergie permettrait une Ă©conomie de 1.000 euros par mĂ©nage et par an. (
) On sait faire. Ce qui manque maintenant, c’est la volontĂ© politique» Ă©crivait HervĂ© Kempf, dans un Ă©ditorial du Monde le 2 mars 2011.

Comme le souligne le RĂ©seau Action Climat, « pour que cette mesure ne pĂšse pas sur le budget des mĂ©nages, il sera nĂ©cessaire de crĂ©er dans chaque rĂ©gion une sociĂ©tĂ© de tiers-investissement mĂȘlant les capitaux publics des collectivitĂ©s et les capitaux d’autres institutions, qui organisera et financera l’intĂ©gralitĂ© ou une partie des opĂ©rations de rĂ©novation. Les Ă©conomies d’énergie obtenues suite aux travaux constitueront la principale source du «loyer» qui rĂ©munĂ©rera ce tiers-investisseur. Étant donnĂ© l’ampleur du chantier et la longue durĂ©e des contrats (amortis sur 20 ou 25 ans), ces structures nĂ©cessiteront des garanties publiques. Â»

Un financement européen
Nicholas Stern montre bien que, vu l’évolution prĂ©visible du prix du pĂ©trole et vu le coĂ»t des dĂ©gĂąts du dĂ©rĂšglement climatique, il est tout Ă  fait rentable pour la collectivitĂ© d’investir massivement dans les Ă©conomies d’énergie. Mais qui amorce la pompe ? Qui apporte les premiers financements ?

Si la Banque centrale europĂ©enne est fidĂšle aux TraitĂ©s, elle doit veiller « Ă  la stabilitĂ© des prix Â». Elle doit tout faire pour que diminue le prix de la dette publique, on l’a dit plus haut. Elle doit aussi agir contre l’autre facteur d’inflation : l’augmentation des prix de l’énergie.

Dans un contexte de chĂŽmage de masse, il n’y a, hĂ©las, aucun risque d’inflation par les salaires (80 % des Allemands ont vu leur salaire rĂ©el diminuer depuis l’an 2000 !). L’inflation vient essentiellement de l’augmentation des prix du pĂ©trole : en quelques annĂ©es, le pĂ©trole est passĂ© de 25 Ă  100 dollars le baril.

Pour lutter contre la hausse des prix de l’énergie (mais aussi pour lutter contre le dĂ©rĂšglement climatique et crĂ©er massivement des emplois), la BCE doit mettre Ă  disposition de la Banque EuropĂ©enne d’Investissement Ă  des taux proches de 0 % de quoi financer un vaste Plan EuropĂ©en d’Economie d’Energie.

Si une telle politique permet en mĂȘme temps de faire baisser les prix de l’énergie, de crĂ©er massivement des emplois, de sortir de notre dĂ©pendance au pĂ©trole et de limiter notre production de gaz Ă  effet de serre, on voit mal pourquoi la Banque Centrale ne donne pas tous les moyens Ă  la Banque EuropĂ©enne d’investissement pour financer un dispositif qui pourrait ĂȘtre gĂ©rĂ©, de façon dĂ©centralisĂ©e, dans chaque rĂ©gion d’Europe.

DĂ©velopper les Ă©nergies renouvelables
Le dĂ©veloppement des Ă©nergies renouvelables reprĂ©sente, lui aussi, un gisement d’emploi considĂ©rable. La France a le premier massif forestier d’Europe mais la France est le pays qui utilise le plus d’électricitĂ© pour se chauffer : 80 % de l’électricitĂ© utilisĂ©e en Europe pour le chauffage est utilisĂ©e en France !

RĂ©pĂ©tons ce chiffre, tant il est scandaleux : 80 % de l’électricitĂ© utilisĂ©e dans toute l’Europe pour le chauffage des domiciles et des bureaux est utilisĂ©e en France ! Or, utiliser de l’électricitĂ© pour produire du chauffage est un non-sens total : le rendement Ă©nergĂ©tique est trĂšs mauvais et, en hiver, au moment oĂč des millions de gens rentrent chez eux et allument leur chauffage Ă©lectrique (en mĂȘme temps qu’ils allument la cuisiniĂšre et la tĂ©lĂ©vision), il faut allumer toutes les centrales au gaz et au charbon pour fournir l’électricitĂ© nĂ©cessaire. Le bilan CO2 du chauffage Ă©lectrique est catastrophique.

Comment expliquer que la France soit le seul pays d’Europe oĂč l’on a tellement dĂ©veloppĂ© ce type de chauffage ? Pourquoi la France qui dispose du premier massif forestier d’Europe n’a-t-elle pas dĂ©veloppĂ© davantage la production de chauffage Ă  partir de la biomasse ?

Voici quelques annĂ©es, Ă  Bruxelles, le Directeur GĂ©nĂ©ral de la Commission chargĂ© des questions Ă©nergĂ©tiques, qui s’amusait d’ĂȘtre parfois considĂ©rĂ© comme un indĂ©crottable « nuclĂ©airocrate Â», s’étonnait du peu de moyens investis pour dĂ©velopper les Ă©nergies alternatives : « On a mis des milliards pour dĂ©velopper le nuclĂ©aire. Pourquoi ne pas donner autant de moyens aux Ă©nergies alternatives ? Â»

Parce qu’il a pris au sĂ©rieux ces questions d’énergie renouvelable, le Danemark est devenu le leader mondial de la construction d’éoliennes. Des milliers de salariĂ©s danois travaillent aujourd’hui pour mettre au point et fabriquer des Ă©oliennes qui seront exportĂ©es aux quatre coins du globe.

De mĂȘme, la puissance de panneaux photovoltaĂŻques installĂ©s depuis dix ans en Allemagne atteint 16.000 MW. En France, on en a installĂ© 925 MW seulement. Dix-sept fois moins ! Et dĂ©but 2011, le gouvernement a dĂ©cidĂ© d’un moratoire en matiĂšre d’énergie solaire qui va coĂ»ter des dizaines de milliers d’emplois.

350.000 emplois créés en Allemagne
Le dĂ©veloppement des Ă©nergies renouvelables a dĂ©jĂ  permis de crĂ©er 350.000 emplois en Allemagne. Pourquoi, sur le solaire ou sur la biomasse, la France ne peut-elle pas investir autant que l’ont fait les Danois ou les Allemands ?

 

1 Le sol congelĂ© de la SibĂ©rie qui se dĂ©gĂšle quand la tempĂ©rature monte et libĂšre du mĂ©thane, qui a un impact plus important encore que le CO2 en terme de rĂ©chauffement climatique.

2 Pourquoi « diviser par 4″ ? C’est l’engagement pris en 2003 devant la CommunautĂ© internationale par la France : diviser par 4 notre production de gaz Ă  effet de serre d’ici 2050. Si l’on veut stabiliser la tempĂ©rature de l’atmosphĂšre, les climatologues estiment qu’il faut globalement diviser par 2 les Ă©missions de gaz Ă  effet de serre de l’humanitĂ©. Mais aujourd’hui les Ă©missions des pays riches sont nettement supĂ©rieures Ă  celles des pays en voie de dĂ©veloppement qui vont forcĂ©ment augmenter et converger vers le niveau atteint par celles des pays riches. A long terme, on voit mal en effet comment on pourrait diviser l’humanitĂ© en deux : d’un cĂŽtĂ©, ceux qui ont le droit de gaspiller (parce qu’ils gaspillent depuis longtemps) et, de l’autre, ceux qui doivent se serrer la ceinture (parce qu’ils ont longtemps Ă©tĂ© pauvres et qu’ils ont donc une certaine habitude de la frugalitĂ© ? ? ?). Si on considĂšre que le principe d’égalitĂ© s’impose en matiĂšre d’empreinte Ă©cologique comme dans bien d’autres domaines, les pays occidentaux doivent, le plus vite possible, diviser par 4 leur production de gaz Ă  effet de serre.

3 Le Plan B, Calmann LĂ©vy 2007.

4 l’ensemble des matiĂšres organiques d’origine vĂ©gĂ©tale (algues incluses), animale ou fongique pouvant devenir source d’énergie par combustion (ex : bois Ă©nergie), aprĂšs mĂ©thanisation (biogaz) ou aprĂšs de nouvelles transformations chimiques (agrocarburant)

5  Â»C’est maintenant ! 3 ans pour sauver le monde Â» Seuil. Janvier 2009

6 Les seuls perdants seraient ceux qui aujourd’hui profitent de l’augmentation scandaleuse des loyers.

11 - Deklari militon kontraĆ­ klimata malreguligo

Ĉiuj freƝdataj studoj montras ke la klimata malreguligo estas pli rapida kaj havas pli gravajn konsekvencojn ol oni anoncis antaĆ­ 5 aĆ­ 10 jaroj. La tuto de la okcidentaj landoj daĆ­re ĉiujare pli produktas forcejefikajn gasojn. Ĉinio inaĆ­guras ĉiusemajne unu aĆ­ du karbocentralojn. En Siberio, degelo de ĉiamfrosta grundo 1 liberigas en atmosferon grandajn kvantojn da metano
 Bilanco ? Produktado de CO2 kaj metano kreskas ĉiujare kaj oceanoj kaptas ilin malpli ol antaĆ­vidite
 Se nenio Ɲanĝiĝas, estas risko baldaĆ­ superi sojlon post kiu estos tre malfacile aĆ­ eĉ neeble reveni malantaĆ­en.

Se ni volas « gajni la rapidkuron Â» kaj savi nian planedon, ne sufiĉas  paroli pri « daĆ­riva evoluigo Â» aĆ­ efektivigi tre malrapide tre malmulte ambiciajn internaciajn konvenciojn. Se ni volas gajni tiun rapidkuron, se ni ne volas lasi al niaj infanoj nevivpovan planedon, necesas AGI. Necesas ke lando aĆ­ grupo da landoj ekagu kaj tre rapide montru pruvon « en vera grandeco Â» ke oni vere povas dividi per 4 la produktadon de forcejefikaj gasoj 2 sen renonci al agrabla vivo.

Internaciaj traktadoj estas ne malhaveblaj sed ili absolute ne sufiĉas. Necesas ke iu lando iru antaƭ la aliaj kaj tre rapide Ɲanĝu kaj laƭ radikala maniero siajn vivmanierojn. Necesas ke iu lando aƭ grupo da landoj pruvu ke reago eblas.

Kiel organizi reagon ?
La lasta libro de Lester Brown 3 estas tre interesa laĆ­ tiu vidpunkto. Li citas ekzemplon, kiu tute ne rilatas al medio sed montras kiel, se estas politika volo, eblas estigi reagon : iujn tagojn antaĆ­ atako al Pearl Harbor en decembro 1941, en granda alnacia parolado, prezidanto Roosevelt anoncis ke Usono ekmilitos kaj Roosevelt trudis kompletan reorganizadon de usona industrio : la parto la plej efika de usona ekonomio (aĆ­ta industrio) estis kvazaĆ­ rekviciita kaj metita al la servo de nur unu celo : konstrui aviojn kaj tankojn.

Kaj kiam la mastroj de aĆ­ta industrio venis por diri al li ke estos malfacile samtempe konstrui aviojn kaj aĆ­tojn, Roosevelt klarigis al ili ke ili ne bone komprenis : oni tute ĉesigas aĆ­tofabrikadon ! Oni metas 100 % de la disponebla povo por la unua celo : fabriki aviojn por prepari ekmilitadon. Kaj tio funkciis ! Post kelkaj monatoj, aĆ­toproduktado dividiĝis per 20 kaj la nombro de avioj, kiuj eliras el la fabrikoj superis la objektivon fiksitan de Roosevelt.

Ĉu nia lando deklaros militon kontraĆ­ klimata malreguligo kaj kreos ĉiujn postenojn necesajn por gajni tiun militon ? Se ni kapablas fari tian klopodon, estos pli facile konvinki poste la aliajn landojn en la mondo same fari ! Tio estas decidiga demando por nia estonteco.

« Por batali klimatan malreguligon, estas tri prioritatoj : 1. Ɲpari energion. 2. Ɲpari energion. 3. Ɲpari energion Â» klarigas fakulo pri tio. Se ni volas kreskigi niajn Ɲancojn por ĉesigi varmiĝon antaĆ­ ol ĝi superpasu neretroireblan punkton, necesas agi tre rapide, per maksimuma forto, por izoli ĉiujn konstruaÄ”ojn ( publikajn kaj privatajn), evoluigi renovigeblajn energiojn (aparte biomason 4 ) kaj akceli rearbarigon por sorbi maksimumon da CO2 (en EĆ­ropo kiel en la resto de la mondo)


Konsiderinda klopodo por izoli konstruaĔojn
Sekve de pintkonferenco "Grenelle de l’environnement", la registaro decidis krei alpruntojn je nula interezprocento por helpi tiujn, kiuj deziras fari izollaborojn. Tio estas simpatia sed tute nesufiĉa. En sia lasta libro 5, Jean-Marc Jancovici kaj Alain Grandjean antaĆ­metis proponon multe pli aĆ­dacan : devigi veran termikan diagnozon kaj necesajn izollaborojn, ĉiufoje kiam posedanto de domo aĆ­ apartemento Ɲanĝiĝas.

En Francio, nun, leĝo devigas tiun, kiu deziras vendi domon aƭ apartementon farigi diagnozon pri asbesto kaj diagnozon pri termitoj. Se tiuj du diagnozoj ne estas faritaj, laƭleĝe, la vendo ne povas okazi.

Same, nenio povas vendi aĆ­ton se teknika kontrolo ne estis farita kaj eventuale, se la identigitaj riparoj ne estas faritaj. Kial ne devigi veran diagnozon kaj laborojn por meti ĝin laĆ­ termikaj normoj antaĆ­ ol vendi aĆ­ ludoni ejon ? Fakte kiam la ejo estas malplena tiam estas plej facile fari laborojn. Neniu, kiu komprenis la gravecon de la situacio, devus oponi tiun proponon.

Konkrete, kiel ni faru ?
Konstruentreprenoj devos dungi kaj klerigi multajn laboristojn kaj konstruejestrojn : « Materialojn necesajn por konstruizolado, ni tion havas, diras konstrumastro al kiu la projekto estis submetita. Sed, dungi kaj klerigi homojn, tio ne eblas en 3 semajnoj ! Sed en unu jaro aĆ­ du, oni povas kreskigi povon sen problemo. Se samtempe necesas izoli publikajn konstruaÄ”ojn kaj izoli ĉiujn privatajn konstruaÄ”ojn, kiuj pasas al alia loĝanto, tiam oni povas krei 100 aĆ­ 150 000 postenojn. Â»

Alia problemo, kiu stariĝos se oni devigas izoladon de ĉiuj loĝejoj : ni vidis antaĆ­e ke en Francio jam mankas loĝejoj. Se, konstante, 200 000 aĆ­ 300 000 loĝejoj estas neloĝeblaj dum pluraj semajnoj ĉar estas laboroj en ili, tio ankoraĆ­ pli kreskigos streĉojn sur la loĝejmerkato ! Tio estas vera problemo
 escepte se oni samtempe efektivigas la proponojn prezentitajn antaĆ­e : tre amase konstrui novaÄ”n loĝejojn kaj ne lasi la merkaton trudi lupagan nivelon. En Nederlando aĆ­ en Germanio, oni vidas je normala skalo ke amasa investo en loĝado estas kolektiva responseco (politika aĆ­ sindikata) kaj konsistigas samtempe profitan investon, kiu estas bonega rimedo por krei postenojn kaj bona rimedo por disdoni aĉetpovon 6
 Kial ne tre rapide inspiriĝi per tio, kio funkcias en Nederlando aĆ­ en Germanio ?

Efektivigi la raporton de Nicholas Stern
Publikigita en oktobro 2006, la raporto de Nicholas Stern pri ekonomio de klimata Ɲanĝiĝo substrekis samtempe la gravecon de klimata malreguligo kaj la gravecon de energia krizo al kiu ni iras se ni ne kapablas tre rapide redukti nian energikonsumon. Sed li alportis ankaĆ­ iom da espero montrante ke ne tro malfruas por agi. Li tre klare demonstris ke, en ĉiu lando, por batali kontraĆ­ klimata malreguligo kaj por redukti niajn naftajn kaj gasajn fakturojn, necesas investi ĉiujare 1 % de MEP en energiƝparajn laborojn : izoli domojn kaj apartamentojn. Izoli fabrikojn kaj oficejojn
 Tiutempe, ĉiuj aplaĆ­dis Stern. Sed post kvin jaroj, oni devas nur konstati ke oni ne aĆ­skultis lin : investi 1 % de MEP ĉiujare en energiƝparojn ? Por Francio, tio signifus investi ĉiujare 20 miliardojn. Nun, la registaro elspezas 100-oble malpli kiam, en aprilo 2008, Nicolas Stern asertis esti « forte subtaksinta Â» la amplekson de klimataj riskoj !

Por eviti ke la klimata malreguligo atingu neretroireblan punkton, necesus fari pli ol tio, kion proponis Stern en 2006 sed, bedaĆ­rinde, oni faras 100-oble malpli. Tamen, ni ripetu ĝin, neniu povas dubi pri efiko al dungado, kiun havus tia politiko : en ĉiuj regionoj, en ĉiuj dungbasenoj, necesus dungi personojn kaj klerigi ilin por efektivigi tiujn laborojn. Tio estas grandega projekto, kiun oni devas plani, organizi kaj financi laĆ­longe de multaj jaroj, sed kiu povas kontesti ĝian utilecon ? En februaro 2011, germana studo montris ke tia politiko povus krei 6 milionojn da postenoj je eĆ­ropa nivelo.

 

Efektivigi la raporton de Nicholas Stern

Ɯparo de 1000 eƭroj ĉiujare kaj por ĉiu familio
« LaĆ­ eĆ­ropa komisiono, tia energiƝpara politiko ebligus Ɲpari 1 000 eĆ­rojn ĉiujare por ĉiu familio. (
) Oni scias fari. Kio mankas nun estas politika volo Â» skribis HervĂ© Kempf, en frontartikolo de "Le Monde" la 2-an de marto 2011.

Kiel substrekas "RĂ©seau Action Climat", « por ke tiu dispozicio ne Ɲarĝu familiajn buĝetojn, necesos krei en ĉiu regiono organizaÄ”on por triapartia investado arigantan publikan kapitalon de kolektivumoj kaj kapitalon de aliaj institucioj, kiu organizos kaj financos la tuton aĆ­ parton de la renovigaj operacioj. La energiƝparoj gajnitaj sekve de la laboroj konsistigos la ĉefan fonton de la « lupago Â», kiun enspezos tiu triapartia investanto. Pro amplekso de la projekto kaj daĆ­reco de kontraktoj (amortizitaj laĆ­ 20 aĆ­ 25 jaroj), tiuj strukturoj bezonos publikajn garantiojn. Â»

EĆ­ropa financado
Nicholas Stern bone montras ke, konsiderante antaĆ­videblan evoluon de naftoprezo kaj koston de damaĝoj pro klimata malreguligo, estas tute profite por kolektivumoj amase investi en energiƝparojn. Sed kiu prajmas ? Kiu alportas la unuajn financadojn ?

Se eĆ­ropa centra banko fidelas al traktatoj, ĝi devas gardi « prezstabilecon Â». Ĝi devas fari ĉion por redukti la koston de publika Ɲuldo, tion ni diris antaĆ­e. Ĝi devas agi ankaĆ­ kontraĆ­ alia inflacia faktoro : la kresko de energikosto.

En kunteksto de amasa senlaboreco, estas, bedaĆ­rinde, neniu risko pri inflacio per salajroj (80 % da germanoj travivis salajran redukton ekde 2000 !). Inflacio venas precipe per kresko de naftoprezo : en kelkaj jaroj, nafto supreniris de 25 al 100 dolaroj por barelo.

Por batali kontraĆ­ kresko de energikosto (sed ankaĆ­ por batali kontraĆ­ klimata malreguligo kaj amase krei postenojn), ECB devas prunti al EĆ­ropa Banko por Investado je procento proksima al 0 % por financi grandan eĆ­ropan planon por energiƝparo.

Se tia politiko ebligas samtempe redukti energikostojn, amase krei postenojn, eliri el nia dependeco al nafto kaj limigi produktadon de forcejefikaj gasoj, oni ne komprenus ke centra banko ne donus ĉiujn rimedojn al Eƭropa Banko por Investado por financi dispozicion, kiu povus estis regata laƭ malcentrigita maniero, en ĉiu regiono de Eƭropo.

Evoluigi renovigeblajn energiojn
AnkaĆ­ evoluigo de renovigeblaj energioj estas grandega postenmino. Francio havas plej multajn arbarojn en EĆ­ropo, sed Francio estas la lando, kiu uzas plej multan elektron por hejti sin : 80 % da elektro uzata en EĆ­ropo por hejtado estas uzata en Francio !

Ni ripetu tion, tiom skandala ĝi estas : 80 % da elektro uzata en tuta EĆ­ropo por hejtado de hejmoj kaj oficejoj estas uzata en Francio ! Nu, uzi elektron por hejti estas absoluta absurdaÄ”o : la energia rendimento estas tre malbona kaj, vintre, kiam milionoj da personoj rehejmeniras kaj aktivigas sian elektran hejtadon (samtempe ili aktivigas siajn kuirilon kaj televidilon), necesas aktivigi ĉiujn gas- kaj karbo-centralojn por provizi la necesan energion. La bilanco de CO2 de elektra hejtado estas katastrofa.

Kiel klarigi ke Francio estas la sola lando en EĆ­ropo kie oni tiel disvastigis tiun tipon de hejtado ? Kial Francio, kiu havas la plej grandan arbaran vastecon en EĆ­ropo ne pli multe kreskigis hejtadon per biomaso ?

AntaĆ­ kelkaj jaroj, en Bruselo, la ĝenerala direktoro de la komisiono komisiita pri energio, kiu amuziĝis ĉar li estis konsiderata kiel needukebla « nuklekrato Â», miris pri la malmulto de la rimedoj investitaj por evoluigi alternativajn energiojn : « Oni metis miliardojn por evoluigi nuklean energion. Kial ne doni same multajn rimedojn al alternativaj energioj ? Â»

Ĉar ĝi serioze konsideris tiun problemon de renovigebla energio, Danlando fariĝis la monda gvidanto por konstruado de ventcentraloj. Miloj da danaj laboristoj laboras nun por alĝustigi kaj fabriki ventcentralojn, kiujn ĝi eksportos ĉien en la mondo.

Same, la potenco de la fotovoltaaj tabuloj instalitaj de dek jaroj en Germanio atingas 16 000 MW. En Francio, oni instalis nur 925 MW. Deksep-oble malpli ! Kaj ekde komenco de 2011, la registaro decidis moratorion pri suna energio, kiu kostos dekojn da miloj da postenoj.

350 000 postenoj kreitaj en Germanio
Evoluigo de renovigeblaj energioj jam ebligis krei 350 000 postenojn en Germanio. Kial, pri suna aĆ­ biomasa energio, Francio ne kapablas investi tiom, kiom danoj aĆ­ germanoj faris ?

 

1 La ĉiamfrosta grundo de Siberio, kiu degelas, kiam temperaturo kreskas kaj liberigas metanon, kiu multe pli kreskigas klimatan malreguligon ol CO2.

2 Kial « dividi per 4 ? Â» Tio estis promeso decidita en 2003 antaĆ­ internacia homaro por Francio : dividi per 4 nian produktadon de forcejefika gaso antaĆ­ 2050. Se oni volas stabiligi atmosferan temperaturon, klimatologoj taksas ke necesas dividi per 2 forcejefikajn gasojn en la mondo. Sed nun, la produktado de forcejefika gaso en riĉaj landoj estas multe superaj al tiuj de evolulandoj, kiuj devige kreskos kaj konverĝos al la nivelo atingita en riĉaj landoj. En longa tempo, oni malfacile vidas, kiel oni povus dividi la homaron en du partojn : unuflanke, tiujn, kiuj rajtas malƝpari (ĉar ili malƝparas de longa tempo) kaj, aliflanke, tiujn, kiuj devas limigi sin (ĉar ili longtempe estis malriĉaj kaj do kutimas al sobreco ? ? ?). Se oni konsideras ke principo de egaleco trudas sin en ekologia spuro same kiel en aliaj sektoroj, la okcidentaj landoj devas, kiel eble plej rapide, dividi per 4 sian produktadon de forcejefika gaso.

3 Le Plan B, Calmann LĂ©vy, 2007.

4 la tuto de la organikaj materioj vegetaldevenaj (inkluzive algaj), bestaj aĆ­ fungaj, kiuj povas fariĝi energifontoj per brulo (ekz. : ligno energio), post metanigo (biogaso) aĆ­ post novaj kemiaj transformoj (agrokarburaÄ”o)

5 Â»Nun ni devas agi ! 3 jarojn por savi la mondon Â» "Seuil", januaro 2009

6 La solaj perdantoj estus tiuj, kiuj nun profitas de skandala kresko de lupagoj.

 

12 – DĂ©velopper l’économie sociale et solidaire

DĂ©velopper l’Economie sociale et solidaire (ESS) est un Ă©lĂ©ment clĂ© du changement de sociĂ©tĂ© que nous appelons de nos vƓux. L’ESS ouvre en effet la voie d’un modĂšle Ă©conomique et social au service des citoyens, au plus prĂšs des territoires. Elle cherche Ă  produire et Ă  rĂ©partir plus Ă©quitablement les richesses, Ă  animer un projet Ă©conomique de maniĂšre plus respectueuse des personnes, de l’environnement et des territoires. C’est une Ă©conomie qui rassemble, qui a dĂ©jĂ  fait les preuves de son efficacitĂ© et qui peut se dĂ©velopper dans tous les domaines.

L’Économie Sociale et Solidaire reprĂ©sente dĂ©jĂ  aujourd’hui plus de 10 % des salariĂ©s et 14% de l’emploi privĂ©, soit 2,3 millions de personnes qui travaillent dans plus de 210.000 Ă©tablissements. Par ailleurs, 19 millions de Français adhĂšrent Ă  une mutuelle de santĂ© ; plus de 20 millions sont sociĂ©taires d’une banque coopĂ©rative ; 20,7 millions sont sociĂ©taires d’une mutuelle d’assurance ; on dĂ©nombre entre 11 et 14 millions de bĂ©nĂ©voles et plus d’un Français sur 4 adhĂšrent Ă  une association.

Pour faire de l’ESS un acteur clĂ© du nouveau modĂšle que nous voulons construire, nous devons absolument lui donner les moyens, ce qui suppose d’agir dans quatre grands axes :

1/ Une loi de programmation 2013/2017 Ă©tablie en concertation avec les acteurs de l’ESS, dĂ©finira les principales rĂšgles de base de l’économie sociale et solidaire et ses objectifs prioritaires d’investissement et de dĂ©veloppement. Elle assurera la reprĂ©sentation Ă©quitable de l’ESS Ă  tous les niveaux d’orientation et de dĂ©cisions Ă©conomiques et en particulier celle de ses employeurs dans les organismes Ă  gestion paritaire et dans le cadre des nĂ©gociations collectives qui concernent leurs secteurs d’activitĂ©. Elle crĂ©era un haut-commissariat interministĂ©riel proche du ministĂšre des finances.

2/ Une politique contractuelle entre l’Etat, les collectivitĂ©s territoriales, et tous les acteurs de l’ESS Les rĂ©gions, dans le cadre de leur schĂ©ma directeur, passeront avec l’Etat des contrats plans rĂ©gions pour rĂ©pondre aux besoins d’emplois de qualitĂ©, donner Ă  tous Ă  accĂšs Ă  un habitat et organiser une rĂ©ponse adaptĂ©e aux soins mĂ©dico-sociaux.

Elles soutiendront les projets de pĂŽles de coopĂ©ration, contribuant Ă  mutualiser les acteurs du dĂ©veloppement durable. Cette politique s’appuiera sur des indicateurs Ă©laborĂ©s collĂ©gialement et qui intĂšgreront des facteurs de dĂ©veloppement durable et de mieux vivre. Ceux-ci seront encadrĂ©s par des instances rĂ©gionales qui veilleront Ă  leur cohĂ©rence dans le cadre des principes fixĂ©s dans la loi de programmation ;

L’utilisation de clauses sociales dans les marchĂ©s publics devra ĂȘtre sĂ©rieusement dĂ©veloppĂ©e.

Cette politique contractuelle doit permettre aux associations de jouer leur plein rĂŽle dans l’offre de service sans ĂȘtre soumises Ă  la pression excessive du marchĂ©.

3/ Une dĂ©mocratisation des pouvoirs Ă  tous les niveaux par la participation des toutes les parties aux processus de dĂ©cision (notamment par celle des salariĂ©s dans la gouvernance des entreprises), par la transparence des rĂ©munĂ©rations et la rĂ©duction de leurs Ă©carts, par la lutte contre les exclusions et les discriminations.

4/ Un financement Ă  la mesure des enjeux par une banque publique d’investissement consacrant un quart des crĂ©dits octroyĂ©s aux structures de l’Economie sociale et solidaire, mais aussi par le renforcement des outils de financement solidaires (banques et assurances Ă©thiques, mutuelles et coopĂ©ratives, fonds d’investissement, fonds de garanties).

La banque publique et ces outils financiers permettront par leur dĂ©clinaison territoriale, une rĂ©orientation de notre politique industrielle et commerciale et donc le financement de l’ESS en cohĂ©rence avec ces prioritĂ©s. Ils devront Ă©galement bĂ©nĂ©ficier de la dynamique de l’épargne solidaire.

12 - Kreskigi socialan kaj solidaran ekonomion

Kreskigi socialan kaj solidaran ekonomion (SSE) estas Ɲlosila elemento por sociƝanĝo, kiun ni deziregas. SSE malfermas vojon al ekonomia kaj sociala modelo serve al civitanoj, plej proksime al lokoj. Ĝi celas produkti kaj pli ĝuste disigi riĉaÄ”ojn, aktivigi ekonomian projekton laĆ­ maniero pli respekta al personoj, medio kaj teritorioj. Tio estas ekonomio, kiu arigas, kiu jam pruvis sian efikecon kaj kiu povas funkcii en ĉiuj sektoroj.

En sociala kaj solidara ekonomio estas jam pli ol 10 % el salajruloj kaj 14% el privata postenaro, t.e 2,3 milionoj da personoj, kiuj laboras en pli ol 210 000 entreprenoj. Aliflanke, 19 milionoj da francoj kontraktis kun mutualisma sanentrepeno ; pli ol 20 milionoj estas anoj de kooperativa banko ; 20,7 milionoj estas anoj de mutualisma asekurentrepreno ; estas inter 11 kaj 14 milionoj da volontuloj kaj pli ol unu franco el 4 estas asociano.

Por fari de SSE Ɲlosilan ludanton en la nova modelo, kiun ni volas konstrui, ni devas absolute doni al ĝi rimedojn, kio supozas agi laĆ­ kvar grandaj direktoj :

1/ Planadleĝo 2013/2017 redaktota kunlabore kun ludantoj de SSE, difinos la ĉefajn bazajn regulojn de sociala kaj solidara ekonomio kaj ties prioritatajn objektivojn en investado kaj disvastigo. Ĝi certigos ĝustan reprezentadon de SSE je ĉiuj direktaj kaj ekonomidecidaj niveloj kaj aparte tiun de ties dungantoj en regparaj organizaÄ”oj kaj en kolektivaj traktadoj, kiuj koncernas iliajn agsektorojn. Ĝi kreos interministerian altan komisarejon proksiman al ministerio pri financoj.

2/ Kontrakta politiko inter Ɲtato, teritoriaj kolektivumoj kaj ĉiuj ludantoj de SSE Regionoj, en sia direkta skemo, subskribos kun la Ɲtato regionajn plankontraktojn por respondi al la bezonoj de kvalitaj postenoj, doni al ĉiuj aliron al loĝejo kaj organizi respondon adaptitan al medicinaj-socialaj flegoj.

Ili apogos projekton de kunlaborpolusoj, kontribuante mutualigi la aktorojn de daĆ­riva evoluigo. Tiu politiko apogos sin sur indikiloj kune prilaboritaj kaj kiuj integros faktorojn de daĆ­riva evoluigo kaj de vivplibonigo. Tiuj ĉi estos inspektataj de regionaj instancoj, kiuj zorgos pri ilia kohereco enkadre de la principoj fiksitaj en la planadleĝo ;

Uzo de socialaj klaĆ­zoj en publikaj kontraktoj devos estis multe pli enkondukitaj.

Tiu kontrakta politiko devus ebligi al asocioj plene ludi en la servoferto sen estis submetitaj al escesa merkatpremo.

3/ Demokratigo de povoj je ĉiuj niveloj per partopreno de ĉiuj partioj en decidprocezo (aparte per partopreno de salajruloj en entreprenregado), per travidebleco de laborpagoj kaj redukto de ties diferencoj, per batalo kontraĆ­ eksigoj kaj diskrimacioj.

4/ Financado je nivelo de vetgajno per publika banko por investo metanta kvaronon de la disponeblaj kreditoj al strukturoj de sociala kaj solidara ekonomio, sed ankaĆ­ per plifortigo de solidaraj financiloj (etikaj bankoj kaj asekurkompanioj, mutualismaj entreprenoj kaj kooperativoj, investfondusoj, garantifondusoj).

La publika banko kaj tiuj financiloj ebligos, per teritoria deklinacio, redirektadon de nia industria kaj komerca politiko kaj do financadon de SSE kohere kun tiuj prioritatoj. Ili devos ankaƭ profiti per dinamiko de solidara Ɲparo.

 

13 – NĂ©gocier un autre partage du temps de travail

et un autre partage des revenus

« La question du temps de travail mĂ©rite mieux que le dĂ©bat caricatural que nous avons eu il y a quelques annĂ©es, affirmait le 23 octobre 2010 le PrĂ©sident de la Commission Emploi du MEDEF. Aujourd’hui, il est trĂšs difficile de trouver un emploi stable avant 28 ou 30 ans. Puis, entre 30 et 40 ans, on demande aux gens de travailler plein-pot et de tout rĂ©ussir en mĂȘme temps : leur vie privĂ©e et leur vie professionnelle. Puis vers 55 ans, on les jette comme de vieux mouchoirs tout en leur demandant de cotiser plus longtemps. Objectivement, cela n’a pas de sens, continuait BenoĂźt Roger-Vasselin devant une assistance Ă©tonnĂ©e. Il faut rouvrir le dĂ©bat sur une autre rĂ©partition du temps de travail tout au long de la vie.»

Le partage du travail actuel est un non-sens :

  • d’un cĂŽtĂ© tous ceux et celles qui font 0 heures par semaine car ils sont au chĂŽmage.
  • de l’autre, tous ceux qui travaillent plein pot (et parfois trop) : la durĂ©e rĂ©elle d’un plein temps est supĂ©rieure Ă  38 heures d’aprĂšs l’INSEE
  • au milieu, toutes celles et ceux qui galĂšrent avec des petits boulots Ă  temps partiel, sur la semaine ou sur l’annĂ©e.

Cette forme de partage du travail est un non-sens car elle provoque une Ă©norme souffrance aussi bien du cĂŽtĂ© de ceux qui travaillent 0 heure par semaine que du cĂŽtĂ© de ceux qui travaillent plein-pot mais acceptent de plus en plus des emplois stressants ou mĂ©diocrement payĂ©s car ils ont peur d’ĂȘtre dans le prochain plan social (« si tu n’es pas content, va voir ailleurs Â»). Ce partage du travail profite essentiellement aux actionnaires dont les revenus n’ont jamais Ă©tĂ© aussi Ă©levĂ©s.

33,7 heures, durée moyenne du travail aux Etats Unis.
D’une façon ou d’une autre, un certain « partage du travail Â» existe dans tous les pays : aux Etats-Unis, avant mĂȘme la crise des subprimes, il y avait tellement de petits boulots Ă  10 ou 15 heures par semaine que la durĂ©e moyenne du travail Ă©tait de 33,7 heures. Ces chiffres contredisent tout ce qu’on nous a dit et rĂ©pĂ©tĂ© sur le « miracle amĂ©ricain Â» mais ce sont les chiffres officiels : en 2005, avant la crise, au moment oĂč les Etats-Unis connaissaient encore une forte croissance, la durĂ©e moyenne pour ceux qui avaient un travail Ă©tait infĂ©rieure Ă  34 heures quand la durĂ©e moyenne -tous emplois confondus- Ă©tait en France de 36,3 heures.

 

33,7 heures, durée moyenne du travail aux Etats Unis.

30,05 heures en Allemagne
De mĂȘme, en Allemagne, les chiffres du MinistĂšre du Travail indiquent que, avant la crise de 2008, avant la mise en place du KurzArbeit, quand l’Allemagne Ă©tait prĂ©sentĂ©e comme un modĂšle de plein emploi, la durĂ©e moyenne sans compter les chĂŽmeurs Ă©tait de 30,3 heures. Elle est tombĂ©e Ă  30,05 heures en 2010.

 

30,05 heures en Allemagne

33,7 heures de durée moyenne aux Etats-Unis, 30,05 heures en Allemagne
 Dans tous nos pays, que nous le voulions ou non, on produit plus avec moins de travail.

Nous sommes en train de vivre une rĂ©volution telle que l’humanitĂ© n’en a jamais connue.
Alors qu’il avait fallu 140 ans pour que la productivitĂ© soit multipliĂ©e par deux entre 1820 et 1960, elle a depuis Ă©tĂ© multipliĂ©e par CINQ. La rĂ©volution industrielle du XIXĂšme siĂšcle ou l’invention du travail Ă  la chaĂźne au dĂ©but du XXĂšme siĂšcle sont des gains de productivitĂ© presque ridicules au regard de ceux rĂ©alisĂ©s depuis trente ans.

 

La productivité en France depuis 1820

C’est du jamais vu. Une vraie rĂ©volution ! Jamais dans l’histoire de l’humanitĂ©, on n’avait connu un tel bouleversement. GrĂące Ă  la multiplication des robots et des ordinateurs, la productivitĂ© du travail humain a progressĂ© de façon inouĂŻe. Le phĂ©nomĂšne est mondial mais la France est l’un des tout premiers pays du monde en terme de productivitĂ©.

La France est l’un des pays du monde qui a la meilleure productivitĂ© du travail.

« J’ai fait un calcul rarement effectuĂ©, explique Jacques Marseille, Professeur Ă  la Sorbonne. J’ai divisĂ© le PIB français par la productivitĂ© d’un travailleur britannique ou japonais. Avec leur niveau de productivitĂ©, qui est largement infĂ©rieur au nĂŽtre, il nous faudrait 5 millions de travailleurs en plus pour produire la mĂȘme chose. Autant dire que le chĂŽmage ne serait plus un problĂšme en France
 Â»

Le Figaro 2 fĂ©vrier 2004

C’est un point fondamental. Absolument fondamental pour comprendre l’ « exception française Â» : nous avons une productivitĂ© trĂšs forte. Les Anglais ou les Japonais, qui ne sont pourtant pas des imbĂ©ciles, ont une productivitĂ© nettement plus faible que la nĂŽtre : selon Eurostat, si la productivitĂ© horaire 1 est en moyenne de 100 pour l’Europe des 15, elle est de 118 en France et de 95 seulement en Grande Bretagne.

L’écart de productivitĂ© est de l’ordre de 20 % entre nos deux pays : le volume de richesse produit par heure travaillĂ©e en France est supĂ©rieur de 20 % Ă  celui du Royaume-Uni et supĂ©rieur de 32 % Ă  celui de l’Italie !

VoilĂ  qui amĂšne Ă  relativiser trĂšs nettement les critiques sur la mĂ©diocritĂ© des Français et de leur systĂšme Ă©ducatif
 Sans doute, notre systĂšme Ă©ducatif peut-il ĂȘtre amĂ©liorĂ© (nul ne le conteste !) mais si nous sommes, parmi les pays occidentaux, celui dont la productivitĂ© a le plus augmentĂ© depuis 25 ans, c’est peut-ĂȘtre que tout n’est pas Ă  jeter dans notre Ă©cole, nos centres de formation professionnelle et notre UniversitĂ© !

RĂ©pĂ©tons le : « avec le niveau de productivitĂ© des Anglais ou des Japonais, qui est largement infĂ©rieur au nĂŽtre, il nous faudrait 5 millions de travailleurs en plus pour produire la mĂȘme chose. Le chĂŽmage ne serait plus un problĂšme en France « 

Le Figaro, auquel tous ces problĂšmes de productivitĂ© avaient sans doute Ă©chappĂ© quand la RTT Ă©tait au centre du dĂ©bat public en France, a dĂ©couvert depuis l’importance fondamentale de la question :

« Les gains de productivitĂ© ne laissent que trĂšs peu de place Ă  la crĂ©ation de postes. L’an dernier, mĂȘme avec une croissance de 9 %, la Chine n’a vu le total des heures travaillĂ©es sur son territoire augmenter que de 1 % !

Il faut cesser de se lamenter sur les dĂ©localisations. Cela ne porte que sur de trĂšs petits nombres. Les gains de productivitĂ© dĂ©truisent bien plus d’emplois. Â»

Le Figaro 27 janvier 2006

 

Production Industrielle et emploi industriel aux USA

En 1933, Albert EINSTEIN expliquait dĂ©jĂ  que la mauvaise utilisation des gains de productivitĂ© des annĂ©es 1910-1925 (Ford et Taylor, Cf Charlot dans Les temps modernes) Ă©tait la cause fondamentale de la crise : « Cette crise est singuliĂšrement diffĂ©rente des crises prĂ©cĂ©dentes. Parce qu’elle dĂ©pend de circonstances radicalement nouvelles conditionnĂ©es par le fulgurant progrĂšs des mĂ©thodes de production.

 

Pour la production de la totalitĂ© des biens de consommation nĂ©cessaires Ă  la vie, seule une fraction de la main d’Ɠuvre disponible devient indispensable. Or, dans ce type d’économie libĂ©rale, cette Ă©vidence dĂ©termine forcĂ©ment un chĂŽmage (
).

Ce mĂȘme progrĂšs technique qui pourrait libĂ©rer les hommes d’une grande partie du travail

Albert Einstein

nĂ©cessaire Ă  leur vie est le responsable de la catastrophe actuelle.» Ă©crivait Einstein avant de demander une « baisse de la durĂ©e lĂ©gale du travail Â»

33,7 heures de durĂ©e moyenne aux Etats-Unis. 31,4 heures de durĂ©e moyenne aux Pays-Bas. 30 heures de durĂ©e moyenne en Allemagne. 
 Il faut en finir avec les faux dĂ©bats : si l’on intĂšgre les gains de productivitĂ© colossaux rĂ©alisĂ©s dans toutes nos Ă©conomies depuis 40 ans, le dĂ©bat n’est plus « pour ou contre la RTT ? Â» mais plutĂŽt « quelle RTT ? Â» RTT organisĂ©e par le marchĂ© (prĂ©caritĂ©, stress et concurrence permanente) ou RTT organisĂ©e par le dĂ©bat, le rĂ©fĂ©rendum et la nĂ©gociation ?

La cause fondamentale de la crise
VoilĂ  la principale explication du chĂŽmage et de la prĂ©caritĂ© qui rongent nos sociĂ©tĂ©s depuis 30 ans, voilĂ  donc la cause fondamentale de la crise qui a Ă©clatĂ© depuis cinq ans : notre incapacitĂ© collective Ă  gĂ©rer des gains de productivitĂ© colossaux. Car ces gains sont vraiment considĂ©rables : en trente ans, l’économie française produit 76 % de plus avec 10 % de travail en moins. Depuis 1974, le volume total de production a presque doublĂ© mais le total des heures travaillĂ©es (tous secteurs confondus) est passĂ© de 41 milliards d’heures Ă  36,9 milliards (Insee). Or, dans le mĂȘme temps, grĂące au baby-boom et grĂące au travail des femmes, la population active disponible passait de 22,3 Ă  27,2 millions de personnes.

Du fait des gains de productivitĂ©, l’économie a besoin de 10 % de travail en moins mais, dans le mĂȘme temps, le nombre de personnes disponibles a augmentĂ© de 23 % ! Un Ă©cart de 33 % s’est donc creusĂ© entre l’offre et la demande de travail.

RĂ©sumons la situation :

  • Depuis 1974, le PIB a presque doublĂ© : jamais nous n’avons connu une telle abondance !
  • Depuis 1974, la productivitĂ© a fait des bons de gĂ©ant : jamais nous n’avons Ă©tĂ© aussi efficaces !
  • Depuis 1974, le nombre de femmes qui travaillent a fortement augmentĂ© et notre natalitĂ© est la meilleure d’Europe : jamais nous n’avons Ă©tĂ© aussi nombreux Ă  vouloir travailler !

En soi, ces trois Ă©volutions devraient ĂȘtre trois bonnes nouvelles. Mais comme notre contrat social est bloquĂ©, comme la durĂ©e rĂ©elle du travail a trĂšs peu baissĂ© depuis trente ans (et que la crise amĂšne Ă  des rĂ©flexes de crispation plus que de changement), cette accumulation de bonnes nouvelles aboutit Ă  un scandale, Ă  un non-sens absolu : au lieu de profiter Ă  tous, les gains de productivitĂ©, fruits de l’effort de tous, dĂ©bouchent sur un chĂŽmage massif pour certains et sur une stagnation des salaires et un stress croissant pour d’autres.

Un Ă©cart de 33 % s’est creusĂ© entre l’offre de travail et la demande de travail.
Si, dans le mĂȘme temps, la durĂ©e individuelle du travail avait baissĂ© de 33 %, le chĂŽmage serait restĂ© Ă  son faible niveau de 1974. Mais la durĂ©e du travail pour un emploi normal a trĂšs peu baissĂ© : la durĂ©e rĂ©elle a baissĂ© de 4 % entre 1997 et 2002 (Insee juillet 2005) et, depuis 2002, en multipliant les « assouplissements Â», la droite a rĂ©ussi Ă  annuler quasiment toute la baisse due aux 35 heures.

Selon l’étude Emploi de l’Insee publiĂ©e en 2008, si l’on intĂšgre les heures supplĂ©mentaires, la durĂ©e du travail pour un salariĂ© Ă  temps plein est revenue Ă  38 heures ! On lit et on entend partout que « la France est passĂ©e Ă  35 heures Â» mais, en rĂ©alitĂ©, selon l’Insee, la durĂ©e rĂ©elle d’un temps plein est supĂ©rieure Ă  38 heures en moyenne.

Paradoxe inexplicable ! Jamais nous n’avons injectĂ© autant d’intelligence dans le systĂšme Ă©conomique, mais jamais nous n’avons mis aussi peu d’intelligence pour faire Ă©voluer notre systĂšme social. Il faut sortir de ce non sens. Il faut mettre fin au scandale.

« Il faut passer Ă  4 jours, 32 heures, sans Ă©tape intermĂ©diaire. C’est le seul moyen d’obliger les entreprises Ă  crĂ©er des emploi Â» affirmait Antoine RIBOUD, le fondateur de BSN Danone en septembre 1993. « Il faut baisser la durĂ©e du travail de 20 Ă  25 % d’ici 2015 Â» affirmait la Commission BOISSONAT en 1995.

« Une baisse de la durĂ©e du travail Ă  30 heures permettrait de reconstituer une vie familiale et une vie privĂ©e Â» Ă©crivait Edgar MORIN dans Pour une politique de Civilisation.

Depuis son CongrĂšs de Montpellier, en 1995, la CFDT demande une loi cadre pour aller Ă  32 heures. Comment financer une telle rĂ©duction du temps de travail ? En activant les dĂ©penses de chĂŽmage, comme le propose la CFDT depuis 20 ans, on peut financer les crĂ©ations d’emplois sans nuire Ă  la compĂ©titivitĂ© des entreprises. Plus de 400 entreprises sont dĂ©jĂ  passĂ©es Ă  la semaine de 4 jours sans augmenter d’un euro leurs coĂ»ts de production et en crĂ©ant massivement des emplois.

 

32 heures

En pĂ©riode de crise, il est plus facile de jouer sur les peurs et de parler au cerveau reptilien que de parler Ă  l’intelligence et au cerveau citoyen.

En 1917, quand Henry Ford affirmait qu’il fallait des rĂšgles collectives pour augmenter les salaires (afin d’augmenter la consommation), quand Kellog passait ses usines Ă  30 heures -et augmentait les salaires de 12 %- pour « donner du travail Ă  300 chefs de famille Â», ils ont Ă©tĂ© moquĂ©s par les autres patrons amĂ©ricains. En pĂ©riode de crise, le bon sens ne veut-il pas que l’on travaille plus en gagnant un peu moins ? Ce bon sens reptilien a conduit Ă  la crise de 1929.

Ce mĂȘme bon sens inspire aujourd’hui les leaders de la droite quand ils incitent chacun Ă  travailler plus. En rĂ©alitĂ©, le seul moyen de rĂ©Ă©quilibrer le marchĂ© du travail pour augmenter vraiment les salaires, le meilleur moyen aussi de sauver les retraites, c’est de s’attaquer frontalement au chĂŽmage. Ce qui passe (entre autres actions) par une forte baisse du temps de travail.

Beaucoup, Ă  gauche, ont peur d’ĂȘtre ridicules en parlant Ă  nouveau du temps de travail : on en a dĂ©jĂ  tellement parlĂ©. Et puis, faut-il vraiment faire le bilan des 35 heures ? Les 35 heures devaient ĂȘtre une Ă©tape vers les 4 jours – 32 heures, mais qui s’en souvient ? On a peur d’ĂȘtre ridicule. On a peur de faire « rĂ©chauffĂ© Â». Mais la peur n’est pas forcĂ©ment bonne conseillĂšre. Serons-nous capables de nous ressaisir et d’ouvrir un vrai dĂ©bat sur cette question cruciale avant que la prĂ©caritĂ© gĂ©nĂ©ralisĂ©e ne dĂ©bouche sur une crise majeure ?

Michel Rocard et Pierre Larrouturou
Le Nouvel Observateur 21 octobre 2004

Le dossier du temps de travail doit ĂȘtre rouvert et dĂ©battu sans tabou. Sans doute faut-il l’aborder avec une mĂ©thode diffĂ©rente de celle employĂ©e dans les annĂ©es 90, en ayant une vision de l’ensemble des temps sociaux (temps de travail, formation, retraites, temps personnel
) et en laissant plus de place Ă  la nĂ©gociation mais la question du temps de travail sur laquelle la droite s’est tellement acharnĂ©e depuis 9 ans ne peut pas devenir un sujet tabou Ă  gauche.

Sans doute faut-il aussi nous inspirer des mĂ©thodes de nĂ©gociation qui ont donnĂ© de meilleurs rĂ©sultats dans d’autres pays d’Europe. Tout cela est vrai mais il serait absolument dramatique que la question du temps de travail reste un sujet tabou Ă  gauche.

Entre 1900 et 1970, on a divisĂ© par deux le temps de travail : on est passĂ© de 7 jours de travail Ă  6, puis de 6 jours Ă  5. Quant Ă  la journĂ©e de travail, elle est passĂ©e de 12 heures Ă  8. Et les salariĂ©s gagnaient progressivement 5 semaines de vacances. En 70 ans, alors que la productivitĂ© augmentait assez peu, on a divisĂ© par 2 le temps de travail. Mais depuis le dĂ©but des annĂ©es 1970, alors que la productivitĂ© a fait des bonds de gĂ©ants, nous ne sommes plus capables de faire Ă©voluer notre contrat social : Ă  peu de chose prĂšs, Ă  38 heures en moyenne, la durĂ©e rĂ©elle d’un emploi Ă  temps plein est la mĂȘme qu’il y a trente ans !

Jamais on a fait autant de productivitĂ© mais jamais nos dirigeants n’ont Ă©tĂ© aussi peu capables de d’en tenir compte. L’histoire sera sans doute sĂ©vĂšre avec les politiques qui refusent aujourd’hui de dĂ©battre sĂ©rieusement des gains de productivitĂ© et du temps de travail.

Wassenaar 2012
Les accords de Waasenar ont Ă©tĂ© signĂ©s en 1982 par les syndicats et le patronat hollandais avec le soutien actif de l’Etat. Les Pays-Bas connaissaient Ă  l’époque un chĂŽmage massif (9 % de chĂŽmage officiel et plus de 13 % de personnes placĂ©es en invaliditĂ©). A l’issue de plusieurs semaines de nĂ©gociation tripartite (syndicats, patronats, Etat), un nouveau pacte social a Ă©tĂ© rendu public. Il portait aussi bien sur les salaires que sur le temps de travail, la formation, les retraites et la fiscalité 

Ces accords de Wassenaar ont permis de diminuer le total « chĂŽmage + invaliditĂ© Â» de moitiĂ©. Tous les problĂšmes n’étaient pas rĂ©glĂ©s mais ces accords apportaient la preuve que, par le dialogue, en mettant tout sur la table, en prenant le temps d’approfondir la discussion, en acceptant des concessions rĂ©ciproques (« on simplifie le droit du travail mais on sĂ©curise vraiment les salariĂ©s Â»), on peut faire reculer nettement le chĂŽmage et la prĂ©caritĂ©.

Pendant longtemps, les accords de Wassenaar ont Ă©tĂ© considĂ©rĂ©s comme ce qui se faisait de mieux en matiĂšre de contrat social. Mais, en 2004, l’assassinat de Theo Van Gogh a profondĂ©ment Ă©branlĂ© la sociĂ©tĂ© nĂ©erlandaise : on s’est rendu compte qu’un certain « bien-ĂȘtre social Â» ne suffit pas pour faire sociĂ©tĂ©. L’équilibre social est nĂ©cessaire mais pas suffisant. Le « chacun a un travail mais chacun reste chez soi, dans sa communautĂ© Â» n’est pas vivable Ă  long terme. VoilĂ  pourquoi, en 2012, on ne peut plus penser la cohĂ©sion sociale comme on le faisait en 1982 : les questions d’identitĂ©, les questions d’habitat, les questions d’éducation (y compris l’éducation Ă  la non-violence, l’éducation Ă  la laĂŻcitĂ©), les questions de lien social et d’intimitĂ© doivent ĂȘtre prises en compte.

En s’inspirant de ce qui s’est fait aux Pays-Bas, mais en essayant d’en tirer toutes les leçons, il est fondamental, d’organiser trĂšs vite en France une nĂ©gociation semblable Ă  celle de Wassenaar. Ce n’est pas par des dĂ©crets ou des lois rĂ©digĂ©es en petit comitĂ© que l’on sortira notre pays de la crise. Le temps du dĂ©bat et le temps de la nĂ©gociation sont fondamentaux.

Si la gauche gagne en 2012, il faut immĂ©diatement ouvrir une nĂ©gociation sociale ; prendre 2 ou 3 mois pour tout mettre sur la table avec les partenaires sociaux (retraites, chĂŽmage, financement de la protection sociale
) et accoucher d’un nouveau contrat social qui sera ensuite soumis Ă  rĂ©fĂ©rendum. Le rĂ©fĂ©rendum permet d’avoir un dĂ©bat public et permet ensuite, si le Oui l’emporte, de garantir une trĂšs grande stabilitĂ© aux nouvelles rĂšgles du jeu. Cette question de la stabilitĂ© est essentielle car les chefs d’entreprises comme les syndicalistes se plaignent trĂšs souvent de l’instabilitĂ© des rĂšgles en matiĂšre sociale.

Lutter contre les inégalités de revenu
Au total, si l’on met en Ɠuvre l’ensemble de nos propositions 2, on peut crĂ©er plus de deux millions d’emplois en 5 ans. CrĂ©er un tel volume d’emploi est sans doute le meilleur moyen d’éviter la rĂ©cession 3 et le meilleur moyen de rĂ©Ă©quilibrer la nĂ©gociation sur les conditions de travail ou sur les salaires.

Mais, pour lutter contre les inĂ©galitĂ©s de revenu, un dĂ©bat doit ĂȘtre organisĂ© au Parlement pour dĂ©finir quels sont les inĂ©galitĂ©s de revenus maximales que l’on peut accepter dans une RĂ©publique qui a choisi comme principes fondamentaux la LibertĂ© mais aussi l’EgalitĂ© et la FraternitĂ©.

Pendant trĂšs longtemps, notre Ă©conomie a fonctionnĂ© sans qu’aucun dirigeant n’ait un revenu supĂ©rieur Ă  20 fois le salaire de base. 20 fois le SMIC, c’est dĂ©jĂ  considĂ©rable ! Aujourd’hui, un nombre croissant de femmes et d’hommes ont des revenus infĂ©rieurs au salaire minimum et d’autres, au contraire, ont des revenus 30 fois, 100 fois ou 400 fois plus Ă©levĂ©s.

Le Parlement doit dĂ©battre de ce niveau d’inĂ©galitĂ© qui est un non-sens aussi bien Ă©thique qu’économique. Ce dĂ©bat doit permettre d’étudier tous les moyens concrets dont dispose le politique pour lutter contre ces inĂ©galitĂ©s. Pourquoi la commande publique ne serait-elle pas rĂ©servĂ©e aux entreprises dont les Ă©carts de salaires sont conformes aux valeurs de la RĂ©publique ?

1 Le volume de richesses matĂ©rielles produit en une heure, en moyenne, dans le pays.

2 Investir massivement dans le logement, Investir massivement dans les Ă©conomies d’énergie et les Ă©nergies renouvelables, SĂ©parer les banques d’affaires et les banques de dĂ©pĂŽt ce qui les conduira Ă  investir plus dans les PME, DĂ©velopper l’économie sociale et solidaire, Lutter contre les dĂ©localisations, nĂ©gocier autre partage du travail


3 Si 2 millions de personnes ou de familles voient arriver un nouveau revenu et si les autres s’inquiĂštent moins pour leur avenir, cela ne peut avoir qu’un effet bĂ©nĂ©fique pour l’économie.

13 - Trakti pri alia divido de labortempo

kaj alia divido de enspezoj

« La temo labortempo meritas pli ol la karikatura debato, kiu okazis antaĆ­ kelkaj jaroj, asertis la 23-an de oktobro 2010, la prezidanto de komisiono pri postenaro de MEDEF (mastraro). Nun, estas malfacile trovi stabilan postenon, kiam oni estas malpli ol 28-jara aĆ­ 30-jara. Poste, inter 30-jara kaj 40-jara, oni postulas al personoj plentempe labori kaj sukcesigi ĉion samtempe : privatan kaj profesian vivon. Poste, kiam proksimume 55-jara, oni Ä”etas ilin kiel malnovajn naztukojn tamen postulante al ili plupagi kotizojn pli longtempe. Objektive, tio estas absurdaÄ”o, daĆ­rigis BenoĂźt Roger-Vasselin antaĆ­ miranta ĉeestantaro. Necesas remalfermi la debaton pri alia divido de labortempo laĆ­longe de vivo.»

Nuna divido de laboro estas absurdaÄ”o :

  • unuflanke, ĉiuj, kiuj laboras dum 0 horo ĉiusemajne ĉar ili estas senlaboruloj.
  • aliflanke, ĉiuj, kiuj plentempe laboras (kaj ofte tro) : la reala tempodaĆ­reco de plentempa posteno superas 38 horojn laĆ­ INSEE
  • meze, ĉiuj, kiuj malfacilege vivas per parttempaj laboretoj ĉiusemajne aĆ­ jare.

Tiu formo de labordivido estas absurdaÄ”o ĉar ĝi suferegigas kaj flanke de tiuj, kiuj tute ne laboras kaj flanke de tiuj, kiuj plentempe laboras sed pli kaj pli akceptas stresajn aĆ­ malaltege pagitajn postenojn ĉar ili timas esti en la venonta sociala plano (« se ci ne estas kontenta, iru eksteren Â»). Tiu labordivido precipe profitas al akciuloj, kies enspezoj neniam estis tiom altaj.

33,7 horoj, meza labordaĆ­ro en Usono.
Iumaniere aĆ­ alimaniere, « labordivido Â» ekzistas en ĉiuj landoj : en Usono, eĉ antaĆ­ la krizo de subpruntoj, estis tiom da laboretoj je 10 aĆ­ 15 horoj semajne ke meza labordaĆ­ro estis 33,7 horoj. Tiuj nombroj kontraĆ­diras ĉion, kion oni diris kaj ripetis al ni pri « usona miraklo Â» sed tiuj nombroj estas oficialaj : en 2005, antaĆ­ la krizo, kiam Usono estis en forta kresko, la meza labordaĆ­ro estis por tiuj, kiuj havis laboron, malpli ol 34 horoj, kiam la meza labordaĆ­ro - inkluzivante ĉiujn postenojn - estis en Francio 36,3 horoj.

 

33,7 horoj, meza labordaĆ­ro en Usono.

30,05 horoj en Germanio
Same, en Germanio, la nombroj de ministerio pri laboro indikas, ke antaƭ la krizo de 2008, antaƭ la starigo de KurzArbeit, kiam Germanio estis prezentita kiel modelo de plentempaj postenoj, la meza labordaƭro, sen inkluzivigi la senlaborulojn, estis 30,3 horoj. Ĝi falis al 30,05 horoj en 2010.

 

30,05 horoj en Germanio

33,7 horoj por meza labordaƭro en Usono, 30,05 horoj en Germanio
 En ĉiuj niaj landoj, vole aƭ nevole, oni produktas pli per malpli da laboro..

Ni ja travivas revolucion, kiun homaro neniam konis.
Kiam necesis 140 jaroj por duobligi produktadon inter 1820 kaj 1960, de tiam ĝi kvinobliĝis. La industria revolucio de la 19-a jc aƭ invento de ĉenlaboro komence de la 20-a jc estas produktivgajnoj preskaƭ ridindaj kompare al tiuj faritaj de tridek jaroj.

 

Produktiveco en Francio ekde 1820

Tio neniam estis vidita. Vera revolucio ! Neniam en homara historio, oni travivis tian malordigon. Dank'al multiĝoj de robotoj kaj komputiloj, produktado de homlaboro progresis laĆ­ eksterordinara maniero. La fenomeno estas monda, sed Francio estas unu el la unuaj en la mondo laĆ­ produktiveco.

Francio estas unu el la landoj en la mondo, kiuj havas la plej bonan laborproduktivecon.

« Mi faris malofte faritan kalkulon, klarigas Jacques Marseille, profesoro en Sorbono. Mi dividis la francan MEP per produktiveco de brita kaj japana laboristo. Kun ilia nivelo de produktiveco, kiu estas multe malpli ol nia, necesus 5 pliaj milionoj da laboristoj por same produkti ol ni. Tio dirigas, ke senlaboreco ne plu estus problemo en Francio
 Â»

"Le Figaro" la 2-an de februaro 2004

Tio estas fundamenta punkto. Absolute fundamenta por kompreni la « francan escepton Â» : ni havas tre fortan produktivecon. Britoj aĆ­ japanoj, kiuj tamen ne estas stultaj, havas produktivecon multe pli malaltan ol nia : laĆ­ Eurostat, se hora produktiveco 1 estas meze 100 por EĆ­ropo el 15 landoj, ĝi estas 118 en Francio kaj nur 95 en Britio.

La diferenco de produktiveco estas proksimume 20 % inter niaj du landoj : la volumeno de riĉajoj produktitaj en laborita horo en Francio estas supera je 20 % al tiu de Unuiĝinta Reĝlando kaj supera je 32 % al tiu de Italio !

Jen kio kondukas al vera relativigo de la kritikoj pri malboneco de francoj kaj ties eduka sistemo
 Sendube, nia eduka sistemo estas plibonigebla (neniu kontestas tion !) sed, se ni estas, inter la okcidentaj landoj, tiu, kies produktiveco plej kreskis de 25 jaroj, tio eble signifas ke ĉio ne estas Ä”etinda en niaj lernejoj, el niaj profesiklerigaj centroj kaj el niaj universitatoj !

Ni ripetu tion : « kun la nivelo de produktiveco de britoj aĆ­ japanoj, kiu estas multe malpli alta ol nia, necesus 5 pliaj milionoj da laboristoj por same produkti. Senlaboreco ne plu estus problemo en Francio « 

Le Figaro, kiu ne rimarkis ĉiujn tiujn problemojn de produktiveco, kiam labortempa redukto (LTR) estis temo de publika debato en Francio, malkovris de tiam la fundamentan gravecon de tiu temo :

« Gajnoj en produktiveco ne multe favoras postenkreon. Lastan jaron, eĉ kun kresko je 9 %, en Ĉinio la sumo de laboritaj horoj kreskis nur je 1 % !

Necesas ĉesigi plendadojn pri delokadoj. Ili estas nur etaj nombroj. Gajnoj de produktiveco detruas multe pli da postenoj. Â»

Le Figaro, la 27-an de januaro 2006

 

Industriaj produktado kaj postenaro en Usono

Jam en 1933, Albert EINSTEIN klarigis ke malbona uzo de gajnoj en produktiveco en la 1910-1925-aj jaroj (Ford et Taylor, Vd Ĉarloto en modernaj tempoj) estis fundamenta kaĆ­zo de la krizo : « Tiu krizo ege malsamas al antaĆ­aj krizoj. Ĉar ĝi dependas de tute novaj cirkonstancoj truditaj de fulma progreso en produktadmetodoj.

 

Por produktado de ĉiuj konsumvaroj necesaj por vivo, nur parto de disponebla laborfortoj fariĝas nemalhavebla. Nu, en tiu tipo de liberala ekonomio, tiu evidentaÄ”o generas senlaborecon (
).

Albert Einstein

« Tiu sama teknika progreso, kiu povus liberigi homojn de granda parto de la laboro necesa por iliaj vivoj, responsas pri la nuna katastrofo.» skribis Einstein antaĆ­ ol peti « redukton de laĆ­leĝa labordaĆ­ro Â»

33,7 horoj por meza labordaĆ­ro en Usono, 31,4 horoj en Nederlando, 30 horoj en Germanio
 Necesas ĉesigi la falsajn debatojn : se on integras la kolosajn gajnojn en produktiveco akiritaj en ĉiuj niaj ekonomioj de 40 jaroj, la debato ne plu estas « por aĆ­ kontraĆ­ labortempa redukto ? Â» sed pli ĝuste « kia LTR ? Â» LTR organizita de merkato (malsolideco, streso kaj konstanta konkurenco) aĆ­ LTR organizita per debato, referendumo aĆ­ traktado ?

La fundamenta kaĆ­zo de la krizo
Jen la ĉefa klarigo de senlaboreco kaj de malsolideco, kiuj korodas niajn sociojn de 30 jaroj, jen do la fundamenta kaĆ­zo de la krizo, kiu eksplodis antaĆ­ kvin jaroj : nia kolektiva nekapablo regi kolosajn gajnojn en produktiveco. Ĉar tiuj gajnoj estas vere grandegaj : en tridek jaroj, la franca ekonomio produktas 76 % pli per 10 % pli da laboro. Ekde 1974, la tuta produktadvolumeno preskaĆ­ duobliĝis sed la tuto de la laboritaj horoj (en ĉiuj sektoroj) malaltiĝis de 41 miliardoj da horoj al 36,9 miliardoj (INSEE). Nu, samtempe, dank'al bebeksplodo kaj dank'al virinlaboro, la disponebla aktiva loĝantaro kreskis de 22,3 al 27,2 milionoj da personoj.

Pro gajnoj en produktiveco, la ekonomio bezonas 10 % malpli da laboro sed, samtempe, la nombro de disponeblaj personoj kreskis je 23 % ! Diferenco de 33 % kreskinta inter labor-oferto kaj -mendo.

Ni resumu la situacion :

  • Ekde 1974, MEP preskaĆ­ duobliĝis : neniam ni atingis tian abundecon !
  • Ekde 1974, produktiveco gigante paƝis : neniam ni estis tiom efikaj !
  • Ekde 1974, la nombro de virinoj, kuj laboras forte kreskis kaj nia naskokvanto estas la plej bona en EĆ­ropo : neniam tiuj, kiuj volas labori, estis tiom multaj !

Tiuj tri evoluoj devus esti tri bonaj novaÄ”oj. Sed ĉar nia sociala kontrakto estas fiksita, ĉar la efektiva labordaĆ­ro malmulte reduktiĝis de tridek jaroj (kaj ke la krizo instigas al kuntiriĝo pli ol al Ɲanĝo), tiu akumulo de bonaj novaÄ”oj kondukas al skandalo, al absoluta absurdaÄ”o : anstataĆ­ profiti al ĉiuj, la gajnoj en produktiveco, fruktoj de klopodo de ĉiuj, kondukas al amasa senlaboreco por iuj kaj al stagnado de salajroj kaj kreska streso por aliaj.

Diferenco de 33 % kreskis inter labor-oferto kaj -mendo.
Se, samtempe, la individua labordaĆ­ro estintus malkreski je 33 %, senlaboreco estus restinta je la malalta nivelo de 1974. Sed labordaĆ­ro por normala posteno tre malmulte malkreskis : la efektiva daĆ­ro malkreskis je 4 % inter 1997 kaj 2002 (INSEE, julion 2005) kaj, ekde 2002, multigante « fleksigojn Â», la dekstra registaro sukcesis nuligi preskaĆ­ la tutan malkreskon Ɲulditan al la leĝo pri 35-hora labordaĆ­ro en semajno.

LaĆ­ studo pri postenaro de INSEE publikigita en 2008, se oni integras la suplementajn horojn, la labordaĆ­ro por plentempa salajrulo revenis al 38 horoj ! Oni legas kaj aĆ­das ĉie, ke « Francio adoptis 35 horojn Â» sed, fakte, laĆ­ INSEE, la efektiva labordaĆ­ro de plentempa posteno meze superas 38 horojn.

Neklarigebla paradokso ! Neniam ni enmetis tiom da inteligenteco en la ekonomian sistemon, sed neniam oni metis tiom malmulte da inteligenteco en nian socialan sistemon. Necesas eliri el tiu absurdaÄ”o. Necesa ĉesigi tiun skandalon.

« Necesas adopti 4-tagan semajnon kun 32 horoj, sen intera Ɲtupo. Tio estas la sola rimedo por devigi entreprenojn krei postenojn Â» asertis Antoine RIBOUD, fondinto de BSN Danone, en septembro 1993. « Necesas redukti labordaĆ­ron je 20 Ă  25 % antaĆ­ 2015 Â» asertis komisiono BOISSONAT en 1995.

Le Monde

« Redukto de labordaĆ­ro al 30 horoj ebligus rekrei familian kaj privatan vivon Â» skribis Edgar MORIN en " Pour une politique de Civilisation" (esperantlingve "por civilizacia politiko").

Ekde sia kongreso en Montpellier, en 1995, sindikato CFDT petis kadran leĝon por iri al 32 horoj. Kiel financi tian redukton de labortempo ? Aktivigante la elspezojn de senlaboreco, kiel proponas CFDT de 20 jaroj, oni povas financi postenkreon sen malutili al konkuriveco de entreprenoj. Pli ol 400 entreprenoj jam adoptis la 4-tagan semajnon sen kreskigi per unu eĆ­ro siajn produktadkostojn kaj amase kreante postenojn.

 

32 horoj

En krizperiodo, estas pli facile ludi per timoj kaj paroli al la reptilia cerbo ol paroli al inteligenteco kaj civitana cerbo.

En 1917, kiam Henry Ford asertis ke necesis kolektivaj reguloj por kreskigi salajrojn (por kreskigi konsumadon), kiam Kellog pasigis siajn fabrikojn al 30 horoj - kaj plialtigis salajrojn je 12 % - por « doni laboron al 300 familiestroj Â», ili estis mokitaj de aliaj usonaj mastroj. En krizperiodo, saĝo konsilas pli labori gajnante malpli ? Tiu reptilia saĝo kondukis al krizo en 1929.

Tiu sama saĝo inspiras nun la dekstrajn gvidantojn, kiam ili instigas ĉiujn al plia laboro. Fakte, la sola rimedo por reekvilibrigi la labormerkaton, por vere kreskigi la salajrojn, la plej bona rimedo ankaƭ por savi pensiojn, estas fronte ataki senlaborecon. Kio iras (inter aliaj agoj) per forta redukto de labortempo.

Multaj maldekstre, timas ridindiĝi parolante denove pri labortempo : oni jam tiom parolis pri tio. Kaj poste, ĉu vere necesas fari bilancon de la 35 horoj ? La 35 horoj devis esti etapo al 4 tagoj kun 32 horoj, sed kiu memoras tion ? Oni timas ridindiĝi. Oni timas « revarmigi Â» temon. Sed timo ne ĉiam bone konsilas. Ĉu ni kapablos sin remastri kaj malfermi veran debaton pri tiu fundamenta temo antaĆ­ ol ĝeneraligita malsolideco konduku al gravega krizo ?

Michel Rocard kaj Pierre Larrouturou
"Le Nouvel Observateur" la 21-an de oktobro 2004

La dosierujo pri labortempo devas estis remalfermita kaj sentabue debatata. VerƝajne necesas konsideri ĝin per metodo malsama al tiu uzita en la 1990-aj jaroj, kun vido al la tuto de la socialaj tempoj (labortempo, klerigo, pensioj, propra tempo
) kaj lasante pli vastan spacon al traktado sed la temo de labortempo, sur kiu la dekstruloj furiozis de 9 jaroj ne povas fariĝis tabua temo por maldekstruloj.

VerƝajne necesas ankaƭ inspiriĝi per traktadmetodoj, kiuj donis plibonajn rezultojn en aliaj landoj en Eƭropo. Ĉio tio estas vera sed estus absolute drame se la temo labortempo restu tabua temo por maldekstruloj.

Inter 1900 kaj 1970, oni duonigis labortempon : oni iris de 7 labortagoj al 6, poste de 6 tagoj al 5. La taga labortempo iris de 12 horoj al 8. Kaj la salajruloj progresive gajnis 5 semajnojn da ferioj. En 70 jaroj, kvankam produktiveco malmultete kreskis, oni duonigis labortempon. Sed ekde la komenco de la 1970-aj jaroj, kvankam produktiveco kreskis per gigantaj paƝoj, ni ne plu kapablas evoluigi nian socialan kontrakton : proksimume, je 38 horoj meze, la efektiva labordaĆ­ro de plentempa posteno estas la sama kiel antaĆ­ tridek jaroj !

Neniam oni estis tiom produktivaj sed neniam niaj registoj estis malmulte kapablaj konsideri ĝin. Historio verƝajne estos severa pri politikistoj, kiuj nun rifuzas serioze debati pri gajnoj en produktiveco kaj labortempo.

Wassenaar 2012
Interkonsentoj de Waasenar estis subskribitaj en 1982 de nederlandaj sindikatoj kaj mastraro kun aktiva subteno de la Ɲtato. Nederlando tiutempe travivis amasan senlaborecon (9 % da oficiala senlaboreco kaj pli ol 13 % da personoj lokitaj en nevalidecon). Post pluraj semajnoj de tripartia traktado (sindikatoj, mastraro kaj Ɲtato), nova sociala pakto estis publikigita. Ĝi temis pri salajroj, labortempo, klerigo, pensioj kaj impostoj


Tiuj interkonsentoj de Wassenaar ebligis duonigi la tuton « senlaboreco + malvalideco Â». Ĉiuj problemoj ne estis solvitaj sed tiuj interkonsentoj pruvis, ke per dialogo, surtabligante ĉion, prenante la necesan tempon por profundigi la diskuton, akceptante reciprokajn koncedojn (« oni simpligas laborjuron sed oni vere sekurigas salajrulojn Â»), oni povas nete retropeli senlaborecon kaj malsolidecon.

Dum longa tempo, interkonsentoj de Wassenaar estis konsiderataj kiel plej bona faro pri sociala kontrakto. Sed, en 2004, la murdo de Theo Van Gogh profunde Ɲancelis la nederlandan socion : oni konstatis ke « sociala bonstato Â» ne sufiĉas por konsistigi socion. Sociala ekvilibro necesas sed ne sufiĉas. Pozicio « Ä‰iu havas laboron sed ĉiu restas hejme, en sia komuna homaro Â» ne estas vivpova longtempe. Jen kial, en 2012, oni ne plu povas imagi socialan kunligiĝon kiel oni faris en 1982 : la temoj identeco, loĝo, eduko (inkluzivante edukon al neperforto, al laikeco), sociala ligilo kaj intimeco devas estis ankaĆ­ konsiderataj.

Inspiriĝante de tio, kio estis farita en Nederlando, sed provante eltiri sperton, fundamente estas tre rapide organizi en Francio traktadon similan al tiu de Wassenaar. Ne per dekretoj aƭ per leĝoj redaktitaj per komitatetoj, ni elirigos nian landon el la krizo. La tempo por debato kaj traktado estas fundamenta.

Se maldekstro gajnas en 2012, necesas tuj malfermi socialan traktadon ; utiligi 2 aĆ­ 3 monatojn por surtabligi ĉion kun socialaj partneroj (pensioj, senlaboreco, financado de sociala protektado
) kaj naskigi novan socialan kontrakton, kiu estos submetita al referendumo.. Referendumo ebligos publikan debaton kaj poste se Jes gajnas, ebligos garantii tre grandan stabilecon de la novaj ludreguloj. Stabileco estas esenca ĉar entreprenestroj same kiel sindikatistoj tre ofte plendas pri nestabileco de socialaj reguloj.

Batali kontraƭ enspezaj neegalaĔoj
Entute, se oni efektivigas la tuton de niaj proponoj 2, oni povas krei pli ol du milionojn da postenoj en 5 jaroj. Krei tian volumenon da postenoj estas verƝajne la plej bona rimedo por eviti recesion 3 kaj la plej bona rimedo por reekvilibrigi la traktadon pri laborkondiĉoj aĆ­ pri salajroj.

Sed, por batali kontraƭ enspezaj neegalaĔoj, debato devas esti organizata en la parlamento por difini kiuj estas la maksimumaj enspezaj malegalaĔoj, kiujn oni povas akcepti en respubliko, kiu elektis kiel fundamentajn principojn liberecon sed ankaƭ egalecon kaj fratecon.

Dum tre longa tempo, nia ekonomio funkciis kun mastroj sen enspezo supera al 20-oblo de la baza salajro. 20-oble la SMIC (minimuma salajro), tio estas jam grandega! Nun, kreskanta nombro da virinoj kaj viroj havas enspezojn sub la minimuma salajro kaj aliaj, male, havas enspezojn 30-oble, 100-oble aƭ eĉ 400-oble pli altaj.

La parlamento devas debati pri tiu nivelo de neegaleco, kiu estas absurdaÄ”o kaj etika kaj ekonomia. Tiu debato devas ebligi esploradon de ĉiuj konkretaj rimedoj, kiuj disponeblas al politikistoj por batali kontraĆ­ tiujn neegalaÄ”ojn. Kial la publika mendo ne estus rezervita al entreprenoj, kies diferencoj inter salajroj konformas al valoroj de la respubliko ?

1 La volumeno de la materialaj riĉaÄ”oj produkteblaj en unu horo, meze, en nia lando.

2 Amase investi en loĝadon, amase investi en energiƝparojn kaj renovigeblajn energiojn, dividi aferbankojn disde deponbankoj, kio kondukos ilin al pligranda investo en EMEj, plikreskigi socialan kaj solidaran ekonomion, batali kontraĆ­ delokadoj, trakti alian labordividon


3 Se 2 milionoj da personoj aĆ­ familioj ekricevas novan enspezon kaj se la aliaj malpli maltrankviliĝas pri sia estonteco, tio povas nur profiti al ekonomio.

 

14 – Faire Ă©clore la dĂ©mocratie en Europe

changer radicalement les institutions

«L’élargissement rend indispensable une rĂ©forme fondamentale des institutions, affirmait Joschka Fischer, le Ministre allemand des affaires Ă©trangĂšres, le 12 mai 2000. Comment imaginer un Conseil europĂ©en Ă  30 chefs d’Etat ? Avec les institutions actuelles, comment parvenir encore Ă  agir ? Comment Ă©viter que les compromis ne soient de plus en plus Ă©tranges et que l’intĂ©rĂȘt des Citoyens pour l’Union ne finisse par tomber bien en dessous de zĂ©ro ?  Il existe une rĂ©ponse toute simple: le passage Ă  un systĂšme entiĂšrement parlementaire.»

Dans un systĂšme intergouvernemental (le systĂšme actuel), il n’y a que des CHEFS d’Etat et des CHEFS de gouvernement autour de la table de dĂ©cision. Sur une question importante, mettre un CHEF en minoritĂ© est quasi-impossible car c’est prendre le risque d’humilier tout son pays
 Il faut donc que les 27 soient d’accord, Ă  l’unanimitĂ©, pour que l’on change le contenu d’une politique.

 

systĂšme intergouvernemental

Avec un tel systĂšme, aucune alternance n’est possible. La paralysie est assurĂ©e. Et quand les politiques sont paralysĂ©s, ce sont les technocrates ou le marchĂ© qui font la loi.

Alors que si l’on adoptait un systĂšme parlementaire, comme le proposaient les Allemands en 2000, des dĂ©putĂ©s europĂ©ens de tel ou tel pays pourraient ĂȘtre mis en minoritĂ© sans drame national puisque d’autres dĂ©putĂ©s europĂ©ens du mĂȘme pays seraient, eux, dans la majorité  C’est bien un dĂ©bat politique (droite/ gauche/
) qui est tranchĂ© dans un Parlement et non un combat entre nations.

 

systĂšme parlementaire

Ce n’est pas en amĂ©liorant la bougie qu’on a inventĂ© l’ampoule Ă©lectrique. Ce n’est pas en mettant quelques rustines aux institutions conçues en 1950 pour 6 pays que l’on fera naĂźtre une Europe dĂ©mocratique. Si l’on adoptait le fonctionnement parlementaire proposĂ© par Joschka Fischer, l’ensemble de la Commission, le Gouvernement europĂ©en, serait d’une seule couleur politique (celle qui a la majoritĂ© au Parlement europĂ©en). Il n’interviendrait que sur les questions sur lesquelles un pays isolĂ© n’a plus vraiment de souverainetĂ©, celles sur lesquelles nous devons absolument nous unir pour ĂȘtre efficaces : dĂ©fense, diplomatie, monnaie, recherche, sĂ©curitĂ© intĂ©rieure, environnement, rĂ©gulation de la mondialisation


Elaguer les compétences
«Les problĂšmes du XXIĂš siĂšcle ne peuvent ĂȘtre rĂ©solus avec les peurs et les recettes des XIX et XXĂš siĂšcles, affirmait Joschka Fischer. Une rĂ©partition prĂ©cise des compĂ©tences entre la FĂ©dĂ©ration et les Etats nations devrait laisser Ă  la FĂ©dĂ©ration uniquement les questions demandant Ă  ĂȘtre rĂ©glĂ©es impĂ©rativement au niveau europĂ©en tandis que le reste demeurerait de la compĂ©tence des Etats. Il en ressortirait une FĂ©dĂ©ration Ă©laguĂ©e, capable d’agir et comprĂ©hensible pour ses citoyens parce qu’elle aurait surmontĂ© son dĂ©ficit dĂ©mocratique Â» concluait le Ministre allemand dans un discours qui reste totalement d’actualitĂ©.

Qui ferait quoi ?

Parlement et gouvernement européen Diplomatie, Défense, Sécurité intérieure, Monnaie, Recherche, Politique agricole, Commerce, Développement durable

Parlement et gouvernement national Éducation, SantĂ©, Culture, Logement, Emploi, Retraites
Parlement et gouvernement régional Entretien des lycées et des routes, Développement économique, coordination formation des adultes

 


En rĂ©alitĂ©, il n’est pas nĂ©cessaire d’avoir la mĂȘme organisation dans tous les pays. Nous devons seulement nous mettre d’accord sur les domaines oĂč l’Europe est nĂ©cessaire pour retrouver une vraie capacitĂ© d’agir : non pas la taille des bananes et le calibre des avocats, mais la diplomatie, la dĂ©fense, la recherche, la rĂ©gulation de la mondialisation, etc


Pour toutes les autres questions, chaque pays fait comme il le veut : en France, les programmes scolaires sont Ă©tablis au niveau national alors qu’en Belgique, c’est l’Echevin municipal qui en est largement responsable. Si l’un de nos deux pays voulait changer sa tradition sur ce point, cela mettrait des milliers de gens dans la rue


On peut trĂšs bien avoir une diplomatie et une recherche communes en conservant des traditions diffĂ©rentes dans d’autres domaines. Aux Etats-Unis, les lois et les modes de vie sont trĂšs diffĂ©rents en Floride et au Texas. De mĂȘme, en Inde, le KĂ©rala et le Rajahstan ont des organisations sociales et des cultures assez diffĂ©rentes. Cela ne les empĂȘche pas d’appartenir Ă  une mĂȘme fĂ©dĂ©ration.

Inde

 

L’exemple indien est trĂšs intĂ©ressant. C’est la plus grande dĂ©mocratie du monde. Sa constitution est une constitution clairement fĂ©dĂ©rale : l’Union indienne ne s’occupe que des domaines pour lesquels un des 28 Etats, s’il Ă©tait isolĂ©, n’aurait pas les moyens d’agir (Diplomatie, dĂ©fense, recherche, monnaie,
). Et la Constitution indienne comporte une sorte de TraitĂ© social qui rassure les Etats qui ont un systĂšme social assez avancĂ© comme le KĂ©rala.

GrĂące Ă  ce TraitĂ© social, ils sont sĂ»rs de ne pas rĂ©gresser, de ne pas ĂȘtre tirĂ©s vers en bas. MĂȘme si le gouvernement Ă©lu au niveau de l’Union est trĂšs peu social, le KĂ©rala et ses 32 millions d’habitants sont certains de pouvoir garder leurs avancĂ©es en matiĂšre de logement, d’éducation ou de santĂ©.

Si l’on adoptait un systĂšme parlementaire, le gouvernement europĂ©en serait dĂ©signĂ© par la majoritĂ© du Parlement europĂ©en pour mettre en Ɠuvre le projet exposĂ© aux citoyens avant les Ă©lections europĂ©ennes. Il aurait cinq ans pour mettre en Ɠuvre ce projet (le Conseil des Chefs d’Etat n’ayant qu’un rĂŽle limitĂ©, comme le SĂ©nat en France).

L’Europe disposerait d’une fiscalitĂ© propre : impĂŽt sur les bĂ©nĂ©fices, Ă©cotaxe ou taxe Tobin amĂ©liorĂ©e, un impĂŽt votĂ© par le Parlement europĂ©en financerait la dĂ©fense, la diplomatie, la recherche, la politique agricole, les fonds structurels


Tous les 5 ans, les Ă©lections europĂ©ennes seraient l’occasion de vrais dĂ©bats politiques. Les citoyens pourraient faire le bilan de la majoritĂ© sortante et dĂ©cider de lui donner ou non 5 ans de plus
 L’Europe aurait les moyens d’agir efficacement et rapidement sur tous les dossiers oĂč la dĂ©cision politique est aujourd’hui paralysĂ©e par l’unanimitĂ©.

La proposition de Joschka Fischer, assez proche de ce que proposaient dĂ©jĂ  Wolfgang SchĂ€uble et Karl Lamers en 1994, aurait l’intĂ©rĂȘt aussi de respecter le principe fondamental de toute dĂ©mocratie : un homme, une voix. Un dĂ©putĂ© Ă©lu Ă  Malte ayant le mĂȘme poids qu’un dĂ©putĂ© Ă©lu en Allemagne ; le vote d’un citoyen Polonais au moment des Ă©lections europĂ©ennes ayant le mĂȘme poids que le vote d’un Espagnol alors que dans le systĂšme intergouvernemental actuel, sur toutes les grandes questions, le poids de Malte Ă©quivaut au poids de l’Allemagne (alors que sa population est 206 fois plus faible), ce qui n’est pas trĂšs dĂ©mocratique !

La proposition Delors
Si l’on renforce le pouvoir du Parlement europĂ©en, comment ĂȘtre sĂ»r que les Ă©lections europĂ©ennes seront rĂ©ellement des Ă©lections oĂč l’on dĂ©bat des questions europĂ©ennes et non pas 25 Ă©lections nationales simultanĂ©es ? En 1997, Jacques Delors proposait que les formations politiques europĂ©ennes dĂ©signent avant les Ă©lections leur candidat au poste de PrĂ©sident de la Commission. Aux Etats-Unis (d’AmĂ©rique), les citoyens Ă©lisent un ticket (PrĂ©sident et Vice PrĂ©sident) en mĂȘme temps qu’ils dĂ©signent leurs reprĂ©sentants. De ce fait, les Ă©lecteurs du Texas ont bien conscience de participer au mĂȘme scrutin que ceux de Floride.

Pourquoi les partis qui participent aux Ă©lections europĂ©ennes ne pourraient-ils pas dĂ©signer avant les Ă©lections les 3 ou les 5 personnalitĂ©s (issues de pays diffĂ©rents) qui dirigeraient la Commission pendant cinq ans ? Cela obligerait les partis Ă  s’entendre sur des programmes rĂ©ellement europĂ©ens et cela Ă©viterait que ne se reproduisent les graves cafouillages qui ont entourĂ© la naissance de la Commission Barroso.

Les propositions de Fischer avaient suscitĂ© l’enthousiasme de tous celles et ceux qui veulent construire une Europe politique capable de faire Ă©quilibre Ă  l’hyper-puissance amĂ©ricaine. A gauche, un trĂšs grand nombre de militants et d’élus avaient immĂ©diatement exprimĂ© leur soutien Ă  Joschka Fischer. Et, Ă  droite, les EuropĂ©ens convaincus avaient applaudi aussi : « Ces propositions tombent Ă  pic. Si nous n’allons pas dans ce sens, l’Europe ne ressemblera plus Ă  rien. Â» appuyait Hubert Haenel, le PrĂ©sident RPR de la dĂ©lĂ©gation du SĂ©nat pour l’Union europĂ©enne dans Le Monde du 30 mai 2000.

Une crise clarificatrice avec les Anglais
Alain JuppĂ©, pressentant l’opposition anglaise, affirmait qu’il ne fallait pas avoir peur de provoquer une « crise clarificatrice Â». Que faire si -pour un temps au moins- la Grande Bretagne refuse d’avancer dans ce sens ? Comment clarifier la relation avec Londres sans abĂźmer une amitiĂ© si prĂ©cieuse ?

Churchill avait raison !
Dans le discours prononcĂ© Ă  Zurich en 1946, Winston Churchill pressait la France et l’Allemagne de construire les Etats-Unis d’Europe mais il affirmait dĂ©jĂ  que, vu sa culture et son histoire, la Grande Bretagne n’avait pas vocation Ă  en faire partie : la Grande Bretagne garderait un rĂŽle de charniĂšre entre les Etats-Unis d’AmĂ©rique et les Etats-Unis d’Europe ! Pourquoi ne pas accorder aujourd’hui au Royaume-Uni cette position distincte ? Nul ne peut ĂȘtre obligĂ© d’aller plus loin qu’il ne le souhaite. Mais nul n’a le droit de ralentir exagĂ©rĂ©ment la marche des autres.

Et qu’on ne nous dise pas qu’il faut forcĂ©ment l’unanimitĂ© pour modifier un TraitĂ© international. Dans le Nouvel Observateur du 4 dĂ©cembre 2003, Robert Badinter dĂ©nonçait « le carcan Â» dans lequel on allait enfermer l’Europe. Il rappelait que « de nombreux TraitĂ©s internationaux comportent une clause de rĂ©vision Ă  la majoritĂ© simple ou Ă  la majoritĂ© des 2/3 comme la Charte des Nations-Unies.» Le protocole de Kyoto est entrĂ© en vigueur malgrĂ© l’opposition des Etats-Unis (puisque 55 Etats, reprĂ©sentant 55% des Ă©missions de CO2 l’ont ratifiĂ©). De mĂȘme, une vraie Constitution europĂ©enne pourrait voir le jour, mĂȘme sans l’accord des Anglais (sachant que la porte leur sera toujours ouverte).

Que les citoyens s’expriment !
En ce dĂ©but 2012, l’Europe est Ă  la croisĂ©e des chemins. Les traitĂ©s europĂ©ens sont en renĂ©gociation mais la diplomatie est une chose trop importante pour ĂȘtre laissĂ©e aux diplomates. Si l’on avait attendu un accord entre diplomates, le Mur de Berlin serait toujours debout. Ce sont des citoyens, des Ă©lus, des syndicats et des associations qui ont voulu et obtenu la chute du Mur et la rĂ©unification de l’Europe. C’est aux citoyens de dire aujourd’hui quelle Europe ils veulent construire.

«Par notre inertie, nous enlevons au monde son visage humain Â» Ă©crivait le philosophe Alain.
En ne se donnant pas les moyens de devenir une force politique, diplomatique et militaire, l’Europe participe Ă  la dĂ©shumanisation du monde. En 1993, les signataires des accords d’Oslo demandaient Ă  l’Europe de les aider Ă  construire la paix entre IsraĂ«l et la Palestine.

Presque 20 ans plus tard, il n’existe toujours pas de diplomatie europĂ©enne et toutes les semaines, les mĂ©dias nous apprennent combien d’hommes, de femmes ou d’enfants sont morts sur les rives du Jourdain, du Tigre et de l’Euphrate
 et nous nous sentons dramatiquement impuissants.

Etre 1981 et 1984, la construction europĂ©enne fut retardĂ©e par une dame, Margaret Thatcher, qui exprimait trĂšs fortement ses prioritĂ©s. « I want my money back. Je veux mon argent. Je veux mon argent ! Â» dit-elle en tapant du poing sur la table jusqu’à obtenir gain de cause. Pourquoi les citoyens d’Europe ne diraient-ils pas avec autant de force quelles sont leurs prioritĂ©s ?

We want democracy ! We want social progress back ! Nous voulons la dĂ©mocratie. Nous voulons renouer avec le progrĂšs social ! ArrĂȘtons de finasser. Il faut nous exprimer clairement : Jean Monnet disait toujours que l’Europe n’avance qu’avec des idĂ©es simples. Mettre ensemble le charbon et l’acier, crĂ©er une monnaie unique, ce sont des chantiers Ă©normes mais ce sont des idĂ©es qu’un enfant de 5 ans peut comprendre. L’Europe n’avance qu’avec des idĂ©es simples. Simples mais radicales.

Cela fait presque 20 ans que les Allemands, droite et gauche confondues, nous proposent une idĂ©e simple : construire ensemble une Europe politique, mettre en place un rĂ©gime parlementaire. Et cela fait presque 20 ans que les « Ă©lites Â» françaises bottent en touche
 Disons clairement aux Allemands que nous sommes d’accord avec leurs propositions. PrĂ©sentons leurs nos excuses pour ces vingt annĂ©es d’atermoiements. Exposons-leur nos idĂ©es sur l’Europe sociale et mettons-nous ensemble au travail avec tous les peuples qui voudront rĂ©ellement d’une Europe dĂ©mocratique.

14 - Disflorigi demokration en EĆ­ropo

Radikale Ɲanĝi la instituciojn

«Plivastigo necesigas fundamentan reformon de la institucioj, asertis Joschka Fischer, germana ministro pri eksterlandaj aferoj, la 12-an de majo 2000. Kiel imagi eĆ­ropan konsilion kun 30 Ɲtatestroj ? Kun la nunaj institucioj, kiel ankoraĆ­ sukcesi agi ? Kiel eviti ke kompromisoj estus pli kaj pli strangaj kaj ke la intereso de civitanoj por EĆ­ropo ne tre malkresku eĉ sub nulon ?  Ekzistas tute simpla respondo: paso al tute parlamenta sistemo.»

En interregistara sistemo (la nuna sistemo), nur Ɲtatestroj kaj Ɲtatregistaroj sidas ĉirkaƭ la decida tablo. Pri grava temo, meti estron en minoritatan situacion estas preskaƭ neeble ĉar tio estas riski humiligi tutan landon
 Do necesas ke la 27 landoj interkonsentu, unuanime, por Ɲanĝi politikon.

 

Interregistara sistemo

En tiu sistemo, neniu alterno eblas. Paralizo estas certigita. Kaj kiam politikistoj estas paralizitaj, teknokratoj aĆ­ merkato diktas siajn regulojn.

Se oni adoptus parlamentan sistemon, kiel proponis germanoj en 2000, eƭropaj deputitoj de iu aƭ alia lando povus esti metitaj en minoritata pozicio sen nacia dramo ĉar aliaj eƭropaj deputitoj el la sama lando estus en majoritata pozicio
 La parlamento decidas post politika debato (dekstra / maldekstra / 
) sed ne post batalo inter nacioj.

 

Parlamenta sistemo

Ne per plibonigo de kandelo oni inventis elektran ampolon. Ne per meto de kelkaj flikaÄ”oj al institucioj kreitaj en 1950 por 6 landoj, ni povos renaski demokratan EĆ­ropon. Se oni adoptus la parlamentan sistemon proponitan de Joschka Fischer, la tuto de la Komisiono, la eĆ­ropa registaro, estus el unu sola politika koloro (tiu de la plimulto en la eĆ­ropa parlamento). Ĝi diskutus pri temoj, en kiuj izolita lando ne plu estas vere suverena, tiuj temoj pri kiuj ni devas absolute unuiĝi por efiki : defendo, diplomatio, mono, esploro, enlanda sekureco, medio, reguligo de tutmondigo


Tranĉi en kompetentecoj
«La problemoj de la 21-a jc ne estas solveblaj per la timoj kaj receptoj de la 19-a kaj 20-a jc, asertis Joschka Fischer. Preciza dispartigo de kompetentecoj inter federacio kaj Ɲtatoj-membroj devus lasi al la federacio nur la temojn, kiuj nepre devas esti regataj je eĆ­ropa nivelo dum la resto restus kompetentecoj de Ɲtatoj. De tio elirus simpligita federacio, agkapabla kaj komprenebla de civitanoj ĉar ĝi estus superinta sian demokratan deficiton Â» konkludis la germana ministro en parolado, kiu restas tute aktuala.

Kiu faras kion ?

Eƭropaj parlamento kaj registaro Diplomatio, defendo, enlanda sekureco, mono, esploro, agrikultura politiko, komerco, daƭriva evoluigo

Naciaj parlamento kaj registaro Edukado, sano, kulturo, loĝado, postenaro, pensioj
Regionaj parlamento kaj registaro Bontenado de liceoj kaj vojoj, ekonomia evoluigo, kunordigo, adolta klerigo

 


Fakte, ne necesas havi saman organizadon en ĉiuj landoj. Ni devas konsenti nur pri sektoroj en kiu EĆ­ropo estas necesa por retrovi veran agkapablon : nek pri banangrandeco nek pri dimensioj de advokado, sed pri diplomatio, defendo, esploro, reguligo de tutmondiĝo, ktp


Por ciuj aliaj temoj, ĉiu lando faru kiel ĝi volas : en Francio, lernejaj programoj estas deciditaj je nacia nivelo, kiam en Belgio, pri tio precipe responsas la urba skabeno. Se iu el niaj du landoj volus Ɲanĝi sian tradicion pri tio, tio surstratigus milojn da personoj


Oni ja povus havi komunajn diplomation kaj esploradon konservante malsamajn tradiciojn en aliaj sektoroj. En Usono, leĝoj kaj vivmanieroj tre malsamas en Florido kaj en Teksaso. Same, en Hindio, Keralao kaj Raĝastano havas sufiĉe malsamajn socialajn organizadojn kaj kulturojn. Tio ne malpermesas al ili aparteni al sama federacio.

Hindio - Barato

 

La hindia ekzemplo estas tre interesa. Ĝi estas la plej granda demonkratio en la mondo. Ĝia konstitucio estas vere demokrata konstitucio : Hinda Unio zorgas nur pri sektoroj en kiuj unu el la 28 Ɲtatoj, se ĝi estus izolita, ne havus agrimedojn (diplomatio, defendo esploro, mono,
). Kaj la hindia konstitucio en havas specon de sociala traktato, kiu kontentigas la Ɲtatojn, kiuj havas socialan sistemon sufiĉe antaĆ­igitan kiel tiu de Keralao.

Dank'al tiu sociala traktato, ili certas ne malprogresi, ne esti tirataj malsupren. Eĉ se la registaro elektita je hindia nivelo estas tre malmulte sociala, Keralao kaj ties 32 milionoj da enloĝantoj estas certaj povi konservi sian progresojn pri loĝado, edukado kaj sano.

Se oni adoptus parlamentan sistemon, la eƭropa registaro estus nomumita per la plimulto en la eƭropa parlamento por efektivigi la projekton prezentitan antaƭ la eƭropaj balotoj. Ĝi havus kvin jarojn por efektivigi tiun projekton (la konsilio de Ɲtatestroj havanta nur limigitan rolon, kiel senato en Francio).

EĆ­ropo disponus propran impostadon : imposto pri profitoj, ekotakso aĆ­ plibonigita takso Tobin, imposto voĉdonita per la eĆ­ropa parlamento, kiu financus defendon, diplomation, esploron, agrikulturan politikon, strukturajn kapitalojn


Ĉiun kvinan jaron, eƭropaj elektoj estus okazo de veraj politikaj debatoj. La civitanoj povus bilanci la elirantan plimulton kaj decidi redoni aƭ ne kvin pliajn jarojn
 Eƭropo havus rimedojn por efike kaj rapide agi pri ĉiuj temoj, por kiuj politika decido estas nun paralizita pro unuanimeco.

La propono de Joschka Fischer, sufiĉe proksima al tio, kio jam proponis Wolfgang SchĂ€uble kaj Karl Lamers en 1994, havus ankaĆ­ la intereson obei la fundamentan principon de ĉiu demokratio : unu homo, unu voĉo. Deputito elektita en Malto same pezus kiel deputito elektita en Germanio ; voĉo de pola civitano, okaze de eĆ­ropaj elektoj same pezus kiel tiu de hispano, kiam en la nuna interregistara sistemo, pri ĉiuj gravaj temoj, la pezo de Malto egalas al tiu de Germanio (kvankam ĝia enloĝantaro estas 206-oble pli malgranda), kio ne estas tre demokrata !

La propono de Delors
Se oni plifortigas la povon de la eĆ­ropa parlamento, kiel esti certe ke eĆ­ropaj elektoj estos veraj elektoj en kiuj oni debatos eĆ­ropajn temojn kaj ne 25 samtempaj naciaj elektoj ? En 1997, Jacques Delors proponis ke la eĆ­ropaj politikaj partioj elektu antaĆ­ la elektoj sian kandidaton por la posteno de prezidanto de la Komisiono. En Usono, la civitanoj elektas tiketon (prezidanton kaj vicprezidanton) samtempe kun siajn reprezentantojn. Tial, elektantoj de Teksaso konscias ke ili partoprenas en la sama elekto kiel tiuj de Florido.

Kial la partioj, kiuj partoprenas en la eƭropaj elektoj ne povus elekti antaƭ la elektoj la 3 aƭ 5 personojn (el malsamaj landoj), kiuj estrus la komisionon dum kvin jaroj ? Tio devigus partiojn interkonsenti pri vere eƭropaj programoj kaj tio evitus tiujn mispaƝojn, kiuj okazis dum la naskiĝo de komisiono Barroso.

La proponoj de Fischer entuziasmigis tiujn, kiuj volas konstrui politikan EĆ­ropon kapablan alniveliĝi usonan hiperpotencon. Maldekstre, multegaj batalantoj kaj elektitoj tuj esprimis apogon al Joschka Fischer. Kaj, desktre, ankaĆ­ konvinkitaj eĆ­ropanoj estis aplaĆ­dintaj : « Tiuj proponoj taĆ­gtempe okazis. Se ni ne iras laĆ­ tiu direkto, EĆ­ropo similos al nenio. Â» apogis Hubert Haenel, prezidanto (partio RPR) de senata delegacio por eĆ­ropa unio en gazeto "Le Monde" la 30-an de majo 2000.

Klariga krizo kun britoj
Alain JuppĂ©, antaĆ­vidante britan kontraĆ­on, asertis ke oni ne devas timi estigi « klarigan krizon Â». Kion fari se - por iom da tempo - britio rifuzas antaĆ­iri laĆ­ tiu direkto ? Kiel klarigi la rilaton kun Londono sen difekti tiun tiel gravan amikecon ?

Churchill pravis !
En parolado dirita en Zuriko en 1946, Winston Churchill instigis Francion kaj Germanion konstrui Unuiĝintajn Ɯtatojn de EĆ­ropo sed li jam asertis ke, konsiderante ĝian kulturon kaj ĝian historion Britio ne alvokiĝas al partopreno : Britio konservus interan rolon inter Unuiĝintaj Ɯtatoj de Ameriko kaj Unuiĝintaj Ɯtatoj de EĆ­ropo ! Kial ne konsenti nun al Britio tiun apartan pozicion ? Neniu povas estis devigata iri pli antaĆ­en ol ĝi deziras. Sed neniu rajtas tro bremsi antaĆ­iron de aliaj.

Kaj oni ne devas diri al ni ke devige unuanimeco necesas por modifi internacian traktaton. En semajna gazeto "le Nouvel Observateur" de la 4-a de decembro 2003, Robert Badinter denuncis « la trudkaĝon Â» en kiu oni enƝlosos EĆ­ropon. Li rememorigis ke « multaj internaciaj traktatoj enhavas klaĆ­zon pri revizio je simpla plimulto aĆ­ je 2/3 plimulto kiel estas en la ĉarto pri Unuiĝintaj Nacioj.» La protokolo de Kioto ekaktivis malgraĆ­ kontraĆ­staro de Usono (ĉar 55 Ɲtatoj, reprezentantaj 55% de la ellasoj de CO2 ratifis ĝin). Same, vera eĆ­ropa konstitucio povus naskiĝi, eĉ sen konsento de britoj (tamen lasante la pordon malfermita por ili).

La civitanoj parolu !
En tiu komenco de 2012, Eƭropo estas je vojkruco. La eƭropaj traktatoj estas retraktataj sed diplomatio estas tro grava por lasi ĝin al diplomatoj. Se oni estintus atendinta interkonsenton inter dipolomatoj, la berlina muro ankoraƭ starus. Estas ja civitanoj, elektitoj, sindikatoj kaj asocioj, kiuj volis kaj gajnis la murfalon kaj reunuiĝon de Eƭropo. Estas ja civitanoj, kiuj devas nun diri kiun Eƭropon ili deziras konstrui.

« Pro nia inercio, ni forigas de la mondo ties homan vizaĝon Â» skribis filozofo Alain.
Rifuzante doni al si la rimedojn por fariĝi politika, diplomatia kaj milita potenco, Eƭropo partoprenas en la malhumaniĝo de la mondo. En 1993, la subskribintoj de la interkonsento de Oslo petis Eƭropon helpi ilin por konstrui pacon inter Israelo kaj Palestino.

Post preskaƭ 20 jaroj, ankoraƭ ne ekzistas eƭropa diplomatio kaj ĉiusemajne, amaskomunikiloj sciigas kiom da viroj, virinoj kaj infanoj mortis ĉe bordoj de riveroj Jordano, Tigriso kaj Eƭfrato
 kaj ni sentas nin drame senpovaj.

Inter 1981 kaj 1984, eĆ­ropa konstruo estis prokrastita de sinjorino Margaret Thatcher, kiu tre forte esprimis siajn prioritatojn. « I want my money back. Mi volas mian monon. Mi volas mian monon ! Â» diris Ɲi frapante la tablon per pugno ĝis kiam Ɲi gajnis. Kial eĆ­ropaj civitanoj ne dirus same laĆ­te, kiuj estas iliaj prioritatoj ?

We want democracy ! We want social progress back ! Ni volas demokration. Ni volas sociale reprogresi ! Ni ĉesigu ruzaĉi. Ni devas klare esprimi nian volon : Jean Monnet ĉiam diris ke EĆ­ropo progresas nur per simplaj ideoj. Kunmeti karbon kaj Ɲtalon, krei unikan valuton, estas grandegaj projektoj sed ili estas ankaĆ­ ideoj, kompreneblaj de 5-jara infano. EĆ­ropo progresas nur per simplaj ideoj. Simplaj sen radikalaj.

Jam de preskaĆ­ 20 jaroj, germanoj, dekstruloj kaj maldekstruloj kune, proponas al ni simplan ideon : kune konstrui politikan EĆ­ropon, starigi parlamentan reĝimon. Kaj de preskaĆ­ 20 jaroj la francaj « elitoj Â» flankenmetas ĝin
 Ni klare diru al germanoj ke ni konsentas kun iliaj proponoj. Ni esprimu niajn bedaĆ­rojn pro tiu dudekjara prokrasto. Ni detaligu niajn ideojn pri sociala EĆ­ropo kaj ni kune eklaboru kun ĉiuj popoloj, kiuj vere akceptos demokratan EĆ­ropon.

 

15 – NĂ©gocier un vrai TraitĂ© de l’Europe sociale

« Votez Oui Ă  Maastricht et on se remettra au travail tout de suite sur l’Europe sociale » affirmait Jacques Delors quelques jours avant le rĂ©fĂ©rendum sur Maastricht en 1992. Il reconnaissait que le TraitĂ© Ă©tait trĂšs insuffisant en matiĂšre sociale mais demandait aux citoyens de ne pas casser la dynamique europĂ©enne. Le Oui Ă©tait passĂ© de justesse.

Vingt ans plus tard, alors que la crise sociale s’aggrave dans tous nos pays, les TraitĂ©s europĂ©ens sont de nouveau en discussion. Les peuples ne peuvent plus se contenter de promesses. Il faut passer aux actes.

RĂ©guler nos Ă©changes avec la Chine est une question fondamentale, mais comment Ă©viter que notre production industrielle soit dĂ©localisĂ©e au sein mĂȘme de l’Europe ?

La France doit-elle s’aligner sur le moins-disant fiscal et social tchĂšque (c’est la direction que prend Nicolas Sarkozy quand il annonce qu’on supprime la taxe professionnelle) ou faut-il agir, au contraire, pour que l’ensemble des pays membres renoncent Ă  des stratĂ©gies de dumping et retrouvent, ensemble, la voie du progrĂšs social ?

Pour Ă©viter que les pays d’Europe soient tentĂ©s les uns aprĂšs les autres d’imiter et d’amplifier ce dumping, il faut profiter des nĂ©gociations en cours pour imposer un vrai TraitĂ© social europĂ©en, avec des critĂšres de convergence sociaux, qui oblige les 27 Ă©tats membres Ă  converger « vers en haut Â» en matiĂšre sociale comme ils ont su converger vers en haut en matiĂšre Ă©conomique grĂące aux critĂšres de Maastricht.

Si, depuis des annĂ©es, nous sommes nombreux Ă  militer pour l’adoption d’un vrai TraitĂ© de l’Europe sociale, c’est pour trois raisons au moins :

  • des raisons sociales, Ă©videmment. Comment se rĂ©signer Ă  de tels niveaux d’injustice ? Comment accepter qu’on laisse autant d’hommes, de femmes et d’enfants sur le bas cĂŽtĂ© ? Pas besoin d’insister; vous partagez sans doute la mĂȘme volontĂ© de lutter contre l’injustice.
  • des raisons politiques. En ne se donnant pas les moyens de devenir une force politique, diplomatique et militaire, l’Europe participe Ă  la dĂ©shumanisation du monde : en 1993, les signataires des accords d’Oslo demandaient Ă  l’Europe de les aider Ă  construire la Paix entre IsraĂ«l et la Palestine
 Presque vingt ans plus tard, il n’y a toujours pas d’Europe politique, toujours pas de force europĂ©enne d’interposition.

Il est temps de rĂ©agir et de faire naĂźtre une Europe politique, disposant d’une vraie diplomatie et d’une vraie armĂ©e. Oui, il y a urgence Ă  faire naĂźtre une Europe puissante, capable de tirer richesse de sa diversitĂ©. Mais il n’y aura pas d’Europe forte sans soutien des opinions publiques : pas d’Europe politique sans Europe sociale.

Dans de nombreux pays, les citoyens n’accepteront aucune Ă©volution vers une Europe politique si la question sociale est toujours remise Ă  plus tard. Il n’y aura pas de progrĂšs institutionnel (une diplomatie europĂ©enne, une dĂ©fense europĂ©enne) si l’Europe oblige ses Etats membres Ă  mettre en place des plans de rigueur et n’est pas capable de rĂ©pondre mieux aux attentes de la vie quotidienne des citoyens.

  • des raisons Ă©conomiques enfin. Si nous voulons un TraitĂ© de convergence sociale c’est aussi parce que, comme le disait Ford au siĂšcle dernier, « en pĂ©riode de crise, chacun voudrait baisser les salaires et baisser la protection sociale, mais cette baisse des salaires aggrave la crise ! Il faut donc nous donner des rĂšgles collectives pour Ă©viter que le dumping de l’un oblige tous les autres Ă  un dumping Ă©quivalent. Â» Surtout quand ce dumping est inutile parce que, globalement, la balance commerciale de l’Europe est Ă©quilibrĂ©e !

C’est quand tous ont un vrai travail, un vrai salaire et une bonne protection sociale que l’économie fonctionne de la façon la plus solide. VoilĂ  pourquoi il nous paraĂźt urgent – vraiment urgent – de doter l’Europe d’un vrai traitĂ© social.

Le traitĂ© de Maastricht comportait cinq critĂšres (dĂ©ficit infĂ©rieur Ă  3 %, dette infĂ©rieure Ă  60 %
). De mĂȘme, nous proposons 5 objectifs pour l’Europe sociale :

  • un emploi pour tous : un taux de chĂŽmage infĂ©rieur Ă  5 % ;
  • une sociĂ©tĂ© solidaire : un taux de pauvretĂ© infĂ©rieur Ă  5 % ;
  • un toit pour chacun : un taux de mal-logĂ©s infĂ©rieur Ă  3 % ;
  • l’égalitĂ© des chances : un taux d’illettrisme Ă  l’ñge de 10 ans infĂ©rieur Ă  3 % ;
  • une rĂ©elle solidaritĂ© avec le Sud : une aide publique au dĂ©veloppement supĂ©rieure Ă  1 % du PIB.

Nous avons su vaincre l’inflation (en quelques annĂ©es, elle est passĂ©e de 14% Ă  2%). Pourquoi ne pas nous attaquer avec autant de force au chĂŽmage, Ă  la pauvretĂ© ou au mal logement ? Des sanctions doivent ĂȘtre prĂ©vues pour les Etats qui ne respecteraient pas ces critĂšres sociaux d’ici 10 ans. Le traitĂ© doit comporter Ă©galement des garanties fortes en matiĂšre de financement des systĂšmes de sĂ©curitĂ© sociale et des services publics.

Le TraitĂ© doit obliger le PrĂ©sident de la Banque centrale Ă  dialoguer avec les Ă©lus (comme c’est le cas aux Etats-Unis). Il doit permettre le financement du budget europĂ©en par un impĂŽt europĂ©en. Le TraitĂ© reconnaĂźt le principe d’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral et l’utilitĂ© des services publics.

Il charge le Parlement europĂ©en d’élaborer d’ici deux ans une vrai Charte du dĂ©veloppement durable qui obligera l’Europe Ă  modifier sa politique Ă©nergĂ©tique et ses positions en matiĂšre de politique commerciale.

Dans un marché unique, aucun pays ne peut progresser durablement en matiÚre sociale si les autres régressent.La France ne pourra pas garder longtemps un haut niveau de protection sociale si tous nos voisins y renoncent progressivement. Si, en Italie, en Autriche ou en Espagne, des millions de retraités pauvres viennent rejoindre les rangs des salariés pauvres, il est illusoire de penser que nous pourrons, seuls, conserver un haut niveau de cotisation et de protection sociale. Voilà pourquoi il faut créer un « carcan positif » obligeant tous les pays à converger vers le haut, au lieu de se résigner à détruire progressivement toutes les protections sociales construites depuis un demi-siÚcle.

Non seulement l’Europe doit ĂȘtre un bouclier protecteur, mais elle doit inciter chaque pays Ă  amĂ©liorer son systĂšme social en allant voir chez le voisin ce qu’il y a de mieux.

En 2004, dĂšs que notre projet de TraitĂ© de l’Europe sociale a Ă©tĂ© rendu public, il a reçu le soutien d’un grand nombre de personnalitĂ©s 1 : aussi bien StĂ©phane Hessel ou Jacques Delors que JosĂ© BovĂ©, Bronislaw Geremek (ancien ministre polonais), Enrique Baron Crespo (prĂ©sident du groupe socialiste au Parlement europĂ©en), Jean Daniel du Nouvel Observateur, Susan George d’Attac, Bruno Trentin (prĂ©sident du plus grand syndicat italien), RenĂ© Passet (Ă©conomiste), Timothy Radcliffe (ancien SupĂ©rieur gĂ©nĂ©ral de l’ordre des Dominicains), l’abbĂ© Pierre, Philippe Guglielmi (ancien Grand MaĂźtre des franc-maçons du Grand Orient), Jean-Maurice Dehousse (ancien Ministre-prĂ©sident de la Wallonie), Robert Goebbels (ancien Ministre de l’économie luxembourgeois), Jean-Jacques Viseur (ancien Ministre des finances belge), GĂ©rard Pelletier (PrĂ©sident de l’Association des Maires Ruraux de France), Claudy Lebreton (PrĂ©sident de l’AssemblĂ©e des DĂ©partements de France), Alain Rousset (PrĂ©sident de l’Association des RĂ©gions de France), le Mouvement National des ChĂŽmeurs et prĂ©caires (MNCP), quelques 250 parlementaires et des milliers de citoyens issus de neuf pays de l’Union.

Pour soutenir notre initiative et demander Ă  la Convention Giscard qui rĂ©digeait la Constitution europĂ©enne d’en tenir compte, le PrĂ©sident de la Commission, Romano Prodi, avait reçu une dĂ©lĂ©gation des premiers signataires.

la Convention Giscard

 

Devant tous les journalistes prĂ©sents au siĂšge de la Commission europĂ©enne, Romano Prodi souligna avec force l’importance et la crĂ©dibilitĂ© de notre dĂ©marche : « Ce sont des critĂšres tout Ă  fait rĂ©alistes. Ce sont des objectifs tout Ă  fait atteignables. C’est une question de volontĂ© politique. J’en suis persuadĂ© : c’est seulement une question de volontĂ© politique.» HĂ©las, ValĂ©ry Giscard d’Estaing qui prĂ©sidait les travaux de la Convention sur l’avenir de l’Europe, refusa d’intĂ©grer un projet de TraitĂ© social.

AprĂšs le Non au rĂ©fĂ©rendum français en mai 2005, l’idĂ©e de complĂ©ter les traitĂ©s avec un protocole social s’était progressivement imposĂ©e chez les dirigeants europĂ©ens : « Le Non français n’est pas un rejet de l’Europe elle-mĂȘme mais un rejet de l’Europe nĂ©olibĂ©rale, affirmait John Monks, le SecrĂ©taire GĂ©nĂ©ral de la ConfĂ©dĂ©ration EuropĂ©enne des Syndicats (C.E.S.) juste aprĂšs le vote. PrĂšs de 80 % des ouvriers ont dit non. L’Europe n’est pas apparue comme une rĂ©ponse au problĂšme du chĂŽmage.»

Et le problĂšme ne concerne pas que la France: « Si les Allemands se prononçaient par rĂ©fĂ©rendum, je suis sĂ»r qu’ils voteraient non Â» affirmait Peter Altmaier, dĂ©putĂ© CDU, « il faudrait que le modĂšle social soit clarifiĂ©. Â»

En mars 2007, Ă  l’occasion des 50 ans du TraitĂ© de Rome, Angela Merkel rĂ©unissait Ă  Berlin tous les Chefs d’Etat d’Europe et rappelait devant eux sa volontĂ© d’ajouter un « protocole social Â» Ă  la Constitution europĂ©enne.

HĂ©las, la France Ă©lit Nicolas Sarkozy.

Et le nouveau PrĂ©sident voulut clore trĂšs vite le dossier europĂ©en. Alors que tous nos partenaires europĂ©ens auraient prĂ©fĂ©rĂ© se donner le temps de la rĂ©flexion et pensaient ne boucler la nĂ©gociation d’un nouveau traitĂ© qu’en 2009, Nicolas Sarkozy exigea de conclure immĂ©diatement. Sans prendre le temps du dialogue. Au risque de rater une occasion historique de rapprocher l’Europe des attentes des peuples et des nĂ©cessitĂ©s Ă©conomiques et sociales de l’époque.

Le 20 juin 2007, sur le perron de l’ElysĂ©e, Jacques Delors ne cachait pas ses rĂ©serves sur les projets europĂ©ens du nouveau prĂ©sident :

Jacques Delors dit ses rĂ©serves sur le traitĂ© de l’UE

Jacques Delors a redit à Nicolas Sarkozy ses préventions vis-à-vis du Traité constitutionnel.

« J’ai rappelĂ© les points qui avaient dĂ©jĂ  appelĂ© de moi des rĂ©serves pour le projet de Constitution, mĂȘme si je l’ai soutenu Â», a dĂ©clarĂ© l’ancien prĂ©sident de la Commission europĂ©enne aprĂšs un entretien avec le prĂ©sident français.

« Tout d’abord, il faut un protocole social afin de bien montrer qu’on concilie l’efficacitĂ© Ă©conomique, la puissance europĂ©enne et la justice sociale vers le haut Â», a dit Jacques Delors. « DeuxiĂšmement – je plaide pour ça depuis dix ans – il faut un rĂ©Ă©quilibrage entre l’économie et la monnaie Ă  l’intĂ©rieur de l’Union Ă©conomique et monĂ©taire. Ce sont deux points essentiels. Â» 2

En 2007, Nicolas Sarkozy n’a voulu Ă©couter personne : ni les syndicats europĂ©ens, ni Angela Merkel, ni Romano Prodi, ni Jacques Delors
 La question du dumping social et fiscal intra-europĂ©en ne semblait pas du tout l’intĂ©resser.

Deux ans plus tard, c’était devenu Ă  ses yeux un sujet crucial : Pour « qu’une nouvelle usine ne parte pas en TchĂ©quie ou ailleurs Â», Nicolas Sarkozy annonçait qu’il supprimait la taxe professionnelle et privait les collectivitĂ©s locales de 18 milliards de ressources. 18 milliards de perdus chaque annĂ©e pour combien d’emplois (peut-ĂȘtre) sauvĂ©s ? 18 milliards, c’est trĂšs cher payĂ© ! Et si les TchĂšques diminuent encore leur niveau d’ambition sociale et donc leur fiscalitĂ©, allons-nous encore baisser les nĂŽtres ?

Nicolas Sarkozy fait fausse route. Continuer Ă  s’aligner sur le moins-disant serait catastrophique Ă  tous points de vue. C’est au contraire en provoquant un sursaut et en renforçant les outils de coopĂ©ration et de convergence « vers le haut Â» que nous sortirons de la crise.

En 2012, les traitĂ©s europĂ©ens sont de nouveaux en rĂ©vision. Si nous voulons effectivement Ă©viter les dĂ©localisations vers la RĂ©publique tchĂšque, si nous voulons Ă©viter que la baisse des salaires en Allemagne ne diminue l’activitĂ© de nos usines, c’est maintenant qu’il faut agir. La solution n’est pas d’imiter le dumping des uns et des autres mais, au contraire, comme le disait Ford, de « nous donner des rĂšgles collectives Â» qui obligeront tous les pays Ă  converger vers un plus grand progrĂšs social.

* * * * *

« Par défaut de volonté,
par insuffisance d’ĂȘtre,
par pleutrerie, par instinct de servitude,
l’Europe est en train de se rĂ©signer
Ă  n’ĂȘtre qu’un espace commercial rĂ©gi par le libĂ©ralisme
et, politiquement, un dominion des Etats-Unis
. Â»

Jacques Julliard - Le Nouvel Observateur - 9 janvier 2003

Jacques Julliard avait raison en 2003 de dĂ©noncer la pleutrerie et le dĂ©faut de volontĂ© de nos Ă©lites, mais, en 1989, ce ne sont pas les Ă©lites en place qui ont fait tomber le Mur. Si l’on avait attendu un accord entre dirigeants, le Mur serait encore en place. C’est le peuple qui l’a fait tomber. C’est au peuple, aujourd’hui, de dire quelle orientation nouvelle il veut donner Ă  la construction europĂ©enne.

 

Le Peuple

En 1989, le peuple a fait tomber le mur et la chute du mur a obligĂ© les dirigeants europĂ©ens a choisir trĂšs vite entre deux options : la dilution-Ă©clatement ou le sursaut. Ils ont choisi le sursaut en lançant la marche vers la monnaie unique.

Aux Etats-Unis, c’est la crise de 1929 qui a permis un saut fĂ©dĂ©ral (crĂ©ation d’un impĂŽt fĂ©dĂ©ral sur les bĂ©nĂ©fices, lĂ©gislation sur les banques, New Deal, etc
). La crise actuelle doit ĂȘtre, pour l’Europe, l’occasion d’un sursaut dĂ©mocratique et social.

1 Cf. la tribune de StĂ©phane Hessel, Michel Rocard et Pierre Larrouturou dans Le Monde du 9 juin 2004.

2 Reuters 20 juin 2007.

15 - Trakti veran traktaton pri sociala EĆ­ropo

« Voĉdonu Jes al Maastricht kaj oni tuj relaboros pri sociala EĆ­ropo » asertis Jacques Delors kelkajn tagojn antaĆ­ la referendumo pri Maastricht en 1992. Li agnoskis ke la traktato ne sufiĉis pri socialeco sed petis civitanojn ne rompi eĆ­ropan dinamikon. La Jes apenaĆ­ venkis.

Dudek jarojn poste, kiam la sociala krizo pligraviĝas en ĉiuj niaj landoj, la eƭropaj traktatoj estas denove traktataj. La popoloj ne plu povas kontentiĝi per promesoj. Necesas agi.

Reguligi komercon inter ni kaj Ĉinio estas fundamenta punkto, sed kiel eviti ke nia industria produktado estus delokita eĉ en EĆ­ropo ?

Ĉu Francio devas alniveliĝi al la ĉeÄ„a sociala kaj imposta malplejpropono (Tio estas la direkto, al kiu iras Nicolas Sarkozy, kiam li anoncas neniigon de profesia takso) aĆ­ ĉu necesas agi, male, por ke ĉiuj Ɲtatoj-membroj renuncu al dumpingaj strategioj kaj remalkovru, kune, la vojon al sociala progreso ?

Por eviti ke la eĆ­ropaj landoj, unu post la alia, cedu al tento imiti kaj pligrandigi tiun dumpingon, necesas profiti per la nunaj traktadoj por trudi veran eĆ­ropan socialan traktaton, kun socialaj kriterioj pri konverĝo, kiu devigus la 27 Ɲtatojn membrojn konverĝi « supren Â» pri socialeco kiel ili sciis konverĝi  supren pri ekonomio dank'al la kriterioj de Maastricht.

Se, de multaj jaroj, ni estas multaj por batali por adopto de vera traktato pri sociala EĆ­ropo, tio estas por almenaĆ­ tri kialoj :

  • socialaj kialoj, evidente. Kiel akcepti tiajn nivelojn de maljusteco ? Kiel akcepti ke oni lasu tiom da viroj, virinoj kaj infanoj flanke ? Ne necesas insisti; vi verƝajne havas la saman volon batali kontraĆ­ maljusteco.
  • politikaj kialoj. Rifuzante doni al si rimedojn por fariĝi politika, diplomatia kaj milita potenco, EĆ­ropo partoprenas en malhumaniĝo de la mondo. En 1993, la subskribintoj de la interkonsento de Oslo petis EĆ­ropon helpi ilin por konstrui pacon inter Israelo kaj Palestino... Post preskaĆ­ 20 jaroj, ankoraĆ­ ne ekzistas politika EĆ­ropo, ankoraĆ­ neniu eĆ­ropa intermetiĝa forto.

Estas ja tempo por reagi kaj naski politikan Eƭropon, kun vera diplomatio kaj vera armeo. Jes, urĝas naski potencan Eƭropon, kapablan eltiri riĉecon el sia diverseco. Sed ne estos forta Eƭropo sen subteno de popoloj : neniu politika Eƭropo sen sociala Eƭropo.

En multaj landoj, la civitanoj ne akceptos evoluon al politika EĆ­ropo se socialeco estas ĉiam prokrastita.. Ne okazos institucia progreso (eĆ­ropa diplomatio, eĆ­ropa defendo) se EĆ­ropo devigas siajn Ɲtatojn membrojn efektivigi rigorplanojn kaj ne kapablas pli bone respondi al tio, kion atendas la civitanoj en sia ĉiutaga vivo.

  • ekonomiaj kialoj fine. Se ni volas traktaton pri sociala konverĝo, tio estas ankaĆ­ kiel diris Ford en la pasinta jarcento, « en periodo de krizo, ĉiu volus redukti salajrojn kaj socialan protekton, sed tiu redukto pligravigas la krizon ! Necesas do adopti kolektivajn regulojn por eviti ke dumpingo de iu devigu la aliajn al ekvivalenta dumpingo. Â» Precipe kiam tiu dumpingo ne utilas ĉar, entute, komerca bilanco de EĆ­ropo estas ekvilibra !

Ja kiam ĉiuj havas veran laboron, veran salajron kaj bonan socialan protekton, tiam ekonomio funkcias laƭ plej firma maniero. Jen kial urĝas laƭ ni - vere urĝas - doti Eƭropon per vera sociala traktato.

La traktato de Maastricht enhavis kvin kriteriojn (deficito sub 3 %, Ɲuldo sub 60 %
). Same, ni proponas 5 objektivojn por sociala Eƭropo :

  • posteno por ĉiuj : procento de senlaboreco sub 5 % ;
  • solidara socio : procento de malriĉeco sub 5 % ;
  • tegmento por ĉiuj : procento de malbonloĝantoj sub 3 % ;
  • egaleco de Ɲancoj : procento de dekjarula legnepoveco sub 3 % ;
  • reala solidareco kun sudaj landoj : publika helpo por evoluigo super 1 % de MEP.

Ni sukcesis venki inflacion (en kelkaj jaroj, ĝi reduktiĝis de 14% al 2%). Kial ne ataki samforte senlaborecon, malriĉecon aƭ malbonloĝadon ? Punoj devus esti antaƭvidataj por landoj, kiuj ne obeos tiujn socialajn kriteriojn post dek jaroj. La traktato devus enhavi ankaƭ fortajn garantiojn pri financado de sistemoj por sociala asekuro kaj publikaj servoj.

La traktato devus devigi la prezidanton de la centra banko dialogi kun elektitoj (kiel estas en Usono). Ĝi devas ebligi financadon de eƭropa buĝeto per eƭropa imposto. La traktato agnoskas la principon de ĝenerala intereso kaj utilecon de publikaj servoj.

Ĝi komisias la eƭropan parlamenton por prilabori ekde nun kaj antaƭ du jaroj veran ĉarton pri daƭriva evoluigo, kiu devigos Eƭropon modifi sian energian politikon kaj siajn poziciojn pri komerca politiko.

En unika merkato, neniu lando povas daĆ­re progresi pri socialeco se la aliaj malprogresas. Francio ne povos konservi longtempe altan nivelon de sociala protekto se ĉiuj niaj najbaroj progresive renoncas pri tio. Se, en Italio, en AĆ­strio aĆ­ en Hispanio, milionoj da malriĉaj emeritoj kuniĝas al la vicoj da malriĉaj salajruloj, estas iluzio pensi ke ni povos, solaj, konservi altan nivelon de socialaj kotizoj kaj protekto. Jen kial necesas krei « pozitivan trudkaĝon » devigantan ĉiujn landojn konverĝi supren, anstataĆ­ submetiĝi al progresiva detruo de ĉiuj socialaj protektoj konstruitaj de duonjarcento.

Eƭropo ne nur devas estis protekta Ɲildo, sed ĝi devas ankaƭ instigi ĉiujn landojn plibonigi sian socialan sistemon serĉante en la najbaraj landoj, kio estas plej bona.

En 2004, ekde kiam nia projekto de traktato pri sociala EĆ­ropo estis publikigita, ĝi ricevis subtenojn de granda nombro da elstaruloj 1 : inter ili StĂ©phane Hessel, Jacques Delors, JosĂ© BovĂ©, Bronislaw Geremek (malnova pola ministro), Enrique Baron Crespo (prezidanto de socialista grupo en la eĆ­ropa parlamento), Jean Daniel de "Le Nouvel Observateur", Susan George de Attac, Bruno Trentin (prezidanto de la plej granda itala sindikato), RenĂ© Passet (ekonomkisto), Timothy Radcliffe (malnova ĝenerala superulo de la dominikana ordeno), abato Pierre, Philippe Guglielmi (malnova granda mastro de framasonoj de Granda Oriento), Jean-Maurice Dehousse (malnova ministro-prezidanto de Valonio), Robert Goebbels (malnova luksemburgia ministro pri ekonomio), Jean-Jacques Viseur (malnova belga ministro pri financoj), GĂ©rard Pelletier (prezidanto de asocio de kamparaj urbestroj de Francio), Claudy Lebreton (prezidanto de asembleo de departementoj de Francio), Alain Rousset (prezidanto de asocio de regionoj de Francio), la nacia movado de senlaboruloj kaj malsoliduloj (MNCP), 250 parlamentanoj kaj miloj da civitanoj el naĆ­ landoj en eĆ­ropa unio.

Por subteni tiun iniciaton kaj peti al la konvencio Giscard, kiu redaktis la eƭropan konstitucion, konsideri ĝin, la prezidanto de komisiono, Romano Prodi, estis ricevinta delegacion de la unuaj subskribintoj.

Konvencio Giscard

 

AntaĆ­ ĉiuj ĉeestantaj Ä”urnalistoj en sidejo de eĆ­ropa komisiono, Romano Prodi forte substrekis gravecon kaj kredindecon de nia agado : « Viaj kriterioj estas tute realistaj. Ili estas tute trafeblaj objektivoj. Ĉio dependas de politika volo. Mi estas konvinkita pri tio : tio dependas nur de politika volo.» BedaĆ­rinde, ValĂ©ry Giscard d’Estaing, kiu prezidis la laborojn de la konvencio pri estonteco de EĆ­ropo, rifuzis integri projekton pri sociala traktato.

Post la Ne en la franca referendumo en majo 2005, la ideo kompletigi la traktatojn per sociala ĉapitro iom post iom trudiĝis al eĆ­ropaj registoj : « La franca Ne ne estas rifuzo de EĆ­ropo mem sed  rifuzo de novliberala EĆ­ropo, asertis John Monks, la ĝenerala sekretario de eĆ­ropa konfederacio de sindikatoj (C.E.S.) tuj post la voĉdono. PreskaĆ­ 80 % de la laboristoj diris Ne. EĆ­ropo ne aperis kiel respondo al la problemo de senlaboreco.»

Kaj la problemo ne nur koncernas Francion: « Se germanoj devus esprimi sin per referendumo, mi estas certa ke ili voĉdonus Ne Â» asertis Peter Altmaier, deputito el CDU, « necesus ke la nuna sociala modelo estu klarigita. Â»

En marto 2007, okaze de 50-jariĝo de traktato de Romo, Angela Merkel kunvenigis en Berlino ĉiujn Ɲtatestrojn el EĆ­ropo kaj rememorigis antaĆ­ ili sian volon aldoni « socialan ĉapitron Â» al la eĆ­ropa konstitucio.

BedaĆ­rinde, Francio elektis Nicolas Sarkozy.

Kaj la nova prezidanto volis tre rapide fermi la eĆ­ropan dosierujon. Kvankam ĉiuj eĆ­ropaj partneroj estus dezirintaj preni sian tempon por pripensi kaj fini traktadon pri nova traktato nur en 2009, Nicolas Sarkozy postulis tujan konkludon. Sen preni tempon por diskuti. Je risko perdi historian okazon pliproksimigi EĆ­ropon al popolaj deziroj kaj al ekonomiaj kaj socialaj necesaÄ”oj de nia epoko.

La 20-an de junio 2007, sur la perono de palaco ElysĂ©e, Jacques Delors ne kaƝis siajn dubojn pri la eĆ­ropaj projektoj de la nova prezidanto :

Jacques Delors esprimas siajn dubojn pri la traktato de eĆ­ropa unio

Jacques Delors rediris al Nicolas Sarkozy siajn dubojn pri la konstitucia traktato.

« Mi rememorigis la punktojn, kiuj jam ekigis negativajn rimarkojn pri la projekto de konstitucio, eĉ se mi subtenis ĝin Â», deklaris la malnova prezidanto de eĆ­ropa komisiono post longa diskuto kun la franca prezidanto.

« Unue, necesas sociala ĉapitro por bone montri ke oni akordigas ekonomian efikecon, eĆ­ropan potencon kaj socialan justecon supren Â», diris Jacques Delors. « Due – mi pledas por tio de dek jaroj – necesas reekvilibrigo de ekonomio kun valuto interne de ekonomia kaj mona unio. Ili estas du esencaj punktoj. Â» 2

En 2007, Nicolas Sarkozy volis aĆ­skulti neniun : nek eĆ­ropajn sindikatojn, nek Angela Merkel, nek Romano Prodi, nek Jacques Delors
 La intraeĆ­ropa imposta kaj sociala dumpingo Ɲajnis tute ne interesi lin.

Du jarojn poste, tio estis fariĝinta fundamenta temo : Por « ke nova uzino ne foriru al ĈeÄ„io aĆ­ aliloke Â», Nicolas Sarkozy anoncis ke li neniigis la profesian takson kaj tiel senigis lokajn kolektivumojn je 18 miliardoj da monrimedoj. 18 miliardoj perditaj ĉiujare por kiom da (eble) savitaj postenoj ? 18 miliardoj, tio estas tre multekoste pagita ! Kaj se ĉeÄ„oj ankoraĆ­ reduktas sian nivelon de sociala ambicio kaj do sian impostadon, ĉu ni ankoraĆ­ reduktos niajn ?

Nicolas Sarkozy eraras. DaĆ­rigi alniveliĝon al la malplejproponanto estus katastrofa por ĉio. Male estigante reagon kaj plifortigante kunlaborajn kaj konverĝajn ilojn « supren Â», tiel ni eliros el la krizo.

En 2012, la eĆ­ropaj traktatoj estas denove reviziataj. Se ni vere volas eviti delokadojn al la ĉeÄ„a respubliko, se ni volas eviti ke redukto de salajroj en Germanio reduktu aktivecon en niaj uzinoj, nun ni devas agi. La solvo ne estas imiti dumpingon de iuj kaj de aliaj sed, male, kiel diris Ford, estas « doni al ni kolektivajn regulojn Â», kiuj devigos ĉiujn landojn konverĝi direkte al pli granda sociala progreso.

* * * * *

« Pro manko de volo,
pro nesufiĉo esti,
pro malkuraĝo, pro instinkto de submetiĝo,
Eƭropo estas submetiĝanta
por esti nur komerca spaco regata per liberalismo
kaj, politike, dominio de Usono
. Â»

Jacques Julliard - Le Nouvel Observateur - la 9-an de januaro 2003

Jacques Julliard rajtis en 2003 denunci malkuraĝon kaj mankon de volo de niaj elitoj, sed, en 1989, ne la regantaj elitoj faligis la muron. Se ni estus atendintaj interkonsenton inter registoj, la muro ankoraƭ starus. La popolo ja faligis ĝin. Estas nun, ja la popolo, kiu devas indiki la novan direkton al kiu devas iri la eƭropa konstruo.

 

La Popolo

En 1989, la popolo faligis la muron kaj la murfalo devigis eĆ­ropajn registojn tre rapide elekti inter du opcioj  : diluo-eksplodo aĆ­ reago. Ili elektis reagon, lanĉante iron direkte al unika valuto.

En Usono, estas ja la krizo de 1929, kiu ebligis federacian reagon (kreo de federacia imposto pri profitoj, leĝaro pri bankoj, New Deal, ktp.). La nuna krizo devas esti por Eƭropo, okazo de demokrata kaj sociala reago.

1 Vd. artikolon de StĂ©phane Hessel, Michel Rocard kaj Pierre Larrouturou en "Le Monde" de la 9-a de junio 2004.

2 Reuters, la 20-an de junio 2007.

Reklamo: Esperanto, samniveliga lingvo